Ali aarass: un citoyen belge

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Free Ali Aarrass! Merci Mohamed Ouachen !
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Mohamed Ouachen
16 juillet, 03:52 ·
Ali Aarrass "La liberté" © Bruxelles 15.07.20
Pour Ali, Farida Aarrass & ses proches 💚.
🙏🙏🙏





👏
 
Nuit d’horreur pour la famille de Farida, attaquée dans un gîte à Lierneux: des individus masqués leur ont lancé des croix ensanglantées et des abats!



C’est un samedi horrible qu’ont vécu Farida Aarrass et sa famille. Alors qu’ils voulaient se reposer dans un gîte de Lierneux, trois hommes ont attaqué la famille


Farida Aarrass, une Bruxelloise de 55 ans, est partie passer du bon temps en famille le week-end dernier à Hierlot, un hameau de la commune Lierneux, mais elle en est finalement revenue précipitamment après y avoir vécu un véritable cauchemar éveillé.


Dans la nuit de samedi à dimanche, trois individus masqués ont pénétré, vers une heure du matin, à l’intérieur de son gîte pour y jeter des abats aux pieds de ses enfants et, puis, repartir comme si de rien n’était, en poussant des cris et des bonds de joie, après avoir abandonné derrière eux deux croix ensanglantées.



 
son témoignage




Week-end à Lierneux



Ce dernier week-end du mois d’août, nous avions décidé ensemble en famille, de séjourner dans un gite à 4990 Lierneux, à environ 1h45’ de Bruxelles.
Après avoir passé un bon vendredi soir, et une journée fort sympa samedi, nous étions loin de nous douter qu’en fait on nous guettait.




Il était tard, environ 1h du matin et certains, dont moi, avions décidé d’aller nous coucher car trop fatigués. Les autres étaient restés dans la zone dite de « séjour » un rez-de-chaussée composé d’une cuisine avec une salle à manger et un autre espace de détente, le tout formant un L. Dans chaque extrême une porte. Une structure en bois avec des vitres.


L’une donnant au jardin et accessible à qui le voudrait. La seconde porte dans la cuisine donnant à l’extérieur du coté perpendiculaire à l’autre et tout aussi accessible. Alors que nous étions plusieurs à être montés pour dormir, en fin de compte on n’y arrivait pas, car on pouvait les entendre causer. Si vous avez déjà été dans un gite vous savez qu’on entend tout d’un endroit à l’autre de la maison. On les entendait si bien qu’on se décidait presque à les rejoindre à nouveau quand soudain des cris terribles ont retenti.




C’était effrayant !



Je reconnaissais la voix de l’une de mes filles qui criait à s’en éclater les cordes vocales. Mais nous d’en haut, on avait surtout senti la gravité de la situation quand ma belle-fille s’est mise à crier le nom de mon beau fils AJ. qui était également monté dormir. Elle l’appelait au secours !



Mon beau fils AJ. déballa les escaliers à une vitesse telle qu’il se fit très mal au pied. Cela ne l’empêcha pas de poursuivre dans sa hâte à comprendre ce qui s’était produit. Je me tenais juste derrière lui, quand on aperçut la frayeur sur le visage de tous. Du moins de ma belle fille K., de mes filles S. et S. et de mon fils A. Quant à mon fils U. mon autre beau fils T. et mon neveu S. ils n’étaient plus là.
 
Ma belle fille K. nous expliquait à grande vitesse et dans un état de choc indescriptible, que trois hommes de grande taille, masqués, s’étaient plaqués contre les portes. Qu’ils avaient essayé de s’introduire dans le gite après avoir semé la panique. L’un d’eux se tenait devant la porte côté jardin et avait essayé d’ouvrir pour rentrer, mais cette porte était apparemment fermée. Il a donc tapé dessus comme un malade tout en collant son visage sur la vitre pour bien les effrayer.


Et simultanément, les deux autres hommes masqués, se tenaient devant l’autre porte, côté cuisine qui était ouverte. L’un d’eux tenait à sa main un tas d’abats saignants qu’il balança à l’intérieur après s’y être introduit. Que rien ne semblait les inquiéter. Qu’ils semblaient sur d’eux, aucune panique. Une façon de faire qui glace le sang de ceux qui assistent sans vraiment savoir ce qui va suivre. Ce n’est que lorsque le malade avait jeté les abats que U. T. et S. se sont levés en trombe et les ont suivis à l’extérieur. Ils étaient là, pas trop loin en attendant que le troisième, un mastodonte bien trapu, les rejoigne.



Mais ce malade se tenait toujours devant l’autre porte et c’est à ce moment-là que ma belle-fille cria au secours.
Au moment où les nôtres se sont mis à leur courir après, ils ont pris leurs jambes à leur cou et connaissant bien les lieux, n’ont eu aucune difficulté à disparaître. En courant ils lançaient des cris hystériques comme pour dire « vous ne nous faites pas peur ! »



En revenant, on a découvert qu’ils avaient déposé devant la porte une croix bricolée en carton, tâchée de sang et juste à côté, un cœur et un cerveau. En passant en revue le tout, nous avons aussi découvert la même croix sur le parebrise de la voiture de mon fils.
Le plus costaud avait laissé l’empreinte de sa grande main sur la vitre.



Ma belle-fille avait appelé la police locale qui est arrivée au bout d’une dizaine de minutes. Nous n’avons jamais vu des policiers aussi incompétents, aussi je m’en foutistes.


Alors qu’on leur explique ce qui s’est passé, ils ne prennent note de rien, ne bougent pas de leur place et nous donnent l’impression qu’ils veulent mener une enquête sur nous, surtout sur l’un de mes beaux fils qui a une plaque anglaise sur sa voiture. En somme, nous avons bien senti qu’on n’était pas du tout les bienvenus dans ces lieux. Qu’on ne pouvait pas compter sur eux. Deux incapables.



Nous n’avons pas pu dormir après cela. Le lendemain après un petit déjeuner rapide, nous avons ramassé nos affaires et avons quitté les lieux. Nous ne nous sentions vraiment pas en sécurité.



Quand je pense qu’en y allant nous étions tous dans l’euphorie à l’idée de nous retrouver en famille, dans un endroit où la verdure prédominait et où le grand calme se mêlerait à l’ambiance. On avait vécu deux belles journées entourés d’arbres majestueux et d’air pur. Cela s’est terminé dans l’horreur.



Si j’écris ce récit, c’est pour informer toute personne qui aimerait se rendre à cet endroit, qu’il est potentiellement en danger. Nous avons eu le sentiment d’être encerclés par une sorte de groupuscule raciste extrémiste similaire au Ku Klux Klan. Une bande de lâches qui agit en schmet pour nous faire partir de là.




