C'est une objection moderne. Les anciens n'étaient pas troublés par ce genre de considérations. C'est dans les derniers siècles seulement qu'on a trouvé embarrassant que des athées soient condamnés pour le simple "péché" d'avoir refusé de croire. Pendant longtemps, les athées, hérétiques, Juifs et païens étaient très méprisés et pourchassés. On trouvait même normal de les tuer "physiquement" si ça pouvait sauver leur "âme éternelle". Pour nous, ça nous paraîtrait tordu de penser comme ça, mais pour eux, c'était une pensée noble et "altruiste" (du moins ils le justifiaient ainsi).
Les sociétés anciennes étaient hiérarchiques. Il y avait pas le concept d'égalité démocratique (et même de nos jours, cette égalité est pas toujours très bien appliquée). Tuer le roi était le pire crime imaginable. Donc c'était facile pour les gens de faire une analogie avec Dieu, dans la position de roi de l'univers, à qui il fallait se soumettre docilement. Résister à Dieu était un crime abominable, un crime de lèse-majesté, sans parler du fait que cette résistance revenait implicitement à questionner le pouvoir du roi humain et du clergé, car c'est la religion qui légitimait leur pouvoir et leurs privilèges.
Quant aux douleurs physiques, les brûlures du feu, encore là cela ne paraît pas avoir beaucoup préoccupé les anciens. Dans le monde moderne, on est devenu plus sensibles et on a changé un peu notre perception du bien et du mal, de sorte que les idées des livres sacrés nous paraissent parfois inacceptables. Il y a des théologiens qui ont réinterprété de tels livres pour n'avoir pas à croire en des choses trop insupportables. Il y a ceux qui disent que les peines de l'enfer sont spirituelles (comme être privé de la présence de Dieu), et non des tortures physiques, comme celles imaginées au Moyen Âge. Il y en a qui disent que tous seront sauvés. D'autres qui disent que les méchants seront anéantis, et que les élus seuls survivront. Dans cette perspective, le feu de l'enfer est une sorte de feu qui détruit littéralement les personnes, c'est-à-dire les réduit à néant, et non un feu qui brûlerait en faisant mal sans détruire. Certains disent aussi que les souffrances de l'enfer sont choisies librement par des pécheurs endurcis, qui préfèrent souffrir en enfer que d'être en présence de Dieu. Ils ne sont pas "jetés" en enfer, ils y vont eux-mêmes de leur plein gré. Ce genre d'interprétation prend beaucoup de libertés avec les textes.