Aigleloyal
VIB
Je partage ci-dessous un article intéressant sur la situation inconfortable des musulmans de France.
« Les musulmans de France ordinaires, ceux qui sont amarrés à la République, en prennent plein la figure alors qu’il faudrait les conforter »
Par Philippe Bernard
Les musulmans de France sont pris en otage entre, d’un côté, les pressions des islamistes et des indigénistes et, de l’autre, les agressions de l’extrême droite, estime dans sa chronique Philippe Bernard, éditorialiste au « Monde ».
Chronique.
« Heureux comme un musulman en France ». Il faut du courage, par les temps qui courent, pour transposer aux musulmans du XXIe siècle l’expression yiddish « Heureux comme Dieu en France » célébrant l’émancipation des juifs par la Révolution française. La dizaine d’intellectuels musulmans qui ont osé la formule dans Le Monde ont sans doute exprimé tout haut ce que nombre de Français de confession ou de culture musulmanes pensent tout bas à un moment où, une fois encore, le terrorisme les prend en otages dans une guerre planétaire. Reste à entendre leurs voix et à avancer concrètement vers cette promesse d’une portée immense pour la société française, mais aussi pour le statut de l’islam dans le monde.
On le sait pourtant : nombre de jeunes musulmans se distinguent par des choix qui défient le vivre-ensemble. Ainsi, 45 % des moins de 25 ans considèrent que l’islam est « incompatible avec les valeurs de la société française » (sondage IFOP pour Charlie Hebdo d’août 2020). L’assassinat de Samuel Paty comme les attaques de Nice mettent tragiquement en lumière l’influence des campagnes djihadistes internationales sur des soldats perdus, sans doute isolés, mais présents au cœur de la société française.
Il faut lire dans la revue Esprit le témoignage bouleversant de Muriel Domenach, consule générale à Istanbul entre 2013 et 2016, chargée de gérer les départs et retours de jeunes Français partis faire le djihad en Syrie via la Turquie, pour garder en mémoire l’attrait irrépressible de cette idéologie mortifère auprès d’adolescents de nos villes. Terrassée par « un sentiment de lourde défaite », la diplomate reste marquée par le souvenir d’avoir été prise « entre la haine que nous inspirions, et celle que nous ressentions ».
Des rapports variés avec la foi
La France peut donc évoquer le bonheur à la majorité des musulmans et inspirer la haine à une minorité d’autres. L’urgence est donc autant à la vigilance contre les forces qui rêvent de désintégrer la République, qu’à l’écoute de ceux pour qui la France doit rester ce pays de sérénité où des musulmans choisissent de s’établir depuis des lustres. S’alarmer des dérives d’une minorité agissante ne doit pas empêcher d’adresser des signes de considération à la vaste majorité silencieuse, celle des musulmans de France qui, à 70 %, estiment que « la laïcité [leur] permet de pratiquer librement leur religion ». Rester lucide sur le péril islamiste ne doit pas faire oublier que les musulmans, comme les autres composantes de la société, entretiennent des rapports variés avec la foi.
Sur les 4 à 5 millions de personnes de culture musulmane (environ 8 % de la population) que compte la France, environ un tiers ne met jamais les pieds dans une mosquée, un autre tiers n’y va que pour les fêtes, tandis qu’un troisième tiers s’y rend au moins une fois par semaine.
[... ]
« Les musulmans de France ordinaires, ceux qui sont amarrés à la République, en prennent plein la figure alors qu’il faudrait les conforter »
Par Philippe Bernard
Les musulmans de France sont pris en otage entre, d’un côté, les pressions des islamistes et des indigénistes et, de l’autre, les agressions de l’extrême droite, estime dans sa chronique Philippe Bernard, éditorialiste au « Monde ».
Chronique.
« Heureux comme un musulman en France ». Il faut du courage, par les temps qui courent, pour transposer aux musulmans du XXIe siècle l’expression yiddish « Heureux comme Dieu en France » célébrant l’émancipation des juifs par la Révolution française. La dizaine d’intellectuels musulmans qui ont osé la formule dans Le Monde ont sans doute exprimé tout haut ce que nombre de Français de confession ou de culture musulmanes pensent tout bas à un moment où, une fois encore, le terrorisme les prend en otages dans une guerre planétaire. Reste à entendre leurs voix et à avancer concrètement vers cette promesse d’une portée immense pour la société française, mais aussi pour le statut de l’islam dans le monde.
On le sait pourtant : nombre de jeunes musulmans se distinguent par des choix qui défient le vivre-ensemble. Ainsi, 45 % des moins de 25 ans considèrent que l’islam est « incompatible avec les valeurs de la société française » (sondage IFOP pour Charlie Hebdo d’août 2020). L’assassinat de Samuel Paty comme les attaques de Nice mettent tragiquement en lumière l’influence des campagnes djihadistes internationales sur des soldats perdus, sans doute isolés, mais présents au cœur de la société française.
Il faut lire dans la revue Esprit le témoignage bouleversant de Muriel Domenach, consule générale à Istanbul entre 2013 et 2016, chargée de gérer les départs et retours de jeunes Français partis faire le djihad en Syrie via la Turquie, pour garder en mémoire l’attrait irrépressible de cette idéologie mortifère auprès d’adolescents de nos villes. Terrassée par « un sentiment de lourde défaite », la diplomate reste marquée par le souvenir d’avoir été prise « entre la haine que nous inspirions, et celle que nous ressentions ».
Des rapports variés avec la foi
La France peut donc évoquer le bonheur à la majorité des musulmans et inspirer la haine à une minorité d’autres. L’urgence est donc autant à la vigilance contre les forces qui rêvent de désintégrer la République, qu’à l’écoute de ceux pour qui la France doit rester ce pays de sérénité où des musulmans choisissent de s’établir depuis des lustres. S’alarmer des dérives d’une minorité agissante ne doit pas empêcher d’adresser des signes de considération à la vaste majorité silencieuse, celle des musulmans de France qui, à 70 %, estiment que « la laïcité [leur] permet de pratiquer librement leur religion ». Rester lucide sur le péril islamiste ne doit pas faire oublier que les musulmans, comme les autres composantes de la société, entretiennent des rapports variés avec la foi.
Sur les 4 à 5 millions de personnes de culture musulmane (environ 8 % de la population) que compte la France, environ un tiers ne met jamais les pieds dans une mosquée, un autre tiers n’y va que pour les fêtes, tandis qu’un troisième tiers s’y rend au moins une fois par semaine.
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