Adresse : Hierlot 30 – 4990 Hierlot



Signé : Farida Aarrass






 
« L’amnistie ou la grâce? Pas pour ceux qui résistent », par Ali Aarrass, 15/11/2020




Amnistier ou gracier.


Je sais à quoi vous pensez ! Je comprends, vous avez milles fois raisons de dire et redire qu’ on est fier de notre lutte, notre combat ! Et moi je vous rejoins dans vos pensées, pour vous dire ceci:



Je savais dès le début, que je ne serai jamais, ni amnistié, ni gracié .

Simplement parce que je levais mon point et mon doigt vers le haut. Mon point pour mon combat, pour mon innocence. Mon doigt pour signaler et dénoncer mes bourreaux et tortionnaires !



Je savais que le Maroc n’allait pas se laisser faire ou céder…

Il me fallait choisir et prendre une lourde décision, que pourrait me libérer en un rien de temps.


C’est à dire : être hypocrite et dire au monde que le Maroc est un état de droit, où les droits de l’homme sont respectés, et que je n’ai pas été torturé , ni maltraité…



Ou alors, les affronter jours et nuits avec mon point levé, pour les dévoiler, les démasquer et leur dire la vérité en face : que le Maroc est un état despotique, non démocratique, un état répressif et qu’il torture, maltraite en écrasant en affamant en terrorisant son pauvre peuple !

Donc, il me fallait choisir, prendre une décision, opter pour la plus dure, celle qui exigerait mon endurcissement pour affronter la peine à faire ! Je préfère rester moi-même.

Le peuple marocain est opprimé, réprimé par des individus qui sont sous des ordres d’un criminel qui depuis son palais veut être au-dessus de tout, lui une créature fragile, faible, qui a grandi dans un milieu fermé par ceux qui l’ont précédés !

Il a beau montrer au monde qu’il est pour une vraie « démocratie » ou un nouveau Maroc « prospère », un Maroc où on « respecte » les « droits internationaux et humains ».



Oui, car il lui faut sauver son image de tous les crimes qu’il ordonne contre le peuple marocain, des humains qui ne demandent que de vivre et de respirer.

Voyez-vous, tout ceci et plus encore, je l’ignorai avant d’être enlevé, kidnappé par la complicité de trois états : l’Espagne, la Belgique et le Maroc ! Au début, je ne pouvais pas croire tout ce que j’entendais contre le Maroc.


Mais aujourd’hui, je suis une victime et un témoin vivant d’une complicité politique, diplomatique entre ces trois pays.

Oui ! j’ai été torturé durant 12 ans, terrorisé moi et ma famille comme tant d’autres innocents.



Ils m’ont arraché 12 années de ma vie ! Ils ont tout fait pour me briser, me faire taire, me déshumaniser, me faire perdre ma dignité, tout ceci dans des conditions de détention déplorables
et inhumaines.





Malgré tout cela, ils n’ont pas réussi à faire de moi une autre créature…



Mais au contraire ils ont renforcé mes convictions et ma dignité.



Aussi je vous rappelle, que dans les prisons du Maroc, il y a beaucoup d’innocents qui purgent des peines qu’ils n’ont pas commis !



D’autres parce qu’ ils ont eu l’audace de parler pour dire à ses individus, qui détruisent ce qui d’autres essayent de construire sur leur terre, leur patrie,
d’arrêter d’opprimer et réprimer les citoyens en les terrorisant !

Donc à vous d’en juger, le peuple marocain est terrorisé ! Ils n’osent pas parler, pas lever ni le poing, ni le doigt. Peut-être les générations à venir ?

Ali Aarrass




 
MON COMBAT EST AUSSI LE VÔTRE, par Ali Aarrass (31 octobre 2020)




A tous ceux et celles qui m’ont aidé dans ce combat qui n’est pas terminé.



Je tiens à remercier tous ceux et celles qui n’ont pas perdu espoir durant toutes ces années très dures, aussi bien pour vous que pour moi !



Moi et toute ma famille, nous vous remercions de tout cœur pour votre aide, votre solidarité et votre chaleur humaine.


Depuis ma libération et le retour chez moi, je suis examiné par des médecins et ensuite je serai examiné par des experts, grâce à votre soutien.
Vous avez compris que ce combat qui est le mien est aussi le vôtre : celui de vos enfants, vos frères, vos époux …



Je n’ai pas terminé le combat sur leur territoire, donc comment le considérer comme fini sur mon terrain ?



Pour moi, c’est une nouvelle vie qui commence, un nouvel horizon qui s’est ouvert devant mes yeux …



A présent, je suis sur mon territoire et légitimement je continuerai à me battre jusqu’à justice me soit rendue et que je puisse jouir de mes droits fondamentaux,



comme tout autre citoyen belge sur cette terre, ou sur la planète mars !




Aujourd’hui de retour sur mon terrain et cela malgré ceux qui ont essayé de me briser au Maroc, un pays où la répression contre le peuple qui fait la une des journaux tous les jours, où les droits de l’homme ne sont pas respectés, un pays despotique, archaïque, dirigé par des créatures sans aucune éthique, sans état d’âme, ni pitié.



Je voudrais dire à mes tortionnaires, aux bourreaux qui m’ont torturé. Hier je vous ai affronté et combattu sur votre territoire, sans baisser les bras, sans plier les genoux.



J’ai vu vos yeux noirs perçants, assoiffés du sang d’innocents.


Ne vous cachez pas, ne fuyez pas, comme vous avez l’habitude de le faire comme des lâches comme ceux qui vous ont précédé.


Quel pauvre parcours qui est le vôtre, celui de vivre tout le temps dans la peur, sans crédibilité, sans cohérence.



Malgré les injustices qui ont été commises contre moi, à l’encontre d’un Humain vulnérable, sachez que vous avez fait de moi un être plus fort et convaincu que je ne l’était hier.


Là aujourd’hui, je me sens chez moi malgré ceux de pourparlers !


Et-là je suis ici maintenant.


Ali Aarrass


 
Ali Aarrass a dû affronter le harcèlement de la police espagnole pour revoir son père, âgé de 90 ans





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(Photos : Père et fils enfin réunis, après douze ans d’absence)


Par Luk Vervaet



Le 2 avril 2020, Ali Aarrass est sorti de la prison de Tiflet 2 au Maroc.

La tête haute, le sourire aux lèvres.


Une autre épreuve l’attendait : trois mois de confinement au Maroc, sous étroite surveillance policière, avant de pouvoir enfin retrouver les siens en Belgique.


Pendant ses douze longues années de détention, Ali n’a pas pu voir son père, Mustapha Aarrass, un homme de 90 ans, malade, qui vit à Melilla.
 
Le jour de sa libération, les autorités pénitentiaires marocaines avaient promis et garanti à Ali qu’il pourrait passer la frontière espagnole pour rejoindre son père.


