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Mort de Zacharie: ce que l'on sait, ce que l'on ignore encore
Deux enquêtes sont en cours pour déterminer les circonstances de la mort de cet enfant de 10 ans dans un hôpital de Seine-Saint-Denis.
Zacharie Coulibaly, 10 ans, est décédé dimanche matin à l’hôpital Delafontaine de Saint-Denis dans des circonstances qui interrogent. La mère de l’enfant affirme que ni le SAMU, ni les pompiers, ni les taxis n’ont accepté de se déplacer à Epinay-sur-Seine (Seine-Saint-Denis), dans le quartier dit «sensible» d’Orgemont, pour transporter le garçon aux urgences. Zacharie, qui vomissait et convulsait, a finalement été pris en charge pour une appendicite dans la nuit de samedi à dimanche. Les causes de son décès sont encore floues. Voici les éléments dont on dispose ce vendredi, alors qu’une autopsie doit être pratiquée dans la journée.
Les faits
Dès le vendredi 1er août, Zacharie se plaint de maux de ventre. Lors du dîner samedi soir, il ne mange rien à cause de la douleur, malgré un traitement contre une gastro-entérite prescrit par son médecin. Voyant que les médicaments ne font pas effet, Monique, sa mère, décide avec son mari d’emmener Zacharie aux urgences. Elle appelle les pompiers, qui transfèrent l’appel vers le SAMU, puis elle appelle une société de taxi. D’après elle, les pompiers et le SAMU lui répondent que «ce n'[est] pas urgent». De leur côté, les chauffeurs de taxi ne veulent pas venir dans ce quartier «malfamé» en pleine nuit.
Vers 3 heures du matin, Monique Coulibaly décide de se rendre par ses propres moyens à l’hôpital, c’est-à-dire à pied, et traverse la rue au moment où un taxi passe. Elle le hèle. Il s’arrête et transporte l’enfant aux urgences à Saint-Denis, où ils arrivent vers 5 heures. Après une échographie, les médecins diagnostiquent une appendicite aiguë. «Ils lui ont fait une perfusion, une échographie et l’ont préparé pour aller au bloc. Puis on a attendu le chirurgien», explique la mère de Zacharie. Mais avant même d’être opéré, l’état du garçon se dégrade. Il meurt quelques minutes après l’arrivée du chirurgien qui devait l’opérer, vers 9 heures.
Deux enquêtes ouvertes
Les parents ont décidé de porter plainte. Le parquet de Bobigny a ouvert une enquête pour «homicide involontaire» et «non-assistance de personne en danger». En parallèle, la ministre de la Santé Marisol Touraine a demandé à l’Agence régionale de santé (ARS) de réaliser une enquête pour établir les circonstances exactes du décès ainsi que les conditions de la prise en charge de Zacharie depuis son domicile.
Ce que dénonce la mère
Monique Coulibaly, 32 ans, reproche à l’hôpital et aux secours de ne pas avoir tout fait pour sauver son fils. Interrogée par le Parisien, elle affirme que son «fils a été abandonné de tous». Elle est persuadée que le décès de Zacharie est lié au fait de vivre «dans le mauvais quartier»et cherche à comprendre pourquoi le chirurgien n’est arrivé qu’à 8 h 30 à l’hôpital Delafontaine. Des accusations reprises vendredi par le président du Conseil général de Seine-Saint-Denis Stéphane Troussel, qui a dénoncé «le déni de droit» qui vient s’ajouter «aux difficultés sociales pour cette famille des quartiers populaires». Cette mort «a eu lieu parce que, face à l’urgence, les proches de Zacharie n’ont pas pu compter à temps sur des secours, publics ou privés, censés être disponibles pour les habitants», a-t-il dit dans un communiqué.
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