De notre envoyé spécial à Riyad, Pierre Prier
18/03/2009 | Mise à jour : 17:51 figcom_sep_bulle='avec';| Commentaires 162figcom_sep_bulle=false; | Ajouter à ma sélection
En condamnant à 40 coups de fouet cette femme de 75 ans, la police religieuse veut montrer son pouvoir au moment où le roi annonce des réformes libérales.
Khamisa Sawadi, une veuve de nationalité syrienne, a été lourdement condamnée : 40 coups de fouets et quatre mois de prison, suivis d'une expulsion définitive d'Arabie saoudite. Son crime : avoir reçu chez elle deux jeunes hommes qui n'appartenaient pas à sa famille directe, en contravention avec les lois en vigueur. Fahd al-Anzi et Hadiyan Bin Zein ont eux aussi écopé d'une peine de prison et de coups de fouet.
Le cas de Khamisa Sawadi, âgée de 75 ans, divise l'Arabie saoudite, au moment où le roi Abdallah vient d'annoncer des réformes libérales. «Encore une histoire absurde», s'indigne Hatoun al-Fassi, professeur à l'université du Roi-Saoud et militante de la cause des femmes. Dans la ville d'al-Shamli, au nord du royaume, les deux jeunes ont été arrêtés au moment où ils sortaient de la maison de Khamisa par la police religieuse, les mutawa, reconnaissables à leur barbe broussailleuse et à leur robe s'arrêtant au mollet.
Les deux «coupables» ont expliqué qu'ils faisaient les courses pour la vieille dame. L'un des deux, Fahd, est en outre le neveu du défunt mari de Khamisa. Mais la charia (la loi islamique), c'est la charia, indique un avocat interrogé par la presse, Me Ibrahim Zamazami. Certes, une femme de 75 ans n'est «habituellement pas considérée comme séduisante, reconnaît l'avocat, mais l'âge n'est pas une raison suffisante pour un acquittement». En revanche, les charges pourraient être rejetées en appel si Khamisa a bien été la nourrice de Fahd, comme celui-ci l'affirme, ce qui ferait de lui l'équivalent du fils de la vieille dame.
Écarter les plus radicaux
L'affaire Khamisa ne relève pas seulement du fait divers intégriste. «La police religieuse et les juges conservateurs ont probablement décidé de tester le nouveau ministre de la Justice», analyse Hatoun al-Fassi. Le roi Abdallah, profondément décidé à éliminer les éléments les plus radicaux, a récemment limogé le redouté chef de la police religieuse, connue sous le nom de Commission pour la promotion de la vertu et la prévention du vice. Son remplaçant s'est aussitôt déclaré favorable au «pardon» plutôt qu'à la répression. Le monarque a aussi éliminé le ministre de la Justice et le chef du Conseil supérieur de la magistrature, Saleh al-Louhaidan, favorable à la «mise à mort» des dirigeants des chaînes satellitaires, diffusant des «spectacles immoraux».
Mais la «base» de ces deux institutions reste inchangée. Furieux, les mutawa ont montré leur puissance en investissant le Salon du livre de Riyad, apostrophant les orateurs libéraux dans les conférences quotidiennes. La veuve syrienne pourrait elle aussi faire les frais de leur campagne
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En condamnant à 40 coups de fouet cette femme de 75 ans, la police religieuse veut montrer son pouvoir au moment où le roi annonce des réformes libérales.
Khamisa Sawadi, une veuve de nationalité syrienne, a été lourdement condamnée : 40 coups de fouets et quatre mois de prison, suivis d'une expulsion définitive d'Arabie saoudite. Son crime : avoir reçu chez elle deux jeunes hommes qui n'appartenaient pas à sa famille directe, en contravention avec les lois en vigueur. Fahd al-Anzi et Hadiyan Bin Zein ont eux aussi écopé d'une peine de prison et de coups de fouet.
Le cas de Khamisa Sawadi, âgée de 75 ans, divise l'Arabie saoudite, au moment où le roi Abdallah vient d'annoncer des réformes libérales. «Encore une histoire absurde», s'indigne Hatoun al-Fassi, professeur à l'université du Roi-Saoud et militante de la cause des femmes. Dans la ville d'al-Shamli, au nord du royaume, les deux jeunes ont été arrêtés au moment où ils sortaient de la maison de Khamisa par la police religieuse, les mutawa, reconnaissables à leur barbe broussailleuse et à leur robe s'arrêtant au mollet.
Les deux «coupables» ont expliqué qu'ils faisaient les courses pour la vieille dame. L'un des deux, Fahd, est en outre le neveu du défunt mari de Khamisa. Mais la charia (la loi islamique), c'est la charia, indique un avocat interrogé par la presse, Me Ibrahim Zamazami. Certes, une femme de 75 ans n'est «habituellement pas considérée comme séduisante, reconnaît l'avocat, mais l'âge n'est pas une raison suffisante pour un acquittement». En revanche, les charges pourraient être rejetées en appel si Khamisa a bien été la nourrice de Fahd, comme celui-ci l'affirme, ce qui ferait de lui l'équivalent du fils de la vieille dame.
Écarter les plus radicaux
L'affaire Khamisa ne relève pas seulement du fait divers intégriste. «La police religieuse et les juges conservateurs ont probablement décidé de tester le nouveau ministre de la Justice», analyse Hatoun al-Fassi. Le roi Abdallah, profondément décidé à éliminer les éléments les plus radicaux, a récemment limogé le redouté chef de la police religieuse, connue sous le nom de Commission pour la promotion de la vertu et la prévention du vice. Son remplaçant s'est aussitôt déclaré favorable au «pardon» plutôt qu'à la répression. Le monarque a aussi éliminé le ministre de la Justice et le chef du Conseil supérieur de la magistrature, Saleh al-Louhaidan, favorable à la «mise à mort» des dirigeants des chaînes satellitaires, diffusant des «spectacles immoraux».
Mais la «base» de ces deux institutions reste inchangée. Furieux, les mutawa ont montré leur puissance en investissant le Salon du livre de Riyad, apostrophant les orateurs libéraux dans les conférences quotidiennes. La veuve syrienne pourrait elle aussi faire les frais de leur campagne