Fitra
Allah, Souria, Houria wa bass
salam,
est-il possible d'etre feministe et musulmane, surtout lorsque certains aspects de la Shariah et passages dans les livres sacres sont utilises pour justifier la subordination de la femme a l'homme?
je parle de (mais pas que):
- la citoyennete (identite passe du pere au fils)
- l'heritage
- 'frapper' sa femme
- temoignage d'une femme n'est pas egal a celui de l'homme!!!!
- etc
C'EST UNE QUESTION SERIEUSE!
Je suis musulmane, mais de plus en plus mal a l'aise avec certains precepts de notre religion.
Merci.
Salam aleykum,
Tu as mal compris l'islam, c'est pour ça. Il faut que tu lises les versets avec les sourates en entier, le contexte, le tafsir pour t'aider ...
1) La citoyenneté : en quoi l'islam s'oppose à la citoyenneté ? Les femmes musulmanes ne doivent même pas prendre le nom de leur mari, là j'avoue ne pas du tout comprendre à quoi tu fais allusion.
2)L'homme reçoit le double de l'héritage de la femme parce que la femme peut garder son argent pour elle et travailler alors que l'homme est obligé de subvenir aux besoins de la famille et de la femme. C'est une régle précise à comprendre dans ce contexte.
3) "Frapper" sa femme : le musulman n'a pas le droit de frapper sa femme et réciproquement. Le verset qui en parle tu dois le comprendre avec son tafsir, il y'a plusieurs explications différentes ^^
Je résume grossièrement :
A : Le verset dit qu'au lieu de frapper, tu dois parler, faire couche séparée, et ensuite, "frapper". Ca veut dire qu'au moment où le mec veut lever sa main pour frapper, il doit s'arrêter net, discuter, faire couche séparée, et puis seulement, "frapper" ! Bref, en aucun cas ce verset n'autorise à frapper ^^
B : Grammaticalement, "et frappez-les" ne veut même pas dire "bon maintenant tu peux y aller" non plus.
http://sajidine.com/famille/couple/coran_ordonne_frapper_femme.htm
Voila ce que disaient les savants musulmans il y'a très longtemps, bien avant nos sociétés "modernes".
Et voila l'explication grammaticale :
Est-ce que cela contredit le passage du Coran en question ? Si l'on a une bonne maîtrise du style coranique, on comprend très bien qu'il n'y a aucune contradiction ici. En effet, on se trouvait déjà dans une étape où le simple fait de lever le moindre doigt constituait un péché en soi. Et nous sommes passés de l'interdiction au verbe employé à l'impératif qui est "idriboûhounna": "Frappez-les."
Cet usage est connu en arabe sous l'appellation de "Al Amru ba'da ennahy" (l'ordre qui suit une interdiction). Que signifie ce genre d'emploi ? Je vais citer deux exemples dans le Coran qui permettent clairement de comprendre la règle ainsi que le style employés.
Le premier concerne le fait de chasser durant le pèlerinage. Le verset dit clairement :
"Ô vous qui avez cru, ne chassez pas en étant en état de sacralité."
(Sourate 5 / Verset 95)
Après cette interdiction, un verset révélé plus tard dit : (Traduction littérale)
"Une fois désacralisés, chassez !"
(Sourate 5 / Verset 2)
Nous nous trouvons ici dans une situation similaire : Nous étions dans un moment d'interdiction. Et lorsque ce moment fut achevé, le verbe "içtâdoû" ("Chassez !") a été employé à la forme impérative. Devons-nous en déduire qu'il s'agit ici d'un ordre ou d'une recommandation et, par conséquent, dès qu'on finit le pèlerinage, on va partir pour la chasse ?!
En tous les cas, aucun des savants musulmans ne l'a compris ainsi. D'ailleurs, aucun arabophone non plus ne le comprendra de cette façon. Tous ce qu'on peut déduire de cela est que durant l'Ihrâm (état de sacralité) la chasse était interdite et après, elle ne l'est plus, c'est à dire que si on chasse après la fin du Ihrâm, on ne commet plus de péché.
