Pour en revenir sur la question de pourquoi ces torche-lucs de Daesh, pardon "magazines" :
Daech : Dabiq et Dar-al-Islam, des outils de propagande parfaitement maîtrisés
Parmi le flot de propagande de Daech, les « magazines » Dabiq et Dar-al-Islam tiennent une place à part. Destinés à un public occidental, ils ont pour objectif principal le recrutement. Décryptage.
Le septième numéro de
Dar-al-Islam, le magazine de l'État islamique en français, est consacré aux attentats du 13 novembre à Paris et Saint-Denis. La une est glaçante: on y voit le célèbre cliché du photographe Benjamin Filarski représentant deux policiers dans les bras l'un de l'autre, avec cette mention: «La France à genoux». «Pauvre France. Elle finit l'année comme elle l'a commencée: dans les larmes et le sang», écrivent les auteurs dans leur «édito», en insistant sur le thème des «représailles».
Maîtrise des codes occidentaux, information ciblée, contenus variés et «accrochés» à l'actualité... L'État islamique a massivement recours à ces méthodes de propagande à travers notamment ses journaux
Dabiq et
Dar-al-Islam. Objectif: recruter.
• Quel est l'impact des magazines de Daech?
Dès les débuts de Daech, quand celui-ci s'appelait encore EEIL et ne s'étendait qu'en Irak, il existait une cellule de communication, appelée al-Furqan Media, qui diffusait de la propagande en arabe. Celle-ci existe toujours, et diffuse l'écrasante majorité des contenus de Daech. Mais très vite est apparu al-Hayat Media, une branche de communication spécialisée dans la traduction de la propagande à destination des combattants ou des sympathisants de Daech à l'étranger. Aujourd'hui, elle publie des revues en version française (
Dar-al-Islam), anglaise (
Dabiq), mais aussi turque et russe, ainsi que des chants djihadistes en bengali.
Dans le détail,
Dabiq est plus épais et fourni que
Dar-al-Islam, et présente plus d'«exclusivités». Le retour d'Abbaoud en Syrie ou la manière dont l'avion russe a explosé au-dessus du Sinaï le 31 octobre ont par exemple été révélés dans
Dabiq.
Dar-al-Islam contient souvent des traductions de
Dabiq.
«Tous les djihadistes pro-EI les lisent», assure David Thomson, journaliste à
RFI spécialiste du djihad. «C'est l'une des voix officielles de l'EI. Tout ce qui est écrit a été validé par la haute hiérarchie. Ce n'est juste le fait d'une poignée de petits combattants libres d'écrire ce qu'ils veulent. C'est pensé, réfléchi et validé par les grands émirs de l'EI», analyse le journaliste.
• Qui les écrit?
«Ces magazines ressemblent à des pastiches des hebdomadaires occidentaux, avec interviews exclusives, rubriques, témoignages, reportages photos», explique Mathieu Slama, expert en communication. Les contenus, bourrés de fautes d'orthographe dans les premiers numéros, s'améliorent formellement, montrant que les djihadistes recourent de plus en plus à des professionnels.
Selon un article du
Washington Post très fouillé sur la question, les responsables média de l'Etat islamique sont traités comme des «émirs», au même rang que leurs équivalents militaires. «Ils dirigent des centaines de vidéastes, producteurs, et éditeurs qui forment un classe privilégiée et professionnelle, avec un statut, des salaires et des conditions de vie au-dessus des combattants ordinaires». Selon David Thomson, les auteurs de
Dar-al-Islam sont «un groupe de Français basés en Syrie, qui anime la branche française d'Al Hayat».
John Cantlie, le journaliste britannique retenu en otage par Daech, a écrit plusieurs articles dans
Dabiq. Dans le numéro 6, il a ainsi signé une page sur la monnaie de l'État islamique, où il prédisait l'effondrement du dollar et la nécessité de retourner à l'or. Il a été fait prisonnier en même temps que James Foley, qui a été décapité. On ne sait s'il doit son salut à sa conversion à l'islam où à l'utilité dont il fait preuve. Il a fait son retour dans le numéro 12 de
Dabiq, consacré aux attentats de Paris. On le voit, vêtu d'une combinaison jaune, en train d'écrire, et de relire les épreuves de
Dabiq.