La crise sanitaire en a décidé autrement : tout passage entre le Maroc et Melilla espagnole était bloqué.


Même avec une attestation médicale sur l’état de santé préoccupant de son papa, Ali n’a pas obtenu l’autorisation de passage de la part de l’Espagne.


Les autorités espagnoles ont même pris la peine de préciser qu’Ali Aarrass ne devait pas se faire d’illusions : cette interdiction de passage était particulièrement d’application pour celui qui sortait d’une prison marocaine pour terrorisme.


Il faut savoir que c’est l’Espagne qui a extradé Ali Aarrass au Maroc en 2010, après qu’il avait été jugé et innocenté par des juges de ce même pays !

L’Espagne a ainsi foulé aux pieds toutes les règles internationales, comme la demande du Haut-Commissariat aux Droits de l’Homme à Genève de suspendre l’extradition.


En 2014, le Comité des Droits de l’Homme de l’Organisation des Nations Unies a publié une résolution déclarant l’extradition d’Ali Aarrass vers le Maroc «illégale».


Le Comité demandait que l’Espagne répare le tort et qu’une compensation adéquate soit donnée au prisonnier.


L’Espagne devait aussi «assurer une enquête effective sur le traitement qu’avait reçu Ali Aarrass au Maroc » afin de «prévenir des violations similaires dans le futur».


Jusqu’à ce jour, l’Espagne a refusé de donner suite à toutes les demandes du Comité de l’ONU.


Et son attitude de pays voyou dans l’affaire Ali Aarrass explique ce qui lui est arrivé à dans l’événement que voici.


Huit mois après sa libération, et son père devenant de plus en plus fragile et souffrant, Ali Aarrass prend son courage à deux mains et décide d’aller le voir.



Il prend donc l’avion vers l’Espagne.


Voyage avec transit à Malaga vers Melilla. Avec en poche l’attestation médicale de son père.


À l’aéroport de Charleroi, tout se passe normalement.


Mais une fois sorti de l’avion à Malaga, il est interpellé et interrogé par les policiers de la Guardia civil sur ses mouvements, les raisons de son déplacement, ses plans etc.


Tout l’entretien est filmé.



Puis Ali est accompagné vers la sortie par la police, où l’attendent son frère et son oncle.

Les trois partent en voiture, mais sont aussitôt suivis par une voiture de la police.


Ce qui se passe après est digne d’un scénario américain. Après de petites courses dans un supermarché, leur voiture est tout à coup bloquée par celle de la police nationale.


Les policiers sortent leurs armes, un d’eux frappe contre le vitre en criant « Mettez vos mains sur le volant ». Ali demande aux policiers de rester calmes et de faire leur travail en respectant les règles.



La voiture est fouillée de fond en comble.


L’identité du frère et celle de l’oncle d’Ali sont notées.


Pourquoi tout ça ?, demande Ali.


« Nous avons reçu un appel du supermarché qu’il y a eu un problème dans le supermarché », dit un policier.


Sans rire. « Mais alors, allez vérifier les images des caméras de surveillance, dit Ali, nous ne sommes pas des voleurs ».


« Cela, on le verra après, réplique le policier, on ne fait que suivre les consignes ».


Les consignes, tout est dit.


Ali décide de ne pas aller loger chez son frère comme prévu, mais dans un hôtel, pour éviter de lui causer des problèmes supplémentaires.


Ce qui n’a pas empêché la police de suivre le frère d’Ali jusqu’à sa maison.


Le lendemain, Ali prend un taxi pour l’aéroport, au lieu de faire appel à son frère, par sécurité.


Quand il arrive à l’aéroport, le même policier que la veille l’y attend…


Et ce n’est pas fini : une fois débarqué à Melilla, il subit un nouvel interrogatoire des policiers espagnols, avant de pouvoir – enfin – rejoindre sa famille.


Si l’Espagne a décidé de persister dans sa politique contre Ali Aarrass avec ce harcèlement agressif, même après douze ans de détention illégale, nous aussi nous persisterons.


Nous continuerons la campagne pour qu’Ali Aarrass soit reconnu comme détenu innocent, qui doit recevoir des réparations pour le mal subi, des trois pays impliqués, le Maroc, l’Espagne et la Belgique.


Ni oubli, ni pardon.



 

Ils m’ont collé l’étiquette de terroriste…, par Ali Aarrass (1 décembre 2020) – FREE ALI AARRASS​

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Serait- ce pour mon sérieux ?
Pour mon côté humain ?
Pour ma dignité ?
Pour mon charisme ?
Peut- être par mon audace ou pour mon parler sans réticence ?
J’allais oublier : pour mon identité ?



Pour mes beaux yeux de rifain , de celui qui n’abandonne jamais , de celui qui n’a jamais fait la marche arrière , de celui qui n’a jamais rasé les murs ?



Qui ne se laisse pas priver de ses droits , de celui qui n’a jamais baissé sa tête ?
Serait-ce pour tout cela , qu’on me considère comme « terroriste » ?




Je me pose la question , qui peut me répondre ?



Dans tous les cas sachez bien que celui qui fût terrorisé c’est bien moi et ma très chère famille !!!



Voyez-vous , depuis tout petit mes parents nous ont enseigné à être responsables, comme la plupart des humains sur cette terre !



Ils nous ont enseigné à aimer l’Humain , sans distinction de race , aimer la vie, la terre et toutes les créatures .



Donc de quel profil m’ont-ils injustement et arbitrairement condamné ? Après m’avoir torturé , incarcéré , isolé !



De quel droit, au nom de qui , de quoi et pourquoi toutes ces injustices m’ont été faite ? Pourquoi m’ont-ils infligé ces conditions de détention inhumaines, pourquoi ?



Serait-ce aussi pour me faire taire , pour me briser , pour que j’abandonne en pliant genoux ?



Mais ils n’ont pas réussi , grâce à vous et à tous ceux qui m’ont soutenu, de loin ou de près, c’est pour cela qu’il faut continuer à apporter tout notre soutien aux victimes d’une politique entre nations, qui se croient tout permis en violant les droits internationaux .




Quant à moi je suis resté Humain .
Ali Aarrass.

 

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Ali Aarrass, 2020 : « Mes meilleurs vœux à toutes et à tous »​


Comme par le passé depuis ma cellule et aujourd’hui malgré le confinement, je vous souhaite d’agréables fêtes en compagnie de vos proches.



Cette année, libre enfin, je partage avec vous une liberté limitée comme dans tant d’autres pays.

Par cette occasion, j’en profite de remercier tout le monde qui m’ont soutenu, mais spécialement au Comité free Ali, qui n’a jamais abandonné, ni baissé les bras dans ce combat livré en Belgique et en faisant entendre sa voix partout dans le monde.



