Le chanteur et opposant sénégalais Youssou Ndour a été blessé à une jambe, mardi 21 février, lors de la dispersion d'une foule qui entendait participer à un rassemblement interdit par les autorités dans le centre-ville de Dakar, a affirmé son entourage. "Youssou Ndour a été blessé à la jambe gauche, il a été examiné par un médecin, mais il ne souhaite pas en faire une affaire d'Etat et nous ne commenterons pas plus cette information", a déclaré Charles Faye, conseiller en communication de son mouvement, Fekké Ma ci boolé ("Concernés").
M. Faye n'a pas souhaité préciser le type de projectile qui avait touché M. Ndour qui, a-t-il simplement indiqué, a été blessé "dans le feu de l'action" lors de la dispersion de la foule rassemblée sur une avenue menant à la place de l'Indépendance, dont l'accès était interdit par des policiers antiémeutes.
Les incidents ont éclaté mardi soir lorsque, juché sur le toit d'une voiture, Youssou Ndour, s'est approché très près d'un cordon de policiers antiémeutes sur l'avenue Georges-Pompidou, à quelques pas de la place de l'Indépendance. Des pierres sont alors parties de la foule qui entourait son véhicule en direction de la police, qui a riposté par des tirs de gaz lacrymogènes.
Youssou Ndour avait très rapidement quitté les lieux après le début de la dispersion par la police, au cours de laquelle au moins une personne, évacuée par des secouristes, a été blessée à la jambe, selon un journaliste présent sur l'avenue. Après la dispersion, des jeunes se sont éparpillés par petits groupes dans des rues adjacentes, y érigeant des barricades.
Près d'un millier de personnes étaient sur l'avenue Pompidou (anciennement William-Ponty) pour tenter d'accéder à la place de l'Indépendance, rassemblés autour de Youssou Ndour et de trois autres opposants et candidats à la présidentielle du 26 février, l'ex-premier ministre Idrissa Seck, l'ex-ministre des affaires étrangères Ibrahima Fall et le député et maire Cheikh Bamba Dièye. Pendant près de deux heures, les manifestants, face aux policiers, ont scandé des slogans et chanté des refrains d'une chanson hostile au président Abdoulaye Wade, également en lice et dont ils contestent la candidature, estimant qu'il doit quitter le pouvoir après deux mandats (élu en 2000, réélu en 2007). Avant la dispersion de la foule, Youssou Ndour, dont la candidature à la présidentielle a été rejetée par le Conseil constitutionnel, avait répété que M. Wade doit renoncer à se présenter.
Youssou Ndour, Idrissa Seck, Ibrahima Fall et Cheikh Bamba Dièye sont tous membres du Mouvement du 23-Juin (M23), coalition de partis d'opposition et d'organisations de la société civile qui réclame le retrait de la course de M. Wade. De précédents appels de cette coalition à se rassembler place de l'Indépendance ont entraîné des violences entre manifestants, en grande partie des jeunes qui tentaient de s'y rendre, et les forces de l'ordre. Depuis le 27 janvier, date de la validation de la candidature d'Abdoulaye Wade à la présidentielle – confirmée le 29 janvier après examen de recours –, les violences liées à la contestation de son nouveau mandat ont fait au total six morts, selon des sources concordantes.
http://www.lemonde.fr/afrique/artic...d-une-manifestation-a-dakar_1646584_3212.html