Le poulet chloré américain va-t-il faire son retour dans les rayons des supermarchés européens ? C'est ce que souhaite Bruxelles qui a présenté hier un projet de règlement visant à autoriser. la désinfection au chlore des volailles dans l'Union. Une initiative désapprouvée par les Etats membres.
Pourquoi ne trouve-t-on plus en Europe, depuis 1997, de poulets en provenance des Etats-Unis ?
Parce que les producteurs américains utilisent une solution chlorée pour éliminer les bactéries, en particulier les salmonelles. Or, aucune substance chimique de décontamination microbienne n'est autorisée par l'Union pour les aliments d'origine animale. Les Européens privilégient les contrôles d'hygiène tout au long de la chaîne alimentaire. Des règles plus exigeantes et plus coûteuses destinées à respecter un niveau élevé de bien-être des animaux et à produire de la viande de volaille de qualité.
Ce traitement est-il dangereux ?
L'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a rendu, en avril, un avis prudent. Selon ses experts, «bien que ces substances soient utilisées depuis longtemps, il n'existe pas de données publiées indiquant qu'elles peuvent entraîner une tolérance bactérienne accrue à ces substances ou une résistance accrue aux antibiotiques thérapeutiques»«un approfondissement des recherches»«incapable de dire si elle tuait ou réduisait de manière efficace les bactéries sur les volailles»Quelles sont les motivations de la Commission européenne ?
Malgré les sifflets des unions de consommateurs, des agriculteurs et des écologistes, Bruxelles s'obstine. C'est qu'elle a promis aux Américains de faire avancer le dossier avant le sommet Europe-Etats-Unis de juin auquel doit assister George Bush. Les Américains ont fait de la commercialisation de leurs poulets en Europe un test pour juger de la volonté européenne de renforcer les liens commerciaux bilatéraux. Selon la chambre de commerce américaine, l'exportation de poulet pourrait représenter jusqu'à 117 millions d'euros par an.
Que dit le projet de règlement ?
Pour faire avaler le morceau aux Etats membres, le texte pose des garde-fous. Les volailles devront être rincées à l'eau potable et identifiées par un étiquetage pour informer les consommateurs. Le texte encadre l'utilisation des substances chimiques (concentration maximale, temps de contact avec les carcasses.) Enfin, l'autorisation de ces substances serait décidée pour deux ans, et de nouveaux avis scientifiques seraient demandés.
Les Etats membres peuvent-ils mettre en échec la Commission ?
Avant même que la Commission ne mette son texte sur la table, elle a dû essuyer un tir de barrage des Etats membres. La semaine dernière, 21 des 27 ministres de l'Agriculture se sont opposés à la levée de l'interdiction. La France, premier producteur européen de volailles, est déterminée. «Les Etats-Unis peuvent faire ce qu'ils veulent chez eux, mais les consommateurs européens ont d'autres exigences»,