Et voici ce que disaient les savants musulmans bien avant notre époque "moderne" :
Que veut dire ce texte ? Incite-t-il a frapper l'épouse ou le conseille-t-il, étant donné que c'est d'une forme impérative qu'il s'agit ici ?
Et bien on ne l'a pas compris ainsi, et ce, à partir du contexte même dans lequel ce passage a été révélé, du style coranique et des Hadiths prophétiques qui traitent de la question.
En effet, le grand Imam Tâbi'î (de la génération qui suit celle des Compagnons du prophète 'Atâa, qui a une très grande renommée entre les savants et est un très grand interprète du Coran, affirme :
"Qu'il ne la frappe pas, même s'il lui donne un ordre et elle ne lui obéit pas!"
L'Imâm Ibn Al Arabi ., le grand juge Malékite, réplique en disant :
"Cela provient de la compréhension bien profonde de 'Atâa !"
Puis, il argumente cela, comme je vais le détailler un peu plus loin.
L'Imam Echâfi'î dit clairement dans "Kitâb Al Umm" (ses propos sont repris par Al Fakhr Ar-râzi dans son exégèse, le célèbre Tafsir Kabir") :
"Le fait de frapper est, dans ce cas extrême, autorisé mais le fait de ne pas la toucher est la meilleure solution!"
Et malgré mes nombreuses lectures, je ne suis tombé sur aucun savant ayant un poids chez les oulémas musulmans qui incite à frapper sa femme dans ce même cas extrême.
Bien au contraire j'ai même lu chez Al Âlûssi ., dans son "Roûh Al Ma'âni", ainsi que chez Eç-çâboûni dans ses "Ahkâmou al Qourân", l'accord entre les savants sur le fait que ne pas frapper dans ce cas est la meilleure solution et le meilleur exemple.
C : Il y'a aussi des explications linguistiques, comme quoi "dribuhunna" qu'on traduit par "frappez-les" ne veut pas dire ça, car la langue arabe est très riche. De même pour ce qu'on traduit par "(dés)obéissent (à leur maris)" ou "les hommes ont autorité", ce sont des mauvaises traductions avérées, dans les Qur'an en anglais, ce n'est pas comme ça.
4) Pour le témoignage, déjà c'était dans un domaine bien particulier uniquement (juste les transactions), et sans doute parce qu'à l'époque, les femmes n'étaient en général pas versées dans e genre d'affaires :
http://www.islamophile.org/spip/La-position-de-l-Islam-quant-au.html
Une interprétation possible de cette requête relative à un type particulier de témoignage est que dans beaucoup de sociétés, anciennes et actuelles, la femme n’est généralement pas très impliquée ni très expérimentée dans les transactions commerciales. Ainsi, elle n’est pas toujours très compétente dans ce domaine. Par conséquent, la corroboration du témoignage de la femme par une autre femme assure l’exactitude, et de là, la justice. Il serait déraisonnable d’interpréter cette requête comme un reflet de la valeur du témoignage féminin. En effet, il s’agit là de l’unique exception se distinguant dans le texte coranique. C’est également une des raisons pour lesquelles un grand savant comme At-Tabarî ne put trouver aucune preuve dans aucun texte primaire (Coran ou hadith) pour exclure la femme de quelque chose de bien plus important que le témoignage, à savoir : parvenir au poste de juge devant entendre et évaluer les témoignages des autres.
Je te conseille de lire ce site : http://www.asma-lamrabet.com/
Quand tu connaîtras mieux les principes de ta religion, tu verras que le féminisme est une néceissté islamique lorsque les hommes déforment l'islam pour asservir les femmes. Le site que je t'ai donné, c'est celui d'Asma Lamrabet, une femme musulmane marocaine, médecin, qui est passé par le féminisme à l'occidentale avant de voir que l'islam n'avait rien de patriarcal et d'oeuvrer pour qu'il soit mieux compris, et comme de nombreuses musulmanes, elle cherchent dans le Qur'an et les hadith les moyens de défendre les femmes musulmanes contre ls déformations machistes de la religion d'Allah.