La dgse mise en cause dans une affaire de racket

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Un homme d’affaires franco-suisse, en litige financier avec l’agence de renseignement, accuse des espions français d’avoir tenté de lui extorquer 15 millions d’euros.

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Alain Duménil accuse les services secrets français de tentative de racket
L'homme d’affaires franco-suisse, en litige financier avec l’agence de renseignement, accuse des espions français d’avoir tenté de lui extorquer 15 millions d’euros
L’histoire recèle tous les ingrédients d’une curieuse affaire d’Etat, au point de remonter jusqu’à Matignon. Mardi 17 janvier, le parquet de Bobigny a été saisi d’une plainte avec constitution de partie civile visant la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE). Déposée par Alain Duménil, riche homme d’affaires franco-suisse de 67 ans et actionnaire majoritaire du quotidien économique romand L’Agefi, elle évoque des faits de «détention et séquestration» et de «tentative d’extorsion en bande organisée», sur fond de lourdes pertes subies par l’agence de renseignement dans des placements financiers.

Le plaignant, en litige financier avec la DGSE depuis plusieurs années, affirme avoir été victime, en mars 2016, d’une tentative de racket, puis menacé par des représentants des services secrets, dûment missionnés, dans un poste de police de l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle. Donc sur le territoire français, où la DGSE est censée ne jamais intervenir.

L’enquête préliminaire, déclenchée par le parquet à la suite d’une première plainte, a conforté les graves accusations d’Alain Duménil. Cependant, les enquêteurs se sont heurtés au mur du secret-défense, incitant le parquet à classer la procédure sans suite, en novembre 2016. Alain Duménil s’est donc constitué partie civile, par l’intermédiaire de son avocat Me Nicolas Huc-Morel, afin d’obtenir la désignation d’un juge d’instruction.

«Celui qui me parlait m’a répondu: «Je suis l’Etat"»
Cette histoire rocambolesque débute le samedi 12 mars 2016 au terminal 2F de l’aéroport de Roissy. A la tête d’un groupe international employant 1600 personnes et œuvrant aussi bien dans le prêt-à-porter de luxe que l’immobilier ou l’aéronautique, Alain Duménil, qui s’apprête à s’envoler pour Genève en compagnie d’une amie avocate, est intercepté sur la passerelle par deux hommes de la Police aux frontières (PAF). Les deux policiers lui affirment qu’il a été victime d’une usurpation d’identité et le prient de le suivre. Alain Duménil s’exécute mais, une fois dans les locaux de la PAF, il se voit contraint d’attendre dans une pièce l’arrivée de deux personnes supposées lui expliquer la vraie raison de son interpellation.

Stupéfait, l’homme d’affaires, qui va manquer son vol, voit surgir deux hommes en civil, armés, disant être mandatés par «l’Etat français». Selon son récit aux enquêteurs, l’un des deux hommes se positionne devant la porte afin de l’empêcher de s’enfuir tandis que l’autre lui lance: «Attention, tout ce que je vais déclarer, il ne faut en parler à personne, pas même à la personne qui vous accompagne.» Et l’inconnu de poursuivre: «En 2003, vous avez volé l’Etat de 13 millions, ce qui fait aujourd’hui, avec les intérêts, 15 millions. Il faut nous les rendre et je vais vous donner la procédure à suivre.» Et l’homme de livrer le nom d’un avocat à qui l’argent devra être versé.

+ sur https://www.letemps.ch/monde/2017/0...se-services-secrets-francais-tentative-racket

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Alain Duménil, accusé par les services secrets extérieurs d'avoir fait fondre leur trésor de guerre, assure avoir été menacé par deux agents. Il a porté plainte.

L'affaire n'aurait jamais dû éclater au grand jour. Si les résultats de la société France Luxury Group – dans laquelle avait investi la Direction générale des services extérieurs – avaient été florissants, le grand public n'aurait jamais su que nos espions disposaient depuis l'après-guerre d'un magot qu'ils faisaient fructifier. Et que certains de leurs agents étaient prêts à s'affranchir de leur légendaire discrétion pour récupérer leur mise, estimée à 25 millions d'euros.