Nous devions rester forts et unis dans les moments durs et difficiles, il fallait surmonter toutes les épreuves qu’ils nous ont infligés.



J’espère que l’année 2021 sera une année positive pour tous. Qu’elle nous apportera bonheur et surtout la santé et qu’on puisse réaliser nos désirs.



Quant à moi, ma vie reprend ses repères peu à peu, ma santé en parallèle et aussi avec ma famille.



Psychologiquement et psychiquement je me bats tous les jours. Il m’est difficile d’oublier les douze années d’horreur.

Je suis traumatisé et touché au fond de moi-même…


J’espère que l’année 2021 sera l’année où je pourrai m’en sortir et avoir une nouvelle vie comme tant d’autres citoyens.



Me voilà sincèrement avec beaucoup d’envie de vous rencontrer et de passer de bons moments agréables, unis et plus forts que dans le passé.


Meilleurs vœux à tous malgré cette année si particulière.



Ali Aarrass



 

Est-il nécessaire de confronter la réalité ? par Ali Aarrass 30 décembre 2020​

IMAGINEZ !


Est-il nécessaire de confronter la réalité des pratiques de torture abjectes qu’ils nous ont infligé.


Confronter les règlements et les lois auxquels ils ont voulu nous soumettre ?

Croyez-vous qu’il est important et même nécessaire de s’interroger, sur les tortures qui se pratiquent encore aujourd’hui au Maroc ?


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Comment garder le moral, l’envie de vivre, l’envie de manger ,de résister, la notion du temps.

Comment survivre ?


Comment se surpasser et accepter les épreuves avec le peu de forces que t’as ?

Comment ne pas céder aux propositions ?

Comment rester fort, sans montrer son point faible ?


Vous pouvez vous imaginer, toutes les méthodes atroces que ces tortionnaires ont l’habitude de pratiquer au quotidien pour nous briser !


Oui, même si vous essayez de rester dans une pièce dans l’obscurité, en fermant les yeux dans un silence total, pour imaginer le pire qui puisse vous passer par la tête, vous n’arriverez jamais à comprendre et à imaginer l’horrible que c’est !



Une seule personne, moi, et tous ceux qui ont survécu à toutes ces atrocités, ont une réponse à vous donner…


Je vous demande d’avoir du respect au moins pour ceux qui n’ont pas pu avoir cette chance et ce privilège que moi j’ai eu…



Je me force à dire que d’autres ont la crainte, la soumission et l’obéissance.


Ils pensent que ce sont les attitudes à adopter face aux oppresseurs.


Et d’autres encore pour qui, à la longueur du temps, une violence répétée paraît un droit !!!



Ali Aarrass.

 

Empathie, par Ali Aarrass, 2 janvier 2021​

Avant de me juger, mettez mes souliersz




(photo Avant de me juger, mettez mes souliers)




La transformation de la conscience de l’être humain n’est plus en somme un luxe réservé à quelques individus isolés.


C’est une nécessité, si l’humanité ne veut pas céder à l’autodestruction !



C’est bien pour cela qu’il nous faut fixer un objectif.


Cela nous aidera à raisonner et rester humains pour prendre des décisions et agir dans le bon sens.



Notre cerveau est programmé aussi bien pour compatir les douleurs et les souffrances de l’autre, que pour partager leurs joies, leurs plaisirs.


Ceci prouve qu’on est des humains et des êtres solidaires.

Il nous faut plus de liens pour se fortifier.

Nous savons tous que l’homme est spontanément prédisposé à apporter de l’aide à son semblable.


C’est ce qu’on appelle se mettre dans les souliers de l’autre.

C’est là que la confiance règne entre nous et qu’on ressent l’empathie.


L’incompréhension du présent naît fatalement de l’ignorance du passé.


Mais il n’est peut-être pas moins vain de s’épuiser à comprendre le passé si l’on ne sait rien du présent !



L’un de mes souhaits aujourd’hui, c’est d’arriver à nous entraider à construire la solidarité des vivants, des survivants, et des morts.




Aider à ne pas oublier l’essentiel, le sacré, l’homme digne de ce nom.


Mais pour cela nous ne devons pas rester seuls, nous ne devons pas nous isoler.



Nous devons être débout.


Libérer nos mains et nos regards de tous ces objets qui nous manipulent et nous font perdre un temps précieux.



Pour qu’on puisse enfin avancer vers les autres et leurs tendre nos mains et nos regards.

Pour avancer dans la bonne direction.

Ali Aarrass.


 

Ali Aarrass dénonce les tortures au Maroc : "Avec ces techniques, ils finiront toujours pour avoir gain de​

Ali Aarrass nous a donné rendez-vous dans son petit appartement, à Bruxelles.​

C’est là qu'à 59 ans désormais, l’homme refait petit à petit sa vie, auprès de sa femme Houria, et de sa fille Amina. Une reconstruction pas à pas, après 12 années de privations, d’emprisonnement, et d’épisodes de torture affirme-t-il.​

Douze années passées à purger sa peine dans les prisons marocaines.​

Hanté par ses souvenirs, Ali Aarrass ressasse encore sa disparition au monde.​

"Les conditions de détention en isolement sont très très dures à accepter surtout pour un innocent, dit-il.​

Et le plus dur, c’est d’être entre ces quatre murs, je vous parle surtout du Maroc, et toutes vos doléances, toutes vos demandes, sont bafouées ; là vous vous sentez abandonné."​

Car Ali Aarrass clame surtout son innocence, et cela depuis son arrestation en Espagne.​

Son histoire judiciaire débute pour le grand public le 1er avril 2008.​

En vacances chez son père qui habite dans l’enclave espagnole de Melilla, il est arrêté à la demande des autorités marocaines.​

Ce Belgo-marocain est accusé de trafic d’armes, pour le compte d’une organisation terroriste djihadiste.​

Il va être extradé, puis condamné au Maroc 15 ans de prison, ramenés à 12 ans en 2012.​

Extradé, malgré un non-lieu​

Il passera plus d’un an et demi en prison à Madrid.

La justice espagnole va enquêter sur ses activités présumées, et le juge Baltasar Garzon va conclure à un non-lieu…

Ali Aarrass va tout de même être extradé, les autorités marocaines modifiant leurs charges à son encontre.


Amer, Ali Aarrass sait bien aujourd’hui que c’est cette décision du gouvernement espagnol de répondre positivement à la demande d’extradition, qui déterminera le reste de sa vie :

"S’il y a quelqu’un à qui je devrais en vouloir, c’est le gouvernement espagnol et à José Luis Zapatero (premier ministre socialiste espagnol à cette époque, ndlr), un gouvernement complice avec le Maroc, ajoute Ali Aarrass :


"Et quand on parle du Maroc, on parle du Roi Mohamed VI, et le directeur général de la sûreté marocaine, Abdellatif Hammouchi. Ils sont les responsables de ce massacre, et des tortures abjectes qui m’ont été faites."


