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Oui tu pourrais en citer quelque uns pour en voir l'ampleur
OK : dans le cadre de l'intégration et de la "mixité sociale", mon association organise des sorties un peu partout : nous bossons en collaboration avec les espaces de quartiers.
Le bus est pris en charge par la mairie et les voyages sont subventionnés par le conseil général, parfois le ministère des sports et de la culture, qui attribue 100 par enfant.
Déjà on se rend compte que les dossiers des familles d'origine maghrébine passent "comme une lettre à la poste", sans vérification de ressources et sont remplis par les assistantes.
Pour les "blancs" c'est un peu plus compliqué : ils doivent souvent de démerder pour remplir leur dossier et on leur demande plus de paperasse.
Bon, on peut dire que c'est cool et que ça permet aux enfants des cités de voir autre chose. Les familles sont à 90% d'origine maghrébine (dont la moitié n'a pas la nationalité Française) et cela semble être une bonne chose pour l'intégration.
D'un autre coté, on s'occupe aussi de personnes en grande difficulté : actuellement, on s'occupe d'un gars - un blanc - entrepreneur dans le bâtiment qui a subit la crise de plein fouet. Il a tout perdu et est harcelé par sa banque, les huissiers des impôts (pour la TVA et la taxe prof.) et du RSI.
Il loue un studio minable (avec 2 mois de loyer en retard) , humide et a juste un lit : pas de télé, ni frigo, ni gazinière.
Ces derniers temps, il ne faisait que 3 repas par semaine et était constamment pris de vertiges. Quand je l'ai rencontré, il avait des idées suicidaires et on menaçait de lui couper l'EDF et l'eau.
Je l'ai donc aiguillé vers l'assistante afin qu'elle lui débloque une aide d'urgence, qu'elle s'occupe de la facture d'eau, d'EDF, qu'elle lui trouve des équipements ménager et qu'elle lui fasse un dossier RSA et APL.
Je savais que c'était possible car j'avais déjà envoyé des familles d'origine maghrébines en difficulté et l'assistance s'était occupée de tout.
Le rendez-vous est pris et, d'entrée, l'assistante lui dit qu'elle ne peut rien faire parce qu'il est entrepreneur et que son bilan 2008 était bon : donc il a droit à rien : ni RSA, ni allocs logements, etc. On lui montre donc le bilan 2009 (catastrophique) et je lui rappelle les dérogations possibles prévues par le code de la CAF.
Elle se décide alors à monter un dossier d'aide d'urgence, mais pour le dossier RSA et allocs, il doit se débrouiller de le remplir... Pour l'équipement ménager : "ce n'est pas possible" (alors que quelques semaines plus tôt certaines familles en avaient bénéficié). Pour l'EDF et l'eau, elle va voir... Enfin pour la nourriture, elle donne rendez-vous une semaine plus tard en disant qu'elle va essayer d'avoir des bons alimentaires. Bien que j'insiste sur le fait qu'il n'a plus rien à manger, elle ne peut rien donner de suite...
Bref, on repart plutôt énervé. Ne pouvant laisser ce gars comme ça, je l'embarque avec moi et je lui paie un chariot de courses, de quoi tenir quelques jours (pourtant, moi aussi je galère...). Je lui remplis les dossiers RSA et allocs et une semaine plus tard, retour chez l'assistante. Entre temps, l'EDF a coupé le jus et les idées suicidaires ont repris.
L'assistante nous déclare qu'elle a réussi à obtenir une aide d'urgence : 150 pour l'année ! l'aide sera viré sur son compte. On lui rappelle que le compte est dans le rouge et que cette somme sera absorbée par le découvert. Elle répond qu'elle ne peut pas faire autrement. Puis elle sort royalement 3 bons alimentaires : de quoi manger 4 ou 5 jours, et récupère les dossiers. Pour l'EDF et l'eau, elle sait toujours pas.
Cela fait à présent 1 mois : les 150 ont été virés et absorbés par le compte. Il n'a toujours pas de courant et à présent, plus d'eau. Le dossier d'allocs a été refusé (puisque basé sur les revenus de 2008) et il risque d'être expulsé. Enfin, toujours pas de nouvelles du dossier RSA. J'essaie encore de l'aider comme je peux, de trouver des solutions "tampon" mais c'est pas simple.
En résumé, ce qui n'était qu'une simple formalité pour une famille maghrébine (souvent étrangère), où l'assistante s'occupait de tout avec succès, on est ici dans le parcours du combattant avec le risque d'un drame à l'arrivée.
Je sais que ce n'est pas la faute des étrangers ou de l'origine : c'est la faute du système Français et de son administration qui, dans le cadre du social, privilégie l'aide aux familles d'origine étrangère au détriment des familles de souche Française. On a le sentiment qu'elles passent au second plan et ça participe au sentiment d'injustice.
D'un coté on donne facilement de l'argent pour aller se promener et de l'autre on refuse de l'aide à des gens, qui ont cotisé toute leur vie, mais qui ont le malheur d'être "blancs".
Comme ils sont "blancs" l'administration estime qu'ils peuvent se débrouiller tout seul.