L’Algérie renonce à l’hypocrisie vis-à-vis d’Israël
Un député algérien a révélé devant l’Assemblée populaire nationale algérienne (APN) ce qu’il qualifie de scandale lié à l’importation de matériel made in Israël. L’Algérie étant un pays politiquement très verrouillé, il ne fait aucun doute que les fuites ont été organisées par les autorités elles-mêmes.
Sonelgaz, entreprise nationale de gaz et d’électricité, a en effet acquis une série de vannes de contrôles dans le cadre du projet de la nouvelle centrale électrique de Boutlelis dans la ville d’Oran. Le ministre algérien de l’Énergie, Mustapha Guitouni, a dû s’expliquer ce 25 janvier devant l’APN sur ce commerce avec un pays qu’officiellement l’Algérie ne reconnaît pas et a nié, sans conviction, les relations commerciales.
Il a confirmé que l’Algérie «est parmi les rares pays au monde à n’avoir pas établi de relations avec Israël»
mais il a tenté de donner plus de précisions sur le processus d’acheminement des vannes israéliennes. Il était difficile d’ignorer l’origine du matériel mais le ministre algérien s’est défendu en précisant que les vannes avaient été importées par une société franco-américaine.
Normalement, les pièces devaient être acheminées depuis l’Espagne mais
«par erreur», elles ont été envoyées directement d’Israël. Il est difficile de croire à cette argutie de la part de grands pays.
Quelques jours seulement ont suffi à Sonelgaz pour identifier l’origine du matériel estampé «made in Israël». La société nationale d’électricité et de gaz a dit avoir déposé plainte contre la société franco-américaine Cegelec/General Electric, qui lui a fourni ce matériel.
Le groupe public algérien explique que «dans le cadre de la réalisation de la centrale électrique de Boutlelis (Oran) d’une capacité de 450 MW, du matériel a été importé par le consortium Cegelec/General Electric». Mais lors des formalités de vérifications de ce matériel par la société d’engineering CEEG (filiale de Sonelgaz), qui est en charge de la réalisation du projet en tant que maître d’œuvre, les services de cette filiale ont découvert que parmi le matériel importé, comportant des milliers de composants, un de ces composants (vannes de déluge) comportait la mention «made in Israël».
Interpellé, le consortium «a ainsi reconnu officiellement sa responsabilité de l’introduction de ce matériel par mégarde». Mais, pour se protéger politiquement, Sonelgaz a voulu faire preuve de zèle en informant les services de douanes.
Le député Lakhdar Benkhelaf a exigé une commission d’enquête et a transmis l’affaire à la justice algérienne. On ne comprend pas cet acharnement à refuser des échanges pacifiques qui permettent aux hommes de mieux se connaître et mieux se comprendre.
Les Algériens veulent être plus palestiniens que les Palestiniens en se donnant l’image de parfaits défenseurs de leur cause que beaucoup de pays arabes ont depuis longtemps renoncé à intégrer dans leur politique internationale.
Au moment où seul compte le combat contre l’islamisme radical dont a souffert en premier l’Algérie dans les années 1990, alors toutes les autres luttes politiques sont secondaires.
Cette affaire n’est pas nouvelle car ce n’est la première fois que l’Algérie importe du matériel israélien. Seulement d’ordinaire elle est plus prudente car elle prend la précaution d’en modifier la provenance. Il n’est aussi un secret pour personne qu’elle fournit à Israël son gaz via un pays du Moyen-Orient.
En 1999, alors qu’il venait d’être élu président, Abdelaziz Bouteflika avait fait sa profession de foi vis-à-vis de ce commerce : «Si j’ai un malade qui agonise à la maison, que j’ai besoin d’un médicament, que tous les pharmaciens sont fermés à part l’israélien, je ne sais pas ce que vous faites mais moi, j’achète». Personne n’est dupe que l’Algérie recherche l’efficacité qui lui impose des transactions commerciales avec l’État juif.