ça confirme ça !
Pour des raisons qui demeurent ignorées, le mois du Ramadan constitue, par excellence, une période propice à la prostitution. Reportage.
Les ardeurs des joyeux lurons ne disparaissent pas pendant les autres mois de lannée. Mais pendant le mois de Ramadan, elles augmentent tant et si bien que lon pourrait, sans trop exagérer, qualifier cette période de saison des rencontres sexuellement intensives.
La ville de Casablanca en un léchantillon des plus significatifs. Et cest lincontournable boulevard Mohamed V qui est au cur de lévénement, notamment le tronçon entre le rond-point Shell et le Marché central. Idem au croisement rue Mustapha Lemâani et boulevard 11 janvier. Dès les environs de vingt heures, les deux rives du boulevard sont envahies par des prostituées. Elles disparaissent et réapparaissent à une vitesse extraordinaire, jouant au cache-cache avec les éventuelles rafles de police et de la brigade des murs. Connaissant toutes les ruelles, les recoins et les détours du secteur, elles poursuivent leur activité sur ce rythme, ne se faisant prendre que très rarement. La scène du contact et les palabres entre la femme de joie et son client sont repérables à vue dil, même sils sont attablés dans un café. Il nen faut pas plus de quelques minutes pour que le marché soit conclu ou, dans le cas contraire, le présumé client sen va poursuivre sa chasse ailleurs. Si lentente seffectue, la prostituée prend la direction du lieu prévu, donnant des coups dil furtifs à gauche et à droite. La vigilance demeure de mise même après que le filet est plein. Elle part la première talonnée par le client, qui aura assez de temps pour mieux contempler sa prise avant darriver à lhôtel de passe qui se trouve également dans les parages. Ils ne marchent jamais côte à côte, cest la règle absolue. Le prix varie entre 100 et 150 dh la passe, selon les circonstances « sécuritaires » et la dimension de loffre. Les clients de ce genre de contact sont la plupart du temps des « étrangers » par rapport à la ville de Casablanca. On trouve parmi eux, des maçons qui vivent dans leur chantier de travail, loin de leurs familles, des quinquagénaires, des marchands ambulants et quelques amateurs de lacte rapide. Tout cela est classique. Paradoxalement, ce genre dactivité décuple dampleur pendant le mois de Ramadan.
Lactivité est intense. Devant un tel spectacle, penser que cest une soirée du mois sacré semble irréel. Lautre revers concerne la prostitution moderne. Après le Ftour, des voitures commencent à sillonner les rues de la ville, aux quartiers populaires comme au centre ville et jusquà la corniche. Pour cette catégorie, la prise est quasi assurée. A moins que la voiture soit du genre repoussant, on ne met généralement pas plus dun quart dheure pour trouver lâme sur. Pour ce genre de dragueurs, les prostituées professionnelles, celles qui font ça toute lannée, sont à éviter. La préférence va vers des amatrices occasionnelles, qui pratiquent durant Ramadan.
Pratiquement toutes les ruelles mal éclairées, les zones périphériques et sombres, sont privilégiées par les chasseurs automobilistes de plaisir.. Ce nest que vers minuit que lintensité est réduite et que tout redevient normal. Laspect le plus révélateur de la ruée ramadanienne vers le plaisir est lacharnement sur les douches publiques dans les quartiers populaires, qui connaissent une prospérité sans égal par rapport à tout le reste de lannée. Après le plaisir, cest le retour vers la vertu et la purification en attendant que la nature humaine reprenne le dessus.
Par : Mohamed BENKHALLOUK