La découverte d’une fiche de police de 1924 réactive le mythe des origines juives de Hitler
Publié par
La Rédaction | 25 avril 2009 |
Analyse & décryptage,
Histoire
Le numéro de mars 2009 du mensuel Sciences et Avenir a consacré un
dossier aux Archives nationales. On y apprend la découverte, parmi les trésors que recèle la fameuse « armoire de fer », de la fiche signalétique d’Adolf Hitler, établie par les Renseignements Généraux français en 1924. La France venait de commencer à occuper la Ruhr et Hitler, alors petit agitateur d’extrême droite (le « Mussolini allemand » peut-on lire sur la fiche), venait d’être jeté en cellule à la suite du putsch raté de la Brasserie de Munich.
La photographie de cette fiche, reproduite dans le magazine, suscite un trouble justifié. Sous le nom de « Hitler » sont en effet inscrits deux prénoms : « Adolphe » et « Jacob » ! La rédaction de Sciences et Avenir a
confirmé l’authenticité de cette fiche, reconnaissant ignorer « à partir de quelles informations ces renseignements ont été établis ».
Sciences et Avenir omet toutefois de préciser que la fiche de renseignements en question contient également deux erreurs grossières concernant l’état civil de Hitler. Celui-ci n’est pas né en 1880, comme il est écrit sur la fiche, mais en 1889. Il n’est pas non plus né à Passau (ville de Bavière où il a vécu avec sa famille de 1892 à 1894), mais à Braunau am Inn, en Autriche. Ce qui devrait inciter à la plus grande prudence quant au crédit qu’il convient d’accorder à ces « informations ».
Le fait est qu’aucun historien n’a jamais mentionné l’existence d’un second prénom de Hitler. A tout le moins, Sciences et Avenir n’a pas cherché à confronter ce document avec
l’acte de naissance ou d’autres papiers d’identité du Fürher qui, jusqu’à preuve du contraire, ne contiennent qu’un seul prénom : Adolf.
Le
mythe des origines juives de Hitler, puisque c’est bien cela que suggère
le deuxième prénom porté sur la fiche, a alimenté toute une rhétorique antisémite voulant que celui qui a exterminé les Juifs d’Europe soit lui-même Juif. A cet égard, on peut relever que le rédacteur de cette fiche de police n’était peut-être pas exempt de toute arrière-pensée lorsqu’il écrivait, au sujet de Hitler : « Ne serait que l’instrument de puissances supérieures ». De quelle « puissances supérieures » autres que celles de la haine et de la bêtise l’officier des RG qui a rédigé cette fiche voulait-il donc parler ?