Absence de soins médicaux, de nourriture comestible, "on était dans un zoo", raconte-t-il.
Mais surtout, Ali Aarrass dénonce : les aveux sur lesquels s’est basée sa condamnation au Maroc, les seuls éléments fournis publiquement, auraient été forcés, obtenus sous la torture.

Aveux et tortures​

Il raconte avoir subi des maltraitances pendant quatre jours, à son arrivée dans un centre de détention de la DST (Direction générale de la surveillance du territoire) , le centre de Temara. "Ils ont l’habitude de torturer, de massacrer, et ce n’est qu’après qu’ils te posent des questions.

Les scènes de tortures sont horribles, abominables, inhumaines.

On ne peut pas dire que ce sont des aveux, parce qu’à force de torture, après quatre jours, quand je n’ai pas cessé de leur dire que je n’avais rien à voir avec ces accusations, et ces armes qu’ils cherchaient, je me suis dit il faut que j’invente quelque chose. Ce ne sont pas des aveux…

C’est impossible de résister, avec ces techniques, ils finiront toujours pour avoir gain de cause.
"


A ces souvenirs, Ali Aarrass faiblit, ses yeux s’emplissent de larmes.

"Temara, c’est un centre secret, un centre pénitentiaire secret qui est là spécialement pour torturer les citoyens et les citoyennes marocaines.
 
Au moment où j’étais sous la torture, j’ai entendu les cris d’une femme… C’était horrible… C’était horrible de voir une femme crier et eux, ils étaient en train de rigoler. Pour moi ils étaient en train de la violer… C’est connu ils font ça avec plein de gens, d’innocent pour en tirer des aveux. Le centre de Témara c’est un centre où l’on torture… Est-ce qu’on peut dire que c’est un Etat de droit, un Etat démocratique ?"



Plus tard, d’autres éléments vont être interpellants dans ce dossier. Une vidéo montrera Ali Aarras, le dos marqué de coups, dans une cellule de la prison marocaine de Salé 2. Cette vidéo aurait été tournée par un gardien, en 2012, elle sera diffusée par la famille et les avocats d’Ali Aarras en 2015.



Un procès inéquitable ?​


Le Belgo-marocain aurait-il été victime de mauvais traitements lors de sa détention au Maroc ? Ali Aarrass a-t-il été condamné sur la base d’aveux obtenus sous la torture ?


A cette question, le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture, Juan Mendez, conclura après une expertise médicale, que les marques sur son corps étaient compatibles avec ses allégations. Le groupe de travail des Nations Unies sur la détention arbitraire a lui aussi dénoncé la condamnation d’Ali Aarass, son procès n’était pas équitable et ses aveux ont été obtenus sous la torture, estimait-il. Ali Aarrass va entrer plusieurs fois en grève de la faim, pour protester. Les autorités marocaines seront invitées à mener une enquête.
 
Cette enquête a bien eu lieu, réagit aujourd’hui l’ambassadeur du Maroc en Belgique, Mohamed Ameur : "La question de la torture en 2011 a fait l’objet d’une expertise médicale qui a été ordonnée par le parquet, qui a désigné un collège de cinq médecins, qui ont examiné Ali Aarass, et qui ont conclu qu’il n’y avait aucune trace ou lésions, par rapport à des accusations de torture."


Une accusation récente, réfutée​


Mohamed Ameur regrette : "Ali Aarrass est un djihadiste, qui est en train de détourner l’attention des médias et de certains politiques."


Pour les autorités marocaines, qui se réveillent KO après les attentats de 2003 à Casablanca qui ont fait plus de 30 morts, la traque des extrémistes est en cours à cette époque. Et il n’y a aucun doute sur sa culpabilité et son appartenance à la mouvance djihadiste : "Ali Aarrass est un djihadiste qui fait diversion, ajoute Mohamed Ameur, avant même sa libération, il développe un stratagème pour détourner l’attention par rapport à son parcours djihadiste avéré. Ali Aarrass était l’artificier du groupe des Moujahidine, qui a mis son expertise en matière d’armes au service du groupe parce qu’il était un ancien de l’armée belge. Mais c’était aussi l’homme qui assurait le financement du groupe […] Ali Aarrass a introduit des dizaines d’armes au Maroc, avec l’intention de commettre des attentats."
 
Un djihadiste donc, c’est aussi ce qu’affirme tout récemment un autre djihadiste, Aberazzak Soumah, présenté comme un émir du groupe Harakat el Moujahidine. Cet homme, aujourd’hui repenti, dit dans une vidéo YouTube postée il y a à peine quelques jours, connaître Ali Aarrass, qui serait un membre actif de son groupe.


Ali Aarrass réfute, affirme qu’il ne connaît pas l’homme en question, qu’il ne lui a jamais adressé la parole, un homme qui aurait été enfermé dans la même prison que lui. "Cette personne a été arrêtée en 2012, puis graciée, alors qu’elle a été condamnée pour faits de terrorisme, et aujourd’hui, elle est à leur merci !"


Christophe Marchand, avocat d'Ali Aarrass, ajoute que l'enquête diligentée par les autorités marocaines à propos des accusations de torture ne peut pas être satisfaisante ses yeux: "Ils n'ont pas pris en compte les éléments objectifs qui existaient à l'époque, explique-t-il. Et ce n'est pas rien, une enquête médico-légale, effectuée par un médecin légiste, qui est venu le voir avec un représentant des Nations unies, et qui a constaté une série de sévices. On considère donc que c'était enquête qui a été bâclée, qui aurait du donner lieu à des poursuites, mais qui n'a pas donné lieu à des poursuites parce que l'Etat marocain refuse obstinément de voir la réalité en face, et ce que Ali Aarrass a subi à l'époque dans les geôles marocaines."
 

Un citoyen pas comme les autres ?​


Aujourd’hui, Ali Aarrass veut continuer à se battre pour démontrer son innocence, pour "dénoncer tous ces crimes de torture".


Libéré le 2 avril de l’année dernière, après avoir purgé l’entièreté de sa peine, sans remise, ni demande de grâce royale, il a cependant dû attendre des semaines et des mois sur le sol marocain avant qu’une autorisation de monter dans un avion vers la Belgique ne lui soit accordée.


En cette période de pandémie, les rapatriements de Belges à partir du Maroc se font au compte-goutte, et il n’a pas été parmi les premiers choisis. Une expérience qui ajoute à son amertume, et à son sentiment d’être abandonné par toutes les autorités. Ses proches s’étaient déjà mobilisés il y a des années, contre ce qu’ils qualifiaient d’abandon d’un citoyen de la part des autorités belges.
 
