L’affaire dépasse Galvan, il faut changer le fonctionnement du palais, par Ahmed Raïssouni
L’opinion publique marocaine se préoccupe depuis une semaine de l’affaire de la grâce royale accordée au dénommé Daniel Galvan, condamné à 30 ans de prison pourra actes de pédophilie sur 11 enfants. Plusieurs villes ont connu des manifestations de protestation contre cette grâce, des manifestations qui ont contrées par la force brutale et la violence aveugle de la part de la police. Suite à cela, le cabinet royal a été contraint de publier deux communiqués successifs sur la question…
La grâce dont a bénéficié le criminel espagnol n’indique pas seulement la grave erreur commise ici, pas plus qu’elle ne montre, plus globalement, les dysfonctionnements dans la procédure d’attribution des grâces royales… Non, cette affaire pointe une anomalie encore plus grande, encore plus vaste, et qui est le mode de fonctionnement même de l’institution royale.
Dans le Maroc moderne, toutes les institutions et toutes les pratiques montrent une certaine évolution, connaissent des réformes ou des changements, se modernisent et se mettent en conformité avec leur temps. Mais le palais et les organismes qui relèvent de lui restent rétifs à toute forme d’évolution ou de réforme, refusent de s’inscrire dans leur époque et se cramponnent à leurs anciennes méthodes et pratiques.
L’institution royale et ses services travaillent dans le blackout le plus absolu ; les décisions ne sont pas connues, et les budgets encore moins. Quant aux attributions des uns et des autres qui y travaillent, personne ne les connaît.
Les budgets sur lesquels fonctionnent le palais et les organismes qui dépendent de lui ne se discutent pas, ne se discutent jamais, et la plupart des dépenses restent confidentielles, voire secrètes.
Tous ceux qui exercent des activités au sein du palais et de ses dépendances ne doivent rendre des comptes à personne de connu, et sont encore moins passibles de poursuites judiciaires. Tout ce qu’ils encourent, en revanche, est une « colère royale » qui les éloigne des regards et de la lumière pour un certain temps.
Tous ceux qui travaillent au palais agissent au nom de « Sidna » (Monseigneur), s’activent au nom des instructions royales, des hautes orientations, pendant que le peuple ignore ce qui a été effectivement ordonné par le Roi, et ne le distingue pas de la volonté de ses vassaux.
Un exemple pour illustrer le propos : voici quelques semaines, le ministère des Affaires islamiques – appuyé par un puissant renfort de police – a procédé à la fermeture de Maisons du Coran, sans aucune assise juridique pour justifier cet acte. Les gens continuent encore de s’interroger : Est-ce là une décision prise par le Roi lui-même en vertu de son autorité sur le champ religieux ? Ou par le ministre des Affaires islamiques comme tout le monde a pu le constater ?… A moins que cela soit le fait du puissant conseiller qui a décidé ce qu’il jugeait bon de décider avant d’imposer son idée au ministre, en son nom ou en celui du Roi…
Bref, toute réforme politique et/ou constitutionnelle au Maroc ne saurait aboutir et être efficace sans une réforme véritable de la plus importante des institutions dans ce pays.
Lire en arabe sur raissouni.org
L’opinion publique marocaine se préoccupe depuis une semaine de l’affaire de la grâce royale accordée au dénommé Daniel Galvan, condamné à 30 ans de prison pourra actes de pédophilie sur 11 enfants. Plusieurs villes ont connu des manifestations de protestation contre cette grâce, des manifestations qui ont contrées par la force brutale et la violence aveugle de la part de la police. Suite à cela, le cabinet royal a été contraint de publier deux communiqués successifs sur la question…
La grâce dont a bénéficié le criminel espagnol n’indique pas seulement la grave erreur commise ici, pas plus qu’elle ne montre, plus globalement, les dysfonctionnements dans la procédure d’attribution des grâces royales… Non, cette affaire pointe une anomalie encore plus grande, encore plus vaste, et qui est le mode de fonctionnement même de l’institution royale.
Dans le Maroc moderne, toutes les institutions et toutes les pratiques montrent une certaine évolution, connaissent des réformes ou des changements, se modernisent et se mettent en conformité avec leur temps. Mais le palais et les organismes qui relèvent de lui restent rétifs à toute forme d’évolution ou de réforme, refusent de s’inscrire dans leur époque et se cramponnent à leurs anciennes méthodes et pratiques.
L’institution royale et ses services travaillent dans le blackout le plus absolu ; les décisions ne sont pas connues, et les budgets encore moins. Quant aux attributions des uns et des autres qui y travaillent, personne ne les connaît.
Les budgets sur lesquels fonctionnent le palais et les organismes qui dépendent de lui ne se discutent pas, ne se discutent jamais, et la plupart des dépenses restent confidentielles, voire secrètes.
Tous ceux qui exercent des activités au sein du palais et de ses dépendances ne doivent rendre des comptes à personne de connu, et sont encore moins passibles de poursuites judiciaires. Tout ce qu’ils encourent, en revanche, est une « colère royale » qui les éloigne des regards et de la lumière pour un certain temps.
Tous ceux qui travaillent au palais agissent au nom de « Sidna » (Monseigneur), s’activent au nom des instructions royales, des hautes orientations, pendant que le peuple ignore ce qui a été effectivement ordonné par le Roi, et ne le distingue pas de la volonté de ses vassaux.
Un exemple pour illustrer le propos : voici quelques semaines, le ministère des Affaires islamiques – appuyé par un puissant renfort de police – a procédé à la fermeture de Maisons du Coran, sans aucune assise juridique pour justifier cet acte. Les gens continuent encore de s’interroger : Est-ce là une décision prise par le Roi lui-même en vertu de son autorité sur le champ religieux ? Ou par le ministre des Affaires islamiques comme tout le monde a pu le constater ?… A moins que cela soit le fait du puissant conseiller qui a décidé ce qu’il jugeait bon de décider avant d’imposer son idée au ministre, en son nom ou en celui du Roi…
Bref, toute réforme politique et/ou constitutionnelle au Maroc ne saurait aboutir et être efficace sans une réforme véritable de la plus importante des institutions dans ce pays.
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