Libye : des blessés de guerre chanceux s’envolent pour des soins à l’étranger
dimanche 30 octobre 2011, par La Rédaction
Blessé à la jambe par un obus alors qu’il combattait les hommes de Mouammar Kadhafi, Mohammed est mieux loti que la grande majorité de ses camarades : il sera soigné aux Etats-Unis quand des milliers d’autres devront se contenter des hôpitaux libyens, sous-équipés.
"Je suis content d’aller aux Etats-Unis pour être soigné parce que le système de santé ici est mauvais", dit le combattant de 21 ans, originaire de Misrata, alors qu’il embarque samedi soir pour Boston.
Le petit groupe de 25 blessés dont il fait partie est le dernier à avoir bénéficié du fonds mis en place par les nouvelles autorités libyennes, qui ont pris en charge l’évacuation et les soins à l’étranger de 3.000 combattants pour quelque 150 millions de dollars.
Ce sont les avoirs gelés du régime Kadhafi qui ont financé ces transferts. Quelque 2.000 combattants ont été emmenés en Tunisie, tandis que d’autres ont été envoyés en Allemagne, en Grande-Bretagne, en France, en Autriche, au Portugal, en Turquie ou en Jordanie.
Ce fonds "s’engage à payer tous les frais d’hospitalisation et les dépenses médicales des victimes de guerre à l’étranger. Nous donnerons autant qu’il faudra pour une bonne prise en charge car leur bien-être est la priorité numéro un de tous les Libyens", assure Chihab al-Borai, son directeur adjoint.
Mais si 3.000 blessés ont pu bénéficier de ce programme, beaucoup plus encore, peut-être des dizaines de milliers, doivent se contenter des hôpitaux libyens délabrés ou peu équipés.
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"J’ai entendu que le CNT allait débloquer un milliard pour les blessés. Mais je ne sais pas où va cet argent. Pour l’instant, je ne le vois pas", lance de son côté Aladdin al-Tiga, un humanitaire de 25 ans qui collecte des fonds pour les blessés.
Pour Ahmed Jibril, qui seconde le ministre des Anciens combattants et des Martyrs au sein du nouveau pouvoir, le problème vient des infrastructures vétustes héritées de l’ère Kadhafi et du manque de personnel.
"L’état de nos hôpitaux pose problème, de même que la question des infirmières. Toutes nos équipes étaient étrangères et elles ont fui à cause du conflit. Elles ne sont toujours pas de retour, alors que nous avons besoin d’elles maintenant", souligne-t-il.
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