Mais la déconfiture financière de la société dans laquelle ils avaient placé leur argent les a, semble-t-il, poussés à sortir du bois. Comme l'a révélé Le Monde , deux agents auraient ainsi mis la pression sur l'entrepreneur Alain Duménil, gestionnaire malgré lui d'une partie de la cagnotte secrète depuis qu'il avait repris France Luxury Group et ses marques de luxe, Emmanuelle Khanh ou Jean-Louis Scherrer, en 2002. Un guet-apens digne d'un roman d'espionnage qui a conduit l'homme d'affaires franco-suisse à déposer le 17 janvier une plainte pour « détention et séquestration », et « tentative d'extorsion en bande organisée » avec constitution de partie civile.



Passager d'une importance capitale

« Je me souviens que c'était le lundi 7 mars 2016. J'ai été approché par des sous-officiers de la DGSE [la Direction générale des services extérieurs, NDLR] sur une pratique assez habituelle dans le monde du renseignement, témoigne Patrice Bonhaume, le directeur de la police des airs et des frontières de Roissy, entendu dans le cadre des investigations de l'IGPN, la police des polices. On a mis en place un dispositif pour pouvoir contrôler M. Alain Duménil, qui partait pour la Suisse le 12 mars 2016. La DGSE m'a présenté le cas de ce passager comme étant d'une importance capitale pour eux », explique le commissaire selon son PV d'audition, que Le Point.fr a pu consulter.

Le jour J, l'homme d'affaires est effectivement intercepté sur la passerelle d'embarquement par plusieurs policiers en uniforme, sous prétexte que son passeport a été falsifié. Il raconte avoir été conduit dans une petite salle de 2 mètres sur 2, et avoir été séparé de l'amie avocate qui l'accompagnait. « La porte s'est ouverte et deux personnes de sexe masculin en tenue civile sont entrées dans la pièce. L'un des deux a pris la parole et a déclaré : En 2003, vous avez volé l'État de treize millions, ce qui fait aujourd'hui, avec les intérêts, quinze millions. Il faut nous les rendre et je vais vous donner la procédure à suivre . »

Soudaine marche arrière
Qui sont ces deux interlocuteurs mystères ? À en croire l'entrepreneur, l'un des agents aurait refusé de lui montrer sa carte professionnelle et aurait commencé à le menacer. « J'ai vu qu'il avait entre les mains un porte-vue qu'il a ouvert, montrant de nombreuses photos, essentiellement de ma famille et de moi-même avec des amis. Il l'a refermé tout de suite. »

(...)
Manipulation frauduleuse ayant lésé l'État français
Ce dernier est depuis des années en conflit judiciaire avec Alain Duménil, qu'il accuse d'avoir dissimulé des informations sur la santé de la société. Un conflit classique entre actionnaires qui n'intéresserait personne si les services secrets n'y étaient pas mêlés. Mais la présence d'un service d'espionnage au capital en fait une affaire d'État, comme l'atteste cette note du 6 juillet 2016 à la directrice de l'IGPN, Marie-France Monéger. On peut y lire, sous la plume de Bernard Bajolet, patron de la DGSE : « Le 12 mars 2016, à l'aéroport Roissy Charles-de-Gaulle, le Service a mené un entretien avec M. Alain Duménil. Cet entretien s'inscrit dans le cadre des missions du Service relevant du secret de la défense nationale. »

L'affaire ayant été rendue publique par l'article du Monde daté du 24 janvier dernier, la défense s'organise du côté de la Piscine, surnom donné au siège de la DGSE. Dans un communiqué transmis à Reuters, le service rappelle qu'« Alain Duménil est un affairiste international et un délinquant qui a déjà été condamné en France ». Et précise que « l'intéressé a été mis en examen au mois de novembre 2016 au sujet d'une manipulation frauduleuse ayant lésé l'État français. C'est dans ce contexte que la DGSE avait souhaité s'entretenir avec lui le 12 mars 2016 à l'occasion d'un de ses passages en France, entretien au cours duquel le service dément avoir exercé la moindre menace, séquestration ou tentative d'extorsion à son encontre.
+ sur http://www.lepoint.fr/societe/l-hom...C#xtor=EPR-6-[Newsletter-Mi-journee]-20170125

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