réponse de tariq suite au propos de claude gyant et alain juppé sur sa participation a la rencontre musulmane annuelle de France .
Je my étais habitué depuis près de vingt ans, mais je pensais que les choses avaient changé ces dernières années. Force est de constater quil nen est rien : la classe politique française a peu évolué depuis une génération, voire elle montre des signes de patente régression.
Depuis des années, les organisateurs de conférences mont fait part de pression des services de renseignement français, de chantage, dannulation de salles. Il a toujours été difficile de pouvoir sexprimer librement dans des salles publiques et même privées puisque les propriétaires recevaient des visites et des appels (des Renseignements Généraux, à lépoque) ayant pour but de les dissuader de louer leurs locaux. Rares étaient ceux qui avaient les moyens de résister.
À la suite du débat télévisé avec le ministre de lintérieur, avant lequel celui-ci avait humblement annoncé quil me "pulvériserait", les choses ont empiré : pressions au niveau des instances de lUnion Européenne (où jintervenais souvent), plus dinvitations dinstitutions françaises et, surtout, empêchements systématiques dintervenir dans les universités. Entre 2003 et 2012, je ne suis intervenu quune seule fois dans le cadre académique (à Sciences Po à linvitation dune association détudiants). La France est le seul pays au monde où les choses se passent ainsi et les pressions proviennent autant du Gouvernement que des autorités locales, de droite comme de gauche.
Ainsi à Lille, en date du vendredi 2 mars 2012, la mairie socialiste est intervenue et la salle a été retirée. Puis les responsables académiques ou les étudiants ont subi des pressions, reçu des appels téléphoniques pour les forcer à annuler : Strasbourg (Sciences Po, prévu le 19 janvier 2012), Grenoble (Grenoble Ecole de Management, prévu le 4 avril 2012), Lyon (Journée Alter-Idées, Grandes Ecoles de Lyon, prévu le 5 avril 2012), Palaiseau (Ecole Polytechnique, qui a reçu un veto avant même la programmation définitive)
On peut se demander, au demeurant, ce qui justifie une telle attitude de la part des autorités. À lanalyse de mon discours depuis 25 ans, que lon soit daccord ou pas (comme le relève Christophe Roucou, responsable du Service national pour les relations avec lislam de lEglise catholique) , on ne peut que relever que jappelle les citoyens français, européens et américains de confession musulmane, à respecter les lois, à se sentir chez soi en Occident, et à sengager socialement et politiquement au pluralisme et au bien-être de tous (juifs, chrétiens, musulmans, bouddhistes, hindouistes, agnostiques, athées, etc.). Je leur conseille de rester libres, intellectuellement autonomes et critiques. En un mot, en France, dêtre des Républicains patriotes et engagés, inspirés par des valeurs de dignité humaine, de liberté, de justice, et de paix. Que reproche-t-on à ce discours ? Dêtre le fait dun "intellectuel musulman" ? Dêtre en soi trop subversif car il invite les musulmans à être libres, critiques et démocrates au plein sens du mot ? De refuser dêtre des victimes passives et consentantes, de défendre leur dignité avec mémoire et leurs droits avec détermination tout en noubliant pas leurs devoirs et leur contribution citoyenne ?
......
source : http://www.tariqramadan.com/COMMUNIQUE-DE-PRESSE-DU-3-AVRIL,11924.html
Je my étais habitué depuis près de vingt ans, mais je pensais que les choses avaient changé ces dernières années. Force est de constater quil nen est rien : la classe politique française a peu évolué depuis une génération, voire elle montre des signes de patente régression.
Depuis des années, les organisateurs de conférences mont fait part de pression des services de renseignement français, de chantage, dannulation de salles. Il a toujours été difficile de pouvoir sexprimer librement dans des salles publiques et même privées puisque les propriétaires recevaient des visites et des appels (des Renseignements Généraux, à lépoque) ayant pour but de les dissuader de louer leurs locaux. Rares étaient ceux qui avaient les moyens de résister.
À la suite du débat télévisé avec le ministre de lintérieur, avant lequel celui-ci avait humblement annoncé quil me "pulvériserait", les choses ont empiré : pressions au niveau des instances de lUnion Européenne (où jintervenais souvent), plus dinvitations dinstitutions françaises et, surtout, empêchements systématiques dintervenir dans les universités. Entre 2003 et 2012, je ne suis intervenu quune seule fois dans le cadre académique (à Sciences Po à linvitation dune association détudiants). La France est le seul pays au monde où les choses se passent ainsi et les pressions proviennent autant du Gouvernement que des autorités locales, de droite comme de gauche.
Ainsi à Lille, en date du vendredi 2 mars 2012, la mairie socialiste est intervenue et la salle a été retirée. Puis les responsables académiques ou les étudiants ont subi des pressions, reçu des appels téléphoniques pour les forcer à annuler : Strasbourg (Sciences Po, prévu le 19 janvier 2012), Grenoble (Grenoble Ecole de Management, prévu le 4 avril 2012), Lyon (Journée Alter-Idées, Grandes Ecoles de Lyon, prévu le 5 avril 2012), Palaiseau (Ecole Polytechnique, qui a reçu un veto avant même la programmation définitive)
On peut se demander, au demeurant, ce qui justifie une telle attitude de la part des autorités. À lanalyse de mon discours depuis 25 ans, que lon soit daccord ou pas (comme le relève Christophe Roucou, responsable du Service national pour les relations avec lislam de lEglise catholique) , on ne peut que relever que jappelle les citoyens français, européens et américains de confession musulmane, à respecter les lois, à se sentir chez soi en Occident, et à sengager socialement et politiquement au pluralisme et au bien-être de tous (juifs, chrétiens, musulmans, bouddhistes, hindouistes, agnostiques, athées, etc.). Je leur conseille de rester libres, intellectuellement autonomes et critiques. En un mot, en France, dêtre des Républicains patriotes et engagés, inspirés par des valeurs de dignité humaine, de liberté, de justice, et de paix. Que reproche-t-on à ce discours ? Dêtre le fait dun "intellectuel musulman" ? Dêtre en soi trop subversif car il invite les musulmans à être libres, critiques et démocrates au plein sens du mot ? De refuser dêtre des victimes passives et consentantes, de défendre leur dignité avec mémoire et leurs droits avec détermination tout en noubliant pas leurs devoirs et leur contribution citoyenne ?
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source : http://www.tariqramadan.com/COMMUNIQUE-DE-PRESSE-DU-3-AVRIL,11924.html