• Quel objectif?
Le premier numéro de
Dar al-islam est sorti il y a un an, en décembre 2014. Titré «L'État islamique étend son territoire», ce numéro insistait sur l'importance de la hijra, soit l'émigration en «terre d'islam» («Dar-al-Islam», qui est le titre du magazine). L'enjeu était de pousser les musulmans français à la «hijra vers le califat».
«L'objectif principal de ces magazines, c'est le recrutement. Ils ciblent les pays les plus stratégiques à l'international: les pays francophones (France, Belgique, pays d'Afrique), la Russie, la Turquie», résume l'expert en communication Mathieu Slama.
Dans sa propagande, l'EI offre une deuxième option à ses affiliés: s'il leur est impossible de partir pour le califat, alors ils doivent commettre des attentats dans leur pays. Ces deux options sont martelées dans tous les numéros de
Dar-al-Islam.
• Quels sont les thèmes abordés?
Pour encourager les musulmans à faire leur hijra vers le «califat», plusieurs thèmes sont mis en avant dans les magazines, destinés à convaincre un public occidental tenté par le djihad.
» La mise en avant de l'Etat islamique
«L'état islamique est un état véritable, en pleine croissance», écrit John Cantlie (on ne sait pas si c'est sous la contrainte) dans le dernier numéro de
Dabiq. L'idée principale est de montrer que Daech est un État à part entière, avec ses infrastructures, ses services publics, ses responsables. Que l'ordre règne, et qu'il fait bon vivre sous le ciel de Mossoul ou de Raqqa. Ainsi, une bonne partie des pages mettent en avant des qualités propres à un véritable état: hôpitaux, agriculture, collecte de l'impôt, écoles, sécurité. Les enfants sont particulièrement mis en avant.
» L'exhibition de la violence
Les nazis et les communistes, et tous les régimes sanglants cherchaient en général à dissimuler la violence. Dans la propagande de Daech, celle-ci est mise en avant: décapitations, torture, amputations, sans cesse justifiées par les textes, extraits de hadiths du Coran. Dans un des numéros de
Dabiq, Daech se vantait, photos à l'appui, de l‘esclavage de femmes Yazidies, dont plusieurs experts occidentaux doutaient. Une surenchère de la violence qui répond à l'exigence de se démarquer dans un univers médiatique mondialisé.
» Apocalypse et prophéties
Un troisième thème abordé systématiquement est celui de l'aspect prophétique du califat. La pensée apocalyptique est centrale dans la propagande de Daech. Comme l'avait souligné Jean Baudrillard (dans
L'esprit du terrorisme), le terrorisme déplace la guerre sur le terrain symbolique, l'idée qu'il faut attaquer des symboles avant de s'en prendre aux puissances. La culture des symboles, de l'ésotérisme et des prophéties est omniprésente. Il s'agit de montrer que l'établissement du califat est une étape dans l'Apocalypse et que tous les musulmans doivent y participer.
Ainsi, le nom «Dabiq» vient d'une ville dans le nord de la Syrie, où selon l'eschatologie islamique doit se produire l'affrontement final lors de l'Apocalypse. «L'EI accorde une importance cruciale à la ville syrienne de Dabiq, près d'Alep. Il a nommé son magazine de propagande d'après elle et il a organisé de folles célébrations après avoir conquis (non sans mal) les plaines de Dabiq, qui sont inutiles d'un point de vue stratégique. C'est ici, aurait déclaré le Prophète, que les armées de Rome installeront leur camp. Les armées de l'islam les y affronteront et Dabiq sera pour Rome l'équivalent de Waterloo», peut-on lire dans la grande enquête «Ce que veut vraiment l'Etat islamique» publiée par
The Atlantic et traduite par
Courrier international.
http://www.lefigaro.fr/actualite-fr...tils-de-propagande-parfaitement-maitrises.php
Je réitère : c'est pas à nous, rompus à la pub, au marketing et autres sornettes qu'on va faire prendre des vessies pour des ampoules LED ! Non mais !!!!