Israël a évité de rendre des comptes pendant des décennies. La CIJ brise-t-elle son armure ?
De Ben Gourion à Ben Gvir, le rejet des sanctions internationales par Israël est resté ferme. Mais la décision rendue à La Haye risque de briser cette impunité.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s’adresse au 71e débat de l’Assemblée générale des Nations Unies au siège de l’ONU à New York, le 22 septembre 2016. (Kobi Gideon/GPO)
Par Meron Rapoport, le 5 février 2024
Le 29 mars 1955, David Ben Gourion, qui était alors ministre de la Défense d’Israël entre deux mandats de Premier ministre, a présenté une proposition au gouvernement : capturer la bande de Gaza des mains égyptiennes. Quelques jours plus tôt, plusieurs Palestinien.ne.s de Gaza avaient franchi la frontière et tué une Israélienne dans le village de Patish, dans la région maintenant connue sous le nom de « Enveloppe de Gaza ». Ben Gourion considérait la conquête de la bande comme la réponse sioniste appropriée.
Le Premier ministre Moshe Sharett s’est opposé au plan, estimant que l’occupation de Gaza entraînerait des empêtrements complexes avec les Nations unies. Il a rappelé à Ben Gourion que ce n’était que grâce à l’ONU et à sa résolution de novembre 1947 qu’Israël avait même été fondé sept ans auparavant.
Dans son journal, Sharett a écrit que Ben Gourion était bouleversé : « Non et non », a crié Ben Gourion. « Seule l’audace des Juifs a fondé l’État, pas une décision de l’ONU Shmoo-en » — ou «
Oom Shmoom », en hébreu.
Un an et demi plus tard, après son retour au poste de Premier ministre, Ben Gourion a donné suite à sa proposition. Soutenu par la puissance militaire de la Grande-Bretagne et de la France, Israël a profité de la crise de Suez pour
occuper la bande de Gaza et la moitié de la péninsule du Sinaï. Au lieu d’établir le « troisième royaume israélite », comme il l’avait promis au lendemain de la guerre, Ben Gourion a été contraint de se retirer après une décision de l’ONU — l’organisme même qu’il avait décrié — et après une forte pression américaine.
Mais l’expression qu’il a inventée, « Oom Shmoom », est devenue la pierre angulaire de la conception de soi israélienne :
Israël n’a de comptes à rendre à personne pour ses actions, ni à l’ONU ni au droit international.....
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