Les bani 3amer que tu cite sont des amazigh
« Les Béni Amer, qui occupaient en 1830 une vaste zone située au sud de la Sebkha d'Oran, englobant leTessala et les plaines d'Aïn Temouchent et de la Mekerra, étaient Algériens depuis le XIIe siècle. Rameau des Arabes zoghbiens, ils avaient quitté le désert égyptien sur l'injonction des Fatimides pour participer à la grande migration des Béni Hillal qui allait submerger peu à peu tout le Maghreb. On peut suivre leur cheminement d'est en ouest : Tripolitaine, 1050; Ifrikyia, 1055. Il leur faudra plus de deux siècles pour atteindre le sud oranais. Au début du XIIIe siècle on les trouve, en compagnie d'autres Arabes, les Béni Yazid, nomadisant du Mzab en hiver, au Hamza en été, sans dépasser à l'ouest le Nahr Ouassel et à l'est le Zahrez . Ils sont alors formés de trois grands groupes : Béni Yacoub, Béni Yazid et Chaffaï.
Le glissement vers l'ouest se poursuit et ils se fixent un temps autour du Djebel Amour au milieu d'une confédération nomade berbère, d'origine zenata, les Béni Badin.
vers le milieu du XIIIe siècle, Yarmoracen, le chef des Abd el Wadides, fait appel aux Béni Amer qu'il connaît bien. Il les installe dans le «désert de Tlemcen», probablement dans la région dite des Angad. Pendant une trentaine d'années la confédération va servir assez loyalement Yarmoracen. Les guerriers rejoignent les contingents Abd el Wadides lors des expéditions guerrières ou aident à la levée de l'impôt, tandis que le reste des tribus nomadise au sud des hauts-plateaux, poussant parfois des pointes vers la plaine du Hamza où les Béni Amer ont conservé des attaches.
Il semble que Yarmoracen se soit bien gardé de leur assigner des terres dans le tell, soit sous forme d'iq'ta, sorte de fiefs accordés aux chefs, soit autrement. Et même son pouvoir s'étant, sinon consolidé, du moins raffermi, il n'hésita pas, vers la fin de son règne, à mettre fin à l'alliance jugée trop dangereuse avec les Béni Amer. Une partie de ceux-ci, les Béni Yacoub, fut contrainte de regagner le Hamza. Les autres, groupés autour des Béni Hamid retournèrent au désert.
Mais ce refus d'utiliser les Arabes diminuait aussi la force du makhzen Abd el- Wadide et le successeur de Yarmoracen se vit bloqué huit années durant, dans Tlemcen (1297-1304) par le Mérinide. .
Ce siège allait matérialiser la division en deux çofs des Béni Amer jusque là relativement unis. En effet les Béni Yacoub qui n'avaient pas oublié les mauvais procédés d'Yarmoracen à leur égard, firent des offres de service à l'assiégeant. Les Abd el Wadides ne purent dans ces conditions que recourir, pour survivre, à l'appui du çof Béni Amer opposé aux Béni Yacoub, à savoir les Béni Hamid.
Pendant toute la première moitié du XIVe siècle, ces deux tribus sœurs ne cesseront de se combattre pour le compte d'autrui. On aurait tort cependant de croire que cette guerre intestine ait affaibli l'ensemble des Béni Amer, au contraire. Chaque parti fait chèrement payer son concours et les changements de camps qui ponctuent les années sont toujours profitables. Après la prise de TIemcen en 1337, la quasi totalité de la confédération se retrouve sous la bannière des Béni Merin, à l'exception du cheikh Chiger et de ses proches, dont la fidélité aux Abd el Wadides sera tenue à l'époque pour une sorte d'excentricité. En revanche, après le désastre de Kairouan (1348) subi par l'armée mérinide, les Béni Amer se regroupent dans le makhzen abd el wadide, à l'exception d'une fraction de Béni Yacoub trop compromise; quatre ans après (1352), les Mérinides prennent leur revanche et Chiger, resté seul fidèle, doit fuir dans le désert.
Mais à partir de 1359, le rôle essentiel qu'ils vont jouer dans le rétablissement d'Abou Hamou Moussa II sur le trône de TIemcen et dans l'écrasement de la révolte d'Abou Zian de 1365, leur livrera tout le plat pays : «Dès lors, la puissance des Arabes se fit sentir de nouveau... s'étant établis dans les parties du tell que le gouvernement zenatien ne pouvait plus défendre, ils entrèrent dans le Maghreb central par tous les défilés que l'on avait laissés sans garde et s'avancèrent dans l'intérieur de la province, mais graduellement, lentement, comme l'ombre que projette le soleil... » (17). Les Béni Amer pour leur part, occuperont alors la plaine de la M'leta jusqu'aux abords d'Oran et le Tessala. Seules Souk El Mitou et Mazouna leur échappent : «Du reste son gouvernement (du sultan Abou Hamou) abandonna aux Béni Amer tout le plat pays et il s'en fallut de bien peu qu'ils ne s'emparassent aussi des grandes villes » (18).
Pendant toute cette période, les tribus Béni Amer vivent en complète indépendance. L'investiture que le sultan de Tlemcen accorde à leurs cheikhs, qui sont aussi chefs des contingents du makhzen, n'est qu'une formalité protocolaire, quoiqu'elle lui permette de s'immiscer dans les querelles intertribales. Cette investiture s'accompagne de la délivrance ou de la confirmation des iq'ta.
Il semble qu'à partir de ce moment les contingents Béni Amer se soient presque entièrement substitués aux contingents Abd el Wadides dans le contrôle et la défense des provinces. »
(17) Ibn Khaldoun, op. cit., t. 1, p. 100.
(18) Ibn Khaldoun, op. cit., 1. 1, p. 101 .