Pendant toutes ces années, Ali Aarrass n’a cependant pas cessé d’espérer, "l’espoir, je l’avais surtout en ma famille, dit-il. Ma fille qui se présentait tout le temps tous les jours toutes les nuits, je voulais la voir grandir… Et vivre avec elle des moments comme tout autre père. Oui l’espoir était là tout le temps, mon épouse, mes parents, la sœur, mes frères… Sans espoir, on perd la raison et on tombe, on plie les genoux."



 
Salam je suis prêt…


La première question après mon emprisonnement était : pourquoi moi ? Pourquoi pas quelqu’un d’autre ?


C’est la pièce du puzzle que je n’ai pas encore trouvée ! Même sur les tortures abjectes au centre secret de Temara, je n’ai pas trouvé la réponse à mon puzzle !

L’espoir ne m’a jamais quitté, je me disais que tôt au tard je saurais la vérité…
Malgré l’isolement en Espagne, et aussi malgré qu’à ce moment, je n’avais pas encore été condamné ni extradé au Maroc, l’espoir était là !



J’aimerais que le monde sache que le mot espoir était ma force inébranlable et cela malgré toutes les violations : mon arrestation arbitraire, mon extradition forcée, les tortures abjectes, puis condamné à être jeté en prison comme un criminel…

L’isolement, c’est le silence total, l’insalubrité, l’obscurité, l’humidité, la faim, la coupure du monde extérieur, la censure, la perte de la notion du temps, la négation et la privation de droits fondamentaux, le KO. Il me fallait être fortement convaincu et conscient de mon innocence et surtout je devais me fixer un objectif, je savais que j’étais une victime et que bientôt justice serait bien faite…

Je me rappelle qu’une nuit en dormant je mâchais quelque chose que je n’arrivais pas à avaler, c’était ma couverture…

Preuve de la faim qui me tenaillait. Je m’étais enfermé sur moi-même pour leur montrer mon refus de toutes les injustices qu’ils m’ont infligées. Pour manifester cela, je renonçais à sortir, que ce soir dans la cour ou pour la douche, je devais leur démontrer depuis le début que j’étais innocent.

Le régime carcéral a toujours la possibilité de faire pression sur toi pour te faire changer d’avis. Ils n’aiment pas ceux qui renoncent à leurs droits et moins encore ceux qui entament une grève de la faim.

La nourriture était immangeable, j’étais forcé de la manger pour survivre, je devais rester debout pour me sortir de cette épreuve infernale !

Aussi, par la fenêtre on m’a conseillé de ne jamais montrer mon point faible au maton, ceci afin qu’il n’abuse pas de moi moralement.
Provocation et intimidation : coupure de l’eau dans ma cellule et changement de cellule plus insalubre encore que la précédente.
J’ai compris que la prison, soit elle te brise moralement et physiquement, soit elle te renforce ! Le régime carcéral se fera un plaisir de te rabaisser, de te déshumaniser et de te faire perdre ta dignité d’homme.

Bien sûr, lorsque tu n’as ni culture ni conviction ni personnalité à toi, alors tu deviens une proie facile.
On m’a toujours dit que j’étais têtu. Je n’avais pas compris !


 
Sous la torture, mes tortionnaires me disaient : « Arrête d’être têtu, car tu finiras par nous dire ce que nous voulons ! «

Moi je suis resté sincère et je n’avais rien à leur dire, sauf ce que je crois juste et équitable pour ma personne. Donc être têtu m’a aidé à rester debout pour leur montrer que j’étais innocent et que ma dignité était au-dessus de tout !!!

Les jours, les mois passent dans ces conditions et j’ai remarqué que je me faisais respecter et estimer par certains matons et prisonniers pour mon opposition.


Aujourd’hui je n’ai aucun regret, ni d’avoir fait face et d’avoir défendu certains prisonniers…

Le temps a passé et je savais que j’étais condamné d’avance. Donc, il fallait me faire une place, car ainsi l’avait voulu ma destinée !
Nous devenons solidaires entre nous les prisonniers. Durant toutes ces années d’injustice, j’ai pu constater et découvrir le vrai sens de l’être humain.


La souffrance et les épreuves nous ont unis dans des moments difficiles. La solidarité nous a fortifiés ! J’aimerais dire ceci : Le prisonnier ne doit jamais sous-estimer l’être humain, dans un endroit fermé et coupé du monde, il aura besoin de quelqu’un un jour pour le soutenir et l’encourager et même le défendre pourquoi pas quand on est vulnérable!


Aujourd’hui, tout le monde s’est bien aperçu que le Maroc est une dictature, et que son système politique est une monarchie exécutive et cela est un obstacle pour le peuple et aussi pour le pays. Ceci explique que le gouvernement ne gouverne pas ! Donc le dictateur du Maroc depuis son palais n’a de compte à rendre à personne.


Oui, le Maroc torture ses citoyens en terrorisant, réprimant et emprisonnant ceux qui ont l’audace de critiquer ces criminels !

Le bras de fer, la répression de tous les jours engendrent la dégradation et la peur d’être arrêté et torturé par des créatures sans état d’âme, qui sont là pour exécuter les ordres du dictateur terroriste qui est le roi, et cela même en dehors du Maroc.



Avec des mercenaires qui sont prêts à agir comme des hors-la-loi !!!
Comment peut-on accepter qu’une poignée d’individus, ou un seul, puisse imposer à des millions de citoyens de vivre dans la peur ?

À qui il faut en vouloir donc ? Nous savons tous que l’union fait la force et la différence entre le bien et le mal. N’en avons-nous pas marre de raser les murs, d’être de l’autre côté de la marge, combien de temps resterons-nous cachés dans cette indignation sans précédent?

L’histoire nous a enseigné que tous ceux qui ont commis des crimes ont fini par tomber. Grâce à des hommes et des femmes conscients et courageux, qui ont eu l’audace de les affronter pour leur dire que cela suffit !

En prison, on devait marquer notre présence, par la force des choses, ne serait-ce qu’un seul jour, pour notre dignité humaine.


On nous demandait de nous engager à respecter le « règlement pénitentiaire « alors qu’eux-mêmes ne le respectent pas !

Toutes nos dénonciations et nos doléances étaient détruites et bafouées.


Cela devenait insupportable et inadmissible. Nous étions forcés de manifester pacifiquement : tout le quartier renonçait à sortir à la cour et aux douches, et d’autres refusaient de sortir voir leur famille, afin que celles-ci dénoncent auprès du procureur du roi cette violation et la présumée disparition des prisonniers.


Croyez-moi, cette solidarité entre nous a contraint le directeur à céder et à nous foutre la paix quelque temps…


Notre but n’était pas d’avoir un résultat rapide de notre combat, mais plutôt de participer et de mettre son grain de sable.

