"Si, dans le monde occidental, l'accessoire semble ici être devenu la fonction principale, sinon même unique, c'est que la nature réelle du sacerdoce y est à peu prés complètement oubliée ; c'est là un des effets de la déviation moderne, négatrice de l'intellectualité, et qui, si elle n'a pu faire disparaître tout enseignement doctrinal, l'a du moins "minimisé" et rejeté au dernier plan. Qu'il n'en ait pas toujours été ainsi, le mot même de "clergé" en fournit la preuve, car, originairement, "clerc" ne signifie pas autre chose que "savant", et il s'oppose à "laïque", qui désigne l'homme du peuple, c'est-à-dire du "vulgaire", assimilé à l'ignorant ou au "profane", à qui on ne peut demander que de croire ce qu'il n'est pas capable de comprendre, parce que c'est là le seul moyen de le faire participer à la tradition dans la mesure de ses possibilités. Il est même curieux de noter que les gens qui, à notre époque, se font gloire de se dire "laïques", tout aussi bien que ceux qui se plaisent à s'intituler "agnostiques", et d'ailleurs ce sont souvent les mêmes, ne font en cela que se vanter de leur propre ignorance ; et, pour qu'ils ne se rendent pas compte que tel est le sens des étiquettes dont ils se parent, il faut que cette ignorance soit en effet bien grande et vraiment irrémédiable." Autorité spirituelle et pouvoir temporel, René Guenon.