L’Islam n’est pas un dîn (religion) qui s’intéresse uniquement à une dimension de l’être humain. L’Islam ne se focalise pas non plus sur certaines parties de l’existence de l’Homme, en ignorant d’autres. Au contraire, il prend en considération aussi bien l’âme (et tout ce qui s’y rapporte) que le corps matériel (et l’ensemble de ses facultés et ses besoins)… On trouve ainsi dans les sources musulmanes des directives en rapport avec la vie privée et la vie en société, mais aussi des orientations concernant la relation qui doit unir l’Homme à Son Créateur et aux autres créatures qui l’entourent. Le Prophète Mouhammad (Paix et bénédiction d’Allah soient sur lui) a transmis un enseignement on ne peut plus complet à ses Compagnons (radhia Allâhou ‘anhoum), et par leur intermédiaire, à l’Humanité entière.
Nous savons par ailleurs que la faculté la plus importante de l’être humain, celle qui le distingue des autres animaux, est l’intelligence. Alors que l’animal n’agit qu’en fonction de ce que lui dicte son instinct, l’action de l’Homme, elle, résulte d’une démarche bien plus complexe et structurée : en effet, ce n’est qu’après avoir observé, obtenu des informations et analysé ces dernières qu’il agit…. C’est justement son intelligence et sa raison qui guide ses actions.
Pour le musulman, la question qui se pose naturellement est de savoir ce que disent ses références (qui, comme indiqué plus haut, s’intéresse à l’ensemble de sa personne) par rapport à cette faculté spécifique de l’Homme ?…
A ce sujet, il faut savoir que, comme sur bien d’autres points, l’Islam manifeste ici encore sa particularité : ce dîn n’oppose pas l’attachement à la religion à la reconnaissance du rôle essentiel de l’intellect humain; il propose au contraire de concilier la raison et la foi, et ce, en mettant en valeur leur complémentarité (comme le souligne le célèbre savant musulman Al-Ghazâli (rahimahoullâh) dans son célèbre « Revivification des Sciences Religieuses »).
Entre ceux qui condamnent de façon systématique toute forme de rationalité et ceux qui soutiennent que la foi et l’appartenance à une religion constituent un frein au développement intellectuel et au progrès (deux attitudes encore très répandues dans nos sociétés modernes et qui sont le fruit de plusieurs siècles de conflits (parfois très violents) ayant opposé les partisans de l’autonomie de la raison (qui refusaient toute soumission envers une quelconque entité suprême) aux adeptes de certaines religions (qui, eux, étaient enfermés dans un dogmatisme obscur)), le musulman est guidé vers la voie du juste milieux par le Saint Qour’aane qui énonce :
« Il y a certes dans la création des cieux et de la terre, dans la succession des nuits et des jours des signes pour ceux qui sont doués d’intelligence. »
(Sourate 3 – Verset 190)
En d’autres mots, pour le musulman, l’observation attentive et « intelligente » des divers éléments de la création est un moyen pour raffermir son îmân (conviction en Dieu) : sa foi est ainsi éclairée par les lumières de sa raison et nourrie par le fruit de sa réflexion…