Elles ont à peine six ans que la vie commence à les marquer de fer, que leur destin se déchaîne contre elles. Elles ont à peine six ans qu’on vient voler leur enfance parce que….elles ne sont pas supposées en avoir.
A six ans on est encore enfant, on a encore envie de jouer à la poupée, de s’imaginer princesse, de construire des châteaux de sable……..et de rêver... mais pas pour elles. Leurs rêves sont écourtés par une réalité plus dure que la douceur d’une pensée innocente d’enfant. Cette petite lueur dans les yeux de tous les enfants n’a pas trouvé place dans les yeux des petites bonnes qui ne peuvent exprimer que le désespoir, la résignation et de l’incompréhension.
A six ans, elle gardent un bébé, lui donne à manger, change ses couches, le porte lorsqu’ils pleure et joue avec lui car ‘c’est important que l’enfant joue pour s’épanouir’, et lui achète des bonbons dont elle a tant envie mais qu’elle sait très bien qu’elle n’a pas le droit d’y goutter.
A six ans, elle fais le ménage, lave la vaisselle, fais la lessive, range la maison, passe la serpillière, fais les courses le bébé sur le dos et prépare à manger.
A six ans, elle fait ce qu’on lui dit de faire, sans mot, sans contestation et sans se plaindre. « n3am lalla» est son mot d’ordre, la cuisine est sa place parfois même pour y dormir et y manger ce qui reste des repas de ses maîtres.
A six ans elle est ramenée de la compagne, car à six ans on est encore docile et façonnable. A six ans on ne coûte rien si ce n’est les quelques centaines de dirhams d’investissement par mois. C’est peu comparé au prix de la machine à laver, le lave vaisselle, l’aspirateur, la garderie et les repas surgelés.
A six ans ça commence………A six ans elles pleurent leurs parents… A 7 ans elles pleurent leurs villages……. A 8 ans, elles pleurent leurs rêves……. A 9 ans elles pleurent leurs destins…. A 10 ans, elles pleurent leur enfance………………A 15 ans elles se rendent compte qu’on a volé leur innocence…….. A 20ans, elles sont ce qu’elles ont toujours été : des bonnes, mais dont personne n’en veut car elles n’ont plus six ans.
Mesdames, au moment où l’on célèbre la journée de la femme, avec ce qui a été achevé et ce qui reste encore à faire, ayez une petite pensée pour ces petites bonnes. On a longtemps dénoncé l’injustice des hommes, mais cette fois-ci les bourreaux sont des femmes, les victimes sont aussi des femmes, des filles et souvent des enfants.