Abdullâh ibn Omar rapporta une fois que le Prophète avait dit : "Le défunt est puni pour les pleurs que ses proches font à sa mort". Ibn Abbâs l'informa alors que Aïcha avait expliqué que le Prophète ne pouvait avoir dit qu'un défunt serait systématiquement puni pour les pleurs de ses proches, car ceci contredisait le verset du Coran offrant la règle générale : "Nulle âme ne portera le péché d'une autre" (rapporté par al-Bukhârî, n° 1226, Muslim, n° 928). En une autre occasion, ayant été informée de ce que Abdullâh ibn Omar rapportait, Aïcha dit : "(Abdullâh) n'a pas menti, il a mal compris." Puis elle expliqua qu'en fait, le Prophète était passé près de la tombe d