La militante palestinienne Khalida Jarrar dénonce l'isolement dans les prisons israéliennes
Publié le 24 janvier 2025 à 18h25
La militante palestinienne Khalida Jarrar dénonce l'isolement dans les prisons israéliennes - © ZAIN JAAFARAFP
Khalida Jarrar, figure du Front populaire de libération de la Palestine, libérée par Is raël dans le cadre de la trêve à Gaza, a témoigné de ses conditions de détention, évoquant des attaques fréquentes, des aspersions de gaz ou encore des rations alimentaires insuffisantes.
Quand elle est descendue du bus transportant les dizaines de Palestiniens libérés par Israël, Khalida Jarrar, figure du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), était incapable de parler, la voix brisée, selon elle, par six mois à l'isolement.
Ce n'est que le lendemain qu'elle a retrouvé ses mots pour témoigner à l'AFP des « mauvais traitements » en prison. Des accusations réfutées par l'administration pénitentiaire israélienne.
« C'était la première fois que je parlais à un être humain, après six mois d'isolement dans ma cellule »
Députée au Parlement palestinien qui ne siège plus depuis 2007, Khalida Jarrar, 61 ans, faisait partie des 90 prisonniers palestiniens libérés dans le cadre d'un accord de trêve entre le Hamas et Israël entré en vigueur dimanche, en contrepartie de
la libération de trois otages israéliennes. La militante féministe est membre du bureau politique du FPLP, d'obédience marxiste et classé « organisation terroriste » par Israël, les États-Unis et l'Union européenne.
Quand elle arrive à Ramallah, en Cisjordanie occupée, elle est méconnaissable : visage pâle, cheveux blanchis, l'air hagard. « C'était la première fois que je parlais à un être humain, après six mois d'isolement dans ma cellule », témoigne-t-elle à l'AFP le lendemain, cheveux teints en noir.
Isolement, aspersion de gaz, rations alimentaires insuffisantes
Khalida Jarrar dirige aussi Addameer, organisation de défense des prisonniers détenus par Israël et l'Autorité palestinienne. Elle a été placée à plusieurs reprises en détention administrative par Israël, mesure qui permet une détention indéfinie sans inculpation formelle.
La dernière remonte à décembre 2023, après 20 mois de détention en 2018 et 2019, accusée à chaque fois de « menacer la sécurité de l'État ». De 2019 à 2021, elle avait aussi purgé deux ans de prison, au cours desquels elle avait perdu sa fille Suha, décédée subitement à l'âge de 31 ans, sans pouvoir assister à ses funérailles.
En 2015, un tribunal militaire israélien l'avait condamnée à 15 mois de prison ferme pour « incitation à la violence et au terrorisme » à l'issue d'un procès dénoncé comme « arbitraire » par l'Autorité palestinienne. « Depuis 1967, les conditions n'ont jamais été aussi dures qu'aujourd'hui », assure-t-elle, évoquant des « attaques fréquentes », « l'aspersion régulière de gaz » ainsi que des « rations alimentaires insuffisantes et de piètre qualité ».
Elle dénonce aussi la « politique d'isolement pratiquée par les autorités d'occupation ». Les détenus palestiniens dans les prisons israéliennes sont « traités comme s'ils n'étaient pas des êtres humains », affirme-t-elle, ajoutant que le dossier des détenus était « une cause nationale » palestinienne.
« Des cimetières où les prisonniers se sentent à l'étroit »
Au lendemain de sa libération, Khalida Jarrar accueillait des dizaines de sympathisants venus la féliciter. À ses côtés, Abla Saadat, l'épouse du secrétaire général du FPLP, Ahmed Saadat, libérée elle aussi après avoir été placée en détention administrative en septembre 2023.