Il faut signaler que toute cette focalisation autour du corps de la femme, de la tentation, du besoin de la soustraire aux regards, etc..., est une élaboration purement humaine basée sur une compréhension figée des versets qui y font allusion. Le Coran parlait du besoin pour la femme de rabattre sur elle son châle, ce qui, dans le contexte de la société très masculine de l'époque, était une signe de distinction sociale qui séparait les femmes mariées des esclaves ou des prostituées, et leur permettait d'éviter d'être importunées.
Or d'un signe d'élévation sociale et de libération d'un statut opprimé, on est parvenu à en faire un symbole de tentation à cacher, et on a formaté les consciences pour considérer la tentation charnelle et le risque de débauche comme naturellement intrinsèques à tout rapport social entre les sexes. Et la burka est la dernière étape sur le chemin de cette diabolisation et de cet anathème croissant jeté sur le corps de la femme.
Tout le ramdam fait autour de la femme "honteuse", toute cette sexualisation outrancière construite autour des rapports entre les sexes, qui mène dans certains cas à une ségrégation totale et sénile entre eux, est le fruit d'une construction humaine, non d'un commandement religieux. Ceux qui la prônent en sont encore à considérer que les rapports sociaux doivent obligatoirement se concevoir aujourd'hui comme ils se concevaient à l'époque de la Révélation, alors que le contexte a changé du tout au tout, et que l'on n'est plus à l'époque d'une société patriarcale et tribale où la femme avait peu si pas de droit du tout. Ils nient le fait que l'évolution est un facteur inhérent et naturel à toute structure sociale. Plutôt alors que de comprendre l'esprit du texte par rapport à son contexte d'époque, pour continuer à l'appliquer dans un contexte changeant, ils figent la norme enfermée dans une interprétation faite aux premiers temps de l'Islam, dans un contexte cognitif donné, et décrétée par les générations successives d'Ulémas conservateurs comme immuable et sacrée.
Aussi longtemps qu'on en restera là, l'obscurantisme prendra le pas sur la raison.