Certifiée halal
réalisé par Mahmoud Zemmouri
Certifiée halal vient grossir les rangs des comédies conçues comme des recettes (comprendre : additions d’ingrédients) censées faire rire, mais où la sauce ne prend jamais ; son réalisateur, Mahmoud Zemmouri, a plus de trente ans de métier dans la spécialité. Prenez deux mariages arrangés : l’un dans le milieu rural algérien, l’autre entre la Seine-Saint-Denis et le bled pour mater une fille de cité trop progressiste membre de l’association « Ni poules ni soumises » (sic) (pauvre Hafsia Herzi). Ajoutez une gourde de GHB pour trimballer la rebelle jusqu’au bled en toute tranquillité, mais faites tourner le produit, comme ça, juste parce que le résultat est censé être drôle. Faites se croiser les deux convois nuptiaux, et intervertissez les mariées puisqu’elles portent le même voile sur la tête. Mais surtout, surtout, pensez à charger le moindre personnage de tous les clichés truculents concernant le Maghreb, ses traditions patriarcales ancestrales, le sens des affaires qui là-bas fait calculer ce qu’on gagne ou perd dans un mariage, sans oublier les (nombreux) coups de sang proverbiaux. Au passage, si vous pouvez gratter quelques accents de conflit franco-algérien qui seront principalement des prétextes à vannes faciles sur le mode « l’Algérie c’est pas la France, liberté et laïcité on connaît pas », ce sera toujours ça de pris. Enfin, nappez le tout d’une musique orientalisante comme il faut, mais en la laissant parfois pasticher les airs de Morricone pour western-spaghetti histoire de bien confirmer qu’ici on fait dans la dérision.
Voilà, c’est prêt : vous obtenez une comédie vite faite mal faite et surtout pas à refaire, sans forme ni rythme, où l’humour consterne la plupart du temps, mais abrité sous une estampille artificielle « caricature des archaïsmes et de la marchandisation de la femme ». Car oui, quand un personnage s’éloigne des mimiques de clichés nord-africains, c’est pour ânonner un message d’émancipation de bon aloi, mais tout en demeurant, dans ce registre, aussi grossier et creux que tous les autres. Comment prendre au sérieux les prétentions d’un cinéaste à tourner en dérision le traitement des femmes comme des objets, quand lui-même traite ses personnages comme de grossières figurines tout juste bonnes à alimenter une machine à produire des gags piteux, des dialogues pittoresques et des vannes autosatisfaites [1] ? Malgré son titre, voilà une marchandise à l’état plus que douteux.
Critique: Certifiée halal, un film de Mahmoud Zemmouri [critikat.com]
de la m... enrobé de m.....