En Europe, seule la France, avec le Royaume-Uni dans une moindre mesure, connaît des émeutes urbaines d’une telle amplitude. Ce phénomène n’existe ni en Allemagne, ni en Espagne, ni en Italie. Les difficultés sociales de certaines banlieues de l’agglomération de Milan ne sont pas moindres que celles de cités de la Seine-Saint-Denis. Or elles ne brûlent pas. Des émeutes d’une telle nature et de cette ampleur sont une quasi-exception française (les violences qui ont secoué la Suède en 2022 étaient plus circonscrites), alors même que notre pays
pratique une redistribution et garantit des droits sociaux sans équivalent. Incriminer au premier chef la
police ou ériger les facteurs sociaux en explication principale des émeutes urbaines n’est donc pas
convaincant.
Dès qu’a commencé la recherche de ses causes, la surreprésentation de jeunes gens issus de l’immigration
parmi les émeutiers a souvent suscité gêne et mutisme parmi commentateurs, chercheurs et pouvoirs
publics. Pour des raisons évidentes (crainte d’être accusé de racisme) et parfois compréhensibles (répugnance à se hasarder sur le terrain d’éventuels facteurs culturels pour expliquer les faits.
« On ne peut résoudre un problème en le posant mal ou en omettant un certain nombre de ses paramètres
essentiels. C’est pourtant ce qui se passe, depuis des années, avec les violences urbaines. Les politiques
mises en oeuvre pour restaurer le calme dans les banlieues n’ont pas échoué par hasard ou malchance, mais par refus
de reconnaître que les auteurs des violences sont majoritairement des jeunes issus de l’immigration. »