Intervention de François Hollande – Motion de censure – mardi 8 avril 2008
Monsieur le Premier ministre,
L’opposition ne manquait pas de raisons pour mettre en cause aujourd’hui la responsabilité de votre gouvernement. Les Français nous avaient précédé d’une certaine façon à l’occasion des élections municipales et cantonales. Et leurs motivations rejoignaient les nôtres.
L’échec de votre politique économique, l’erreur du paquet fiscal, la dérive préoccupante des déficits, le plan de rigueur dont vous n’osez même pas prononcer le nom, la réforme de l’Etat aussi improvisée qu’injuste et surtout les manquements répétés à votre engagement de campagne sur le pouvoir d’achat… Autant de sujets qui expliquent, 1 an après votre accession à la direction du pays, la perte de confiance qui s’est installée chez nos concitoyens et les profondes inquiétudes qu’ils nourrissent à l’égard de votre politique.
Et pourtant, nous avons voulu placer notre débat de censure sur les graves décisions que le Président de la République vient de prendre à l’occasion du sommet de l’OTAN à Bucarest , aussi bien sur l’engagement de nos forces en Afghanistan que sur le retour de la France dans le commandement intégré de l’OTAN.
Chacun au-delà de sa sensibilité politique, ne peut nier l’importance de ces choix , les changements d’orientation qu’ils annoncent. Chacun mesure leur portée sur notre politique étrangère et sur notre stratégie de défense.
Il ne s’agit pas d’une inflexion ou d’une accélération, et encore moins d’une affaire de circonstance. Il s’agit bien d’une double rupture : rupture dans l’usage de nos forces en Afghanistan ; rupture dans le consensus sur l’OTAN établi dans notre pays depuis 1966.
Dans toute démocratie digne de ce nom, de tels arbitrages auraient été rendus après un vaste débat public et un vote solennel du Parlement.
Au lieu de cela, c’est à Londres , devant le Parlement britannique, que le Chef de l’Etat a révélé l’envoi de renforts en Afghanistan et c’est à Bucarest que Nicolas Sarkozy a confirmé la réintégration de notre pays dans les structures militaires de l’OTAN.
Certes, vous avez daigné mardi dernier –sous la pression de l’opposition mais aussi du Président de cette Assemblée- organiser une information du Parlement. (Vous avez condescendu à y prendre vous-mêmes la parole, après avoir songé à n’y envoyer que votre Ministre de la Défense). Mais, vous avez refusé de conclure ce débat par un vote, alors que rien dans la Constitution ne vous interdisait de le faire. Cette désinvolture à l’égard du Parlement pourrait justifier à elle seule la motion de censure. Mais elle présente aujourd’hui un autre sens. Celui de la clarté .
Elle permettra de savoir qui, au sein de cette Assemblée, approuve ou désapprouve le changement dans l’engagement de nos forces en Afghanistan et le retour de la France dans le commandement intégré de l’OTAN.
Au terme de ce débat, des responsabilités auront été prises. Chacun, quel que soit son vote, aura à en répondre. Et pas seulement pour les prochains jours, mais pour les prochaines années. Car les décisions qui sont en cause auront des prolongements, sur l’utilisation et la sécurité de nos soldats et, plus largement, sur la place de la France dans le monde.
Le vote en faveur de cette motion de censure affirmera une conception commune de la France , fondée sur sa responsabilité internationale dans le règlement des conflits internationaux, sur la solidarité à l’égard de ses alliés, mais aussi sur l’indépendance de ses choix.
C’est cette conception qui a permis, au-delà des majorités politiques ou des Présidents successifs, de rassembler les Français sur les grandes orientations de notre politique étrangère et qui a permis à notre pays d’être respectés par la communauté internationale. Et c’est cette conception qui nous paraît mise en cause par les décisions du Président de la République....................................
Intervention complète dans le lien
http://discours.parti-socialiste.fr...ollande-motion-de-censure-mardi-8-avril-2008/
Intervention de Francois Hollande
Motion de censure
Assemblée nationale
mardi 8 avril 2008