Sensualité

Adieu

O Mayya! Tes lèvres par un orfèvre ciselées,
après le sommeil, et ton corps, tendre rameau brisé!

Je revois les deux prunelles, un cou gracile et blanc;
je revois les flancs alanguis ou affleure le sang,

uniques, tirant la poursuite, au mépris des gazelles...
nous tuant sans pitié, sous le blâme et la réprimande.

Elle a vu ma pâleur, elle a vu mes rides multiples,
après les injures du temps et du siècle superbe,

dépouillant tout mon corps de sa frondaison de jeunesse;
feuilles mortes, quand on agite un rameau nu, qui tombent...

ou plutôt j'ai rompu l'étreinte, acceptant le refus,
et la soeur des Banou-Labîd en a été surprise.

DHOU'L-ROUMMAH (117-735)
 
Une seule nuit avec toi...

Encore enfant,
je me suis lié
par le désir d'elle,
et ce désir avec moi
n'a cessé de croître en âge
jusqu'à ce jour,
et d'augmenter en force
et en intensité.

J'ai donc dilapidé
ma vie,
en attendant qu'elle veuille bien
m'accorder ses dons;
et, en elle,
mes jours nouveaux,
je les ai transformés
en guenilles fatiguées.

Puissé-je enfin
passer une seule nuit
avec toi
à Wadi'l-Qoura!
Alors je m'estimerai
heureux.

Car auprès d'elle
et de ses compagnes,
les propos les plus bénins
me seraient
un sourire,
et tout assassiné
deviendrait
un martyr.


DJAMIL (environ 700)
 
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