Le hadith d’oummou Waraqa
Abou Daoud, ad-Daraqoutni, al-Bayhaqi et d’autres rapportent d’après Oummou Waraqa, que le Messager de Dieu (saws) lui rendait visite chez elle. Il lui désigna un muezzin, et lui ordonna de diriger (pour la prière)
les membres de son foyer (ahla dariha).
Pour bien comprendre ce hadith, il est nécessaire de citer les autres versions :
Abou Daoud rapporte d’après al-Walid ibn Joumay’, d’après ‘Abd ar-Rahman ibn Khallad, d’après Oummou Waraqa, selon les termes suivants : «
Le Messager de Dieu (saws) lui rendait visite chez elle. Il lui désigna un muezzin et lui ordonna de diriger les membres de son foyer ». ‘Abd ar-Rahman dit : « J’ai vu son muezzin qui était un homme âgé ».
Ad-Daraqoutni rapporte d’après al-Walid ibn Joumay’, d’après sa mère, d’après Oummou Waraqa, que le Messager de Dieu (saws) lui a autorisée qu’on lui fasse l’appel à la prière et l’iqama, et
qu’elle guide les femmes de chez elle ».
Ad-Darqoutni et al-Bayhaqi rapportent d’après al-Walid ibn Joumay’ qui dit : «
Ma grand-mère m’a rapporté d’après Oummou Waraqa , qui guidait la prière, que le Messager de Dieu (saws) lui avait autorisée qu’on appelle à la Prière pour elle et qu’elle dirige les membres de son foyer ».
Abou Daoud rapporte qu’al-Walid ibn ‘Abdillah ibn Joumay’ dit : « Ma grand-mère et ‘Abd ar-Rahman ibn Khallad m’ont rapporté d’après Oummou Waraqa, qui avait appris le Coran, qu’elle demanda au Prophète (saws) l’autorisation d’avoir un muezzin chez elle. Le Prophète (saws) lui autorisa ceci ».
Al-Hakim et al-Bayhaqi rapportent d’après al-Walid ibn Joumay’ d’après Layla bint Malik et ‘Abd ar-Rahman ibn Khallad, d’après Oummou Waraqa, que Le Messager de Dieu (saws) ordonna qu’on appelle à la prière pour elle, qu’on lui fasse l’iqama, et qu’elle dirige les membres de son foyer pendant les prières obligatoires.
L’authenticité du Hadith
Tout d’abord, il importe de rappeler que ce hadith avec toutes ses versions est fortement discutable d’un point de vue authenticité. Ibn ‘Abd al-Barr l’a jugé faible dans
al-isti’ab, de même qu’Ibn Hajar dans
al-Isaba. Al-Baji dit dans
al-mountaqa sharh al-mouwatta : « On ne doit pas compter sur ce hadith ». En effet, toutes les versions tournent autour de deux narrateurs fortement critiqués : al-Walid ibn ‘Abdillah ibn Joumay’ et ‘Abd ar-Rahman ibn Khallad.
Ceci dit, d’autres savants l’ont authentifié comme Ibn Khouzayma et parmi les contemporains, al-Albani qui le juge « hassan » (bon).
A supposer que ce hadith soit authentique, à aucun moment, selon toutes ces versions, il n’indique qu’Oummou Waraqa dirigeait des hommes derrière elle, et encore moins à la mosquée. De plus, les seuls hommes présents chez elle étaient ce muezzin, un homme âgé, et un esclave (qui a fini par assassiner Oummou Waraqa). Ahmed ibn ‘Abd ar-Rahman al-Banna dit dans
al-fath ar-rabbani tartib mousnad al-imam Ahmed ash-shaybani (5/234) : «
Le hadith d’Oummou Waraqa n’est pas explicite quant au fait que le muezzin et l’esclave priaient derrière elle. Il est probable que le muezzin faisait l’appel à la Prière, puis allait à la mosquée pour prier, ainsi que l’esclave. Elle dirigeait uniquement les femmes qui se trouvaient chez elle. Ceci est confirmé par ce qu’a rapporté ad-Daraqoutni d’après Oummou Waraqa, à savoir, que le Messager de Dieu (saws) lui a autorisé qu’on appelle à la Prière pour elle, qu’on lui fasse al-iqama, et qu’elle dirige les femmes de chez elle ».