"HOMME AUGMENTE OU HUMANITE AUGMENTEE"
Vous savez certainement que les grandes firmes comme Google, Apple et même Monsanto ont investi la Silicon Valley pour mener des recherches très pointues en vue de modifier l'homme de demain, capable de défier le temps et même la mort. S'appuyant sur les nanotechnologies, la biologie, l'informatique et les sciences cognitives (NBIC), ils souhaitent créer un homme artificiel, immortel et affranchi des servitudes de la matière.
La médecine se contentait de réparer le psychisme ou les corps blessés, le transhumanisme a pour but de créer un homme aux organes beaucoup plus performants, aux cellules régénérescentes et aux gènes apprivoisés. Cette charmante perspective ne sera possible qu'au prix d'une ségrégation de l'humanité en deux parties : d'un côté les riches et les puissants qui auront accès à une technologie poussée, de l'autre les populations pauvres invariablement soumises à la misère et à la mort. Il ne leur restera qu'à louer ou vendre leur ventre, leurs tissus ou leurs organes comme on le voit déjà avec la GPA des femmes pauvres de l'Inde, qui vendent leur rein aux riches américains du nord afin de nourrir leurs enfants.
Ces techno-prophètes veulent aussi modifier le patrimoine génétique en vue d'établir une lignée de surhommes. Emmanuelle CHARPENTIER, grande scientifique française, qui a mis au point très récemment la technique de transformation du génome nommée CRISPR-Cas9, dénonce au nom de l'éthique cette utilisation de sa découverte pour modifier génétiquement les cellules sexuelles. Car on se rend bien compte que c'est le triomphe de l'eugénisme qui sera plus terrible encore que celui qui a fait florès dans les idéologies du 20e siècle. Voilà ce que dit Francis Crick, le célèbre prix Nobel : "Aucun enfant nouveau-né ne devrait être reconnu humain avant d'avoir passé un certain nombre de tests portant sur sa dotation génétique... S'il ne réussit pas ces tests, il perd son droit à la vie".
Cet eugénisme a déjà commencé avec les enfants trisomiques éliminés avant la naissance comme des déchets humains et qui n'ont plus leur place dans notre société sans miséricorde. Ces personnes m'ont pourtant ouvert à un profond surcroît d'humanité quand, jadis, je les soignais.
Quand le Fils de Dieu est venu habiter notre condition humaine, il ne l'a pas fait comme un surhomme invulnérable et méprisant. Il en a assumé les limites et la finitude pour la transfigurer d'un amour infini. Car il nous a appris notre véritable vocation : l'homme n'est pas une mécanique chimique qui peut s'améliorer sans limite mais le réceptacle d'un amour sans mesure qui, seul, peut le transfigurer.