Salam,
Non la France n'a en théorie pas à s'en mêler. Mais tu peux étayer, dans quel pays ça a toujours existé des imamettes (si je puis me permettre) ?
Wa 'alaykum salam
Peu importe qu'il y en ait toujours eu ou pas....l'important est de savoir si cela serait interdit. Or, en islam, ce qui n'est pas interdit est possible.
Est-il besoin de rappeler que dans l'islam sunnite, l'imam est celui qui dirige la prière. Souvent autoproclamé, il doit cependant bénéficier de l'assentiment d'un nombre suffisamment grand de membres de sa communauté pour pouvoir exercer.
Concrètement, le Coran ne dit rien sur la question de l'imamat - aucun verset, en particulier, n'interdit à une femme de conduire la prière.
En dehors du texte coranique, le Prophète -salallah alayhi wa salam- autorisa bel et bien une femme à diriger la prière : Oum Waraqa . Originaire de Médine, cette femme pieuse, qui connaissait le Coran par coeur, faisait partie des Sahaba, ses fidèles les plus proches.
Néanmoins, ce
hadith ne dit pas si Oum Waraqa dirigeait la prière de femmes uniquement - comme ont pu le faire Aïcha et Oum Salama, épouses du Prophète - ou d'une assemblée mixte d'hommes et de femmes.
Toujours est-il que le cas d'Oum Waraqa a permis à trois des quatre écoles de droit musulman sunnite d'autoriser l'imamat féminin pour les assemblées de femmes.
Certains exégètes, tels Ibn Roshdi ( XIIe) ou Ibn Arabi (XIIIe), vont même plus loin, en permettant l'imamat complet des femmes dans des groupes mixtes :
selon eux, rien ne prouve qu'Oum Waraqa prêchait exclusivement aux personnes de son sexe.
Et de rappeler un autre
hadith du Prophète -salallah alayhi wa salam - :
« Prenez pour imam celui d'entre vous qui connaît le mieux le Coran. »
Or, une femme peut être tout aussi experte qu'un homme en sciences religieuses.
Bien qu'il n'y ait donc pas consensus parmi les théologiens pour autoriser, ou non, les femmes à diriger la prière, les sources historiques documentent quelques cas au fil des siècles. En particulier celui de Fatima bint Abbas (dite Oum Zaynab) au XIVe siècle : ayant assisté à l'un des prêches de cette femme savante, même le très austère Ibn Taymiyya - théologien qui est devenu l'une des références majeures du courant wahhabo-salafiste contemporain - ne tarissait pas d'éloges à son égard.
À partir du XIXe siècle, le phénomène des femmes imams a pris davantage d'ampleur. Des imames officient désormais de la Chine aux États-Unis (en particulier la célèbre Amina Wadud, figure de proue du féminisme musulman), en passant par l'Allemagne ou la Scandinavie (avec la Danoise Sherin Khakan).