Aussi de savoir sur qui compter, car il est facile des fois de contester ou protester contre les conditions de détention, mais le jour venu pour être là quand il le faut, les cœurs téméraires font surface : les jambes tremblent de peur d’être maltraité, torturé ou transféré dans une autre prison.



Les matons savent les reconnaître facilement, ils prennent le prisonnier, on lui pose sa sale main sur le cœur et ils disent : Voilà, celui-ci a peur, il a sûrement des choses à nous dire !!!


Il est difficile dans une prison d’arriver à un résultat efficace contre le régime carcéral.
Il nous fallait être patient et convaincu qu’avec peu d’éléments capables et bien organisés et surtout bien futés, on pouvait arriver à faire entendre notre voix dans le quartier et même à l’extérieur, sur toutes les violations de nos droits fondamentaux et sur les maltraitances.



Depuis le début, j’étais engagé dans ce combat sans m’en rendre compte, vous n’imaginez pas le bien que cela fait de participer et d’avoir acquis certains de nos droits fondamentaux, ne serait-ce que pour peu de temps.

Certains prisonniers de droit commun utilisent leur méthode, la corruption du directeur et des matons. Mais il leur fallait être prêt à verser le montant exigé.
 
Dans mon quartier, ils savent très bien qu’ils n’avaient rien à en tirer, c’était la vulnérabilité, mais surtout la dignité qu’il ne fallait pas toucher ni nous priver d’elle!

Il m’arrive de voir de la fenêtre de ma cellule qui donne vers la cour des prisonniers qui marchent seuls, tête baissée, comme s’ils avaient tous les soucis du monde sur leur dos. Après m’être renseigné sur le pourquoi de ce comportement, j’ai compris.
Ils pensent à leur petite famille, qui va s’occuper d’eux et leur porter secours? Je me suis penché sur cette question et je me disais que j’avais de la chance et d’être privilégié d’avoir une famille et le soutien d’une solidarité d’hommes et de femmes, que je remercie du fond du cœur. Mais il ne fallait pas rester les bras croisés ; j’ai fait courir le message de partager d’abord moralement nos sentiments avec ces prisonniers et de les aider à l’extérieur le jour de visite de sa famille. Cela a demandé un peu de temps, mais on voyait les sourires revenir sur les visages.

J’aimerais souligner ceci: en prison, soit on est humain et l’entraide solidaire surgit pour les humiliés et les vulnérables. Soit on devient des créatures sans raisonnement ni conscience.


 
ALI AARRASS est un ressortissant belge qui s’est fait sauvagement torturer au Maroc, lors de son arrestation, et qui a continué à subir des traitements inhumains et dégradants durant toute sa détention, ce qui est établi par deux décisions du Comité contre la Torture des Nations Unies (affaires 477/2011 et 877/2017).

Fin 2013, quand Ali AARRASS a obtenu la preuve des tortures subies, il a sollicité l’aide de son pays, la Belgique.


Celle-ci lui étant refusée, il a saisi les Cours et Tribunaux de l’ordre judiciaire, en référé (urgence), pour obtenir la protection de son droit au respect de son intégrité physique et psychologique, consacré de manière absolue par l’article 3 de la Convention européenne des droits de l’homme.

Le Tribunal de première instance, puis la Cour d’appel de Bruxelles, lui ont donné raison, en estimant que la marge d’appréciation des Etats, soit le pouvoir d’appréciation quant à l’intervention ou non des services consulaires, était réduite dans l’hypothèse où un individu subissait des maltraitances graves à l’étranger.


Juridiquement, il s’agissait de donner un effet concret à l’article 3 de la Convention européenne des droits de l’homme, en reconnaissant l’existence d’obligation positive pour les Etats.


Pas une obligation de résultat, bien sûr, mais une obligation d’essayer, au moins, d’assister son ressortissant à l’aide des outils que lui procure le droit international.

Les décisions rendues en référé sont exécutoires par provision. Cela signifie qu’elles sont immédiatement obligatoires, ce qui a contraint l’Etat belge à « faire quelque chose ».

Mais, l’exécutif s’est pourvu en cassation et a obtenu gain de cause.


En 2017, la Cour de cassation a jugé que l’Etat belge n’avait aucune obligation vis-à-vis d’Ali AARRASS.

Ali AARRASS a alors introduit un recours auprès de la Cour européenne des droits de l’homme.

Après quatre ans de procédure, la Cour européenne des droits de l’homme a rendu sa décision, le 30 septembre 2021 (affaire 16371/18).

Cette décision est extrêmement décevante. En effet, alors qu’il s’agissait de répondre à la question importante et d’actualité « de savoir si l’État belge avait l’obligation positive d’accorder son assistance consulaire au requérant pour empêcher la matérialisation du risque de mauvais traitement durant son incarcération au Maroc », la Cour considère qu’il est inutile d’y répondre.

Ceci est peu compréhensible dans la mesure où Ali AARRASS avait été contraint de saisir la Cour européenne des droits de l’homme non pas parce que le Juge des référés lui avait donné tort, mais parce que la Cour de cassation, statuant uniquement en droit, avait cassé l’arrêt de la Cour d’appel contraignant l’Etat belge à venir en aide à Ali AARRASS.


Le recours d’Ali AARRASS visait donc principalement à ce que la Cour européenne dise le droit.

Si la Cour européenne des droits de l’homme a finalement « décidé de ne pas décider », il convient de relever que la Cour, dans l’analyse du droit interne pertinent, a souligné que les travaux parlementaires belges liés à la modification du Code consulaire précisait que « la limitation de l’assistance consulaire à un binational dans l’État dont il possède également la nationalité, n’exclut […] aucunement la possibilité pour le poste consulaire ou diplomatique d’octroyer l’assistance humanitaire si elle constate que les droits de l’homme du binational ne sont pas respectés » (point 25). De surcroit, c’est au motif que, selon son appréciation, « les autorités belges ne sont pas restées passives ou indifférentes.



Au contraire, elles ont, en pratique, à plusieurs reprises et notamment après l’ordonnance du président du tribunal de première instance de Bruxelles du 3 février 2014 (paragraphe 13 ci‑dessus), effectué des démarches auprès des autorités marocaines, soit sur une base diplomatique soit pour des motifs humanitaires, pour faire évoluer la situation du requérant » que la Cour européenne a déclaré le recours d’Ali AARRASS irrecevable.
 
Ceci est peu compréhensible dans la mesure où Ali AARRASS avait été contraint de saisir la Cour européenne des droits de l’homme non pas parce que le Juge des référés lui avait donné tort, mais parce que la Cour de cassation, statuant uniquement en droit, avait cassé l’arrêt de la Cour d’appel contraignant l’Etat belge à venir en aide à Ali AARRASS.


