Le terme coranique hûr est le pluriel de ahwar, pluriel mixte qui désigne aussi bien des femmes que des hommes aux beaux yeux noirs, métonymie signifiant donc qu’ils sont d’une beauté pure. De plus, sur les quatre mentions du mot hûr dans le Coran, trois forment une expression composée : hûr ‘în, où le mot ‘în, pluriel de a‘yan et ‘aynâ’, qualifie déjà celui qui a une grande prunelle noire de telle sorte qu’en cette expression coranique le mot hûr connote préférentiellement la notion de pureté. La traduction rigoureuse de l’expression hûr ‘în sera donc : des êtres purs aux yeux d’une grande beauté, et pour l’usage isolé de hûr en S55.V72 : des êtres purs.
« Ils seront accoudés sur des divans alignés et Nous les unirons [wa zawwajnâ-hum] à des Pures aux yeux d’une grande beauté [bi-hûri ‘în] » S52.V20, et : « Ils revêtiront des habits de fine soie et de brocart, se faisant face ; ainsi, et Nous les unirons à des Pures aux yeux d’une grande beauté », S44.V54. Ces deux versets sont sans ambigüité à condition d’y bien comprendre le sens du verbe unir mis pour l’arabe zawwâja. En effet, lorsqu’il est lié à la particule « bi », [bi-hûrin] ce verbe signifie uniquement joindre deux choses ou deux personnes pour en faire une paire, un couple. De fait, le verbe zawwâja prend le sens de accoupler par le mariage seulement lorsqu’il est employé avec la préposition « min », l’on imaginerait l’incongruité de la chose puisque Dieu est ici le sujet du verbe zawwâja ! Aussi, en cette scène deux fois répétée, les « houris » ne sont-elles que les compagnes des hôtes du Paradis et, plus encore, le verbe zawwâja suppose qu’elles sont leurs équivalents ou symétriques, c'est-à-dire elles aussi les hôtes du Paradis et non pas des créatures paradisiaques.
« Parmi elles, de nobles élues de vertueuse beauté […] des Pures [hûrun], retirées sous les tentes. », S55.V70-72. Le terme « élues », khayrât, attire notre attention, car ce pluriel est ici souvent traduit par vertueuses ou bonnes, mais s’agissant de qualifier une créature du Paradis, soit cela ne fait pas sens – le Paradis n’étant pas censé receler des êtres impurs et/ou mauvais – soit il s’agit d’un truisme ! Or, la racine khara d’où dérive l’adjectif khayr [khayrât en est le féminin pluriel] signifie obtenir ce qui est bon, favorable, mais aussi surpasser en qualité, choisir ce qui est de meilleur. Par ailleurs, l’Arabe utilise l’adjectif khayr en lieu et place du superlatif akhyar, de telle sorte qu’il n’y a aucune difficulté à comprendre que par khayrât l’on puisse désigner les femmes élues du Paradis, d’où notre : « élues ».
Le Coran fournit la preuve formelle de cette compréhension, puisque le v70 : « Parmi elles, de nobles élues de vertueuse beauté » commence par « Parmi elles [fî-hinna]», indication précieuse que les commentateurs et les traductions à leur suite occultent plus ou moins efficacement. En effet, fî-hinna signifie littéralement « en [fî] elles [hinna] », c'est-à-dire « parmi elles », le pronom hinna qualifiant préférentiellement le féminin pluriel d’êtres vivants.