@Cause01. En fait, si on se fonde vraiment chez les grands Sahabas, comme abu Bakr, Umar, Abdallah ibn Mas'ud, Jaber... On ne relève pas cette démarche à tout indexer sur des ahadith. Non pas qu'ils n'y accordent pas tant de poids, mais du fait qu'ils continuaient de faire comme du vivant du Messager.
Dans ce sens, quoi que de l'école hanafiste dans la méthodologie, je dois reconnaitre la clarté de l'approche de l'Imam Malik qui se fondait directement sur la pratique des habitants de Médine. Car, si la transmission des ahadith, avec les chaines de transmissions, les variations du matn etc. se justifiait chez les jeunes Sahabas confrontés à des groupuscules divisant la communauté dans ses fondements, il demeure que le fond de la problématique est la fidélité aux institutions originelles en vigueur du vivant du Prophète.
Donc, il est clair que la Sunnah constitue une source incontournable dans la vie du musulman, mais il sied de bien soumettre les ahadith marginaux (ahad) sous le microscope car la variation des ahadith constatée pour les récits détenus par de nombreuses voies témoigne que les critères exclusifs sur la fiabilité des transmetteurs ne suffit pas à les tenir pour acquis, sur le plan pratique.
C'est pour cela que dans la aqida, les ulémas ont pris la décision de ne pas se fonder sur des ahadith ahad. Or, pour le tahrim, dans les mu'amalat, on a de fait toléré des ahadith ahad, voire da'if si ceux-ci consolident les attentes jurisprudentielles. Même pour certains points, si ces ahadith discutés conduisent à condamner untel à mort...
En fait, sur le plan pratique, et pragmatique : rejeter un hadith ahad n'exclut pas un musulman de l'islam. Pour le hadith mutawatir, il faut en revenche savoir qu'en rejeter un est plus problématique. De par le fait que ses appuis sont plus solides... Mais, au final, ce ne sont pas tant ces hadiths mutawatir qui importent, mais leur contenu sur le plan de la pratique.
Comme je l'ai déjà soulevé à certaines reprises, je ne connais aucun hadith tenu pour sahih qui ne se fonde directement ou indirectement sur le Coran instituant une pratique ou une croyance.
Voilà ce qui est délicat dans le coranisme : nier en bloc tous les ahadith, conduit à une rupture avec l'islam prophétique. Reste que même en s'efforçant de délier les noeuds dans les variantes, on trouve des domaines dans lesquels on se retrouve malgré tout parfois à coté de l'islam primitif. Alors, nier en bloc est un danger pour l'islam à long terme. Et ce n'est pas une démarche objective ni scientifique de renier en bloc, sans aucun tri ou recherche méthodologique.