Le recours d’Ali AARRASS visait donc principalement à ce que la Cour européenne dise le droit.

Si la Cour européenne des droits de l’homme a finalement « décidé de ne pas décider », il convient de relever que la Cour, dans l’analyse du droit interne pertinent, a souligné que les travaux parlementaires belges liés à la modification du Code consulaire précisait que « la limitation de l’assistance consulaire à un binational dans l’État dont il possède également la nationalité, n’exclut […] aucunement la possibilité pour le poste consulaire ou diplomatique d’octroyer l’assistance humanitaire si elle constate que les droits de l’homme du binational ne sont pas respectés » (point 25). De surcroit, c’est au motif que, selon son appréciation, « les autorités belges ne sont pas restées passives ou indifférentes.



Au contraire, elles ont, en pratique, à plusieurs reprises et notamment après l’ordonnance du président du tribunal de première instance de Bruxelles du 3 février 2014 (paragraphe 13 ci‑dessus), effectué des démarches auprès des autorités marocaines, soit sur une base diplomatique soit pour des motifs humanitaires, pour faire évoluer la situation du requérant » que la Cour européenne a déclaré le recours d’Ali AARRASS irrecevable.


Ceci revient à considérer que, parce que les autorités belges ont respecté des décisions de justice que l’arrêt de la Cour de cassation a annihilées, il n’y a pas lieu de décider si l’arrêt de la Cour de cassation est conforme ou non à la Convention.


Etrange raisonnement.

Pour critiquable que soit le raisonnement tenu et regrettable le refus de statuer sur la question identifiée dans l’arrêt lui-même, il n’en demeure pas moins que, si la Belgique n’a pas été sanctionnée, c’est parce qu’elle a agi, dans une mesure jugée adéquate et suffisante par la Cour, en faveur du respect des droits fondamentaux d’Ali AARRASS.



Autrement dit, dans un contexte politique tendu compte tenu de la « crise syrienne », la Cour a « temporisé ».



Elle a refusé d’avaliser la thèse défendue par l’Etat belge, consistant à dire qu’il n’avait aucune obligation envers les Belges torturés ou victimes de mauvais traitements à l’étranger, et laissé la porte ouverte à d’autres requérants. A d’autres ainsi de reprendre le flambeau porté par Ali AARRASS.

Pour l’équipe de défense

Me Dounia ALAMAT (+32.484.65.13.74; da@v3avocats.be) – Me Nicolas COHEN (+32.470.02.65.41 ; nc@juscogens.be) – Me Christophe MARCHAND (+32.486.32.22.88 ; cm@juscogens.be)





 

Affaire Ali Aarrass: une expertise internationale établit la torture subie par le Belgo-Marocain​



Publié le jeudi 2 Juin 2022 à 13h10
Par Sudinfo avec Belga



Le Comité des droits de l’homme et le Comité contre la torture des Nations Unies ont établi l’existence de violations graves des droits les plus fondamentaux d’Ali Aarrass par l’Espagne puis le Maroc.


Ces deux pays vont-ils enfin le reconnaitre et l’indemniser ? », s’interrogent jeudi, dans un communiqué, trois avocats qui défendent la cause de ce Belgo-Marocain qui avait été extradé vers le Maroc par l’Espagne, le 14 décembre 2010, en violation d’une mesure provisoire ordonnée par le Comité des droits de l’homme des Nations Unies.

Après son extradition, Ali Aarrass a effectivement été détenu dans le centre secret de Témara au Maroc, où, selon sa défense, il a subi des actes de torture extrêmes pendant dix jours : quasi-noyades, pendaisons, viols, coups
incessants, privation de sommeil, etc...


À la suite de ces actes barbares, il a prétendument signé des +aveux+, seul élément de preuve utilisé contre lui pour le condamner à 12 ans d’emprisonnement, qu’il a subi dans des conditions inhumaines et dégradantes », soulignent les avocats pour lesquels Ali Aarrass a subi un déni flagrant de justice.


Les trois avocats, Dounia Alamat, Christophe Marchand et Nicolas Cohen, rappellent que la violation du droit international par l’Espagne a été établie par le Comité des droits de l’homme, en 2010, et que le Comité contre la torture a condamné le Maroc à deux reprises, en 2011 et en 2017, tant concernant la torture et l’utilisation de ces « aveux » en justice, qu’en raison des conditions de détention inhumaines.


Le 26 avril 2022 », poursuivent les trois avocats, « les experts de l’International Réhabilitation Council for Victim Torture (IRCT) et de l’Independent Forensic Expert Group (IFEG), après un examen approfondi respectueux du Protocole d’Istanbul, ont conclu que les preuves physiques et psychologiques présentées au cours de l’examen médico-légal actuel sont hautement cohérentes avec les allégations de torture et de mauvais traitements de M. Ali Aarrass ».
 
Toutes les mesures raisonnables devraient dès lors être prises pour éviter tout nouveau retard dans l’administration de la justice et l’obligation de rendre des comptes dans l’affaire de M. Ali Aarrass, car l’absence de reconnaissance du fait qu’il est victime de torture et l’impunité des auteurs de ces actes ont jusqu’à présent gravement entravé la capacité de M. Ali Aarrass à entamer le processus de guérison », insistent-ils.

La défense d’Ali Aarrass regrette encore qu’à ce jour « ni l’Espagne, ni le Maroc n’ont pourtant témoigné une quelconque volonté de réparer le préjudice irréparable causé à Ali Aarrass », ajoutant que « le Maroc a même continué à défier les instances internationales et à prétendre qu’il serait un +terroriste+ ».

Au vu de cette expertise, « seule conforme aux exigences du droit international », ses avocats invitent une nouvelle fois ces Etats à respecter le droit international, en réparant intégralement le dommage causé de leur fait.
 
Toutes les mesures raisonnables devraient dès lors être prises pour éviter tout nouveau retard dans l’administration de la justice et l’obligation de rendre des comptes dans l’affaire de M. Ali Aarrass, car l’absence de reconnaissance du fait qu’il est victime de torture et l’impunité des auteurs de ces actes ont jusqu’à présent gravement entravé la capacité de M. Ali Aarrass à entamer le processus de guérison », insistent-ils.

La défense d’Ali Aarrass regrette encore qu’à ce jour « ni l’Espagne, ni le Maroc n’ont pourtant témoigné une quelconque volonté de réparer le préjudice irréparable causé à Ali Aarrass », ajoutant que « le Maroc a même continué à défier les instances internationales et à prétendre qu’il serait un +terroriste+ ».
 
Au vu de cette expertise, « seule conforme aux exigences du droit international », ses avocats invitent une nouvelle fois ces Etats à respecter le droit international, en réparant intégralement le dommage causé de leur fait.



 
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