L'astrophysiscien H. Reeves parle de "vouloir obscur"
"J'en suis venu à imaginer qu'entre l'hypothèse du hasard et celle du grand architecte(dieu), il y aurait une autre possibilité. Sa formulation me paraît respecter à la fois notre ignorance profonde des mystères de l'univers et la prudence du chat échaudé que nous éprouvons depuis les découvertes darwiniennes. Je l'ai trouvée chez
Claude Lévi-Strauss, dans ses considérations anthropologiques sur la structuration de la nature. Il parle d'un "vouloir obscur qui, au long de millions d'années et par des voies tortueuses et compliquées, sut assurer la pollinisation des orchidées grâce à des fenêtres transparentes laissant filtrer la lumière..." (
L'homme nu, C. Lévi-Strauss)
J'aime ce terme de "vouloir obscur" qui ne spécifie pas l'existence d'un sujet personnel (comme un horloger), ni même de sujet quelconque. Avec Levi-Strauss, on a l'impression de constater que "ça" veut dans l'univers, sans pouvoir savoir "qui" veut. Cette idée est, de plus, renforcée par le mot "obscur", qui caractérise ce vouloir. Cette idée va-t-elle plus loin que "l'élan vital" de Bergson ? Est-elle plus satisfaisante ? Elle a, en tout cas, pour moi, le mérite de suggérer la notion de l'existence d'une volonté extérieure à la nôtre."
Depuis toujours, l'astrophysicien Hubert Reeves se demande s'il y a un projet dans l'univers. Il partage avec nous ses réflexions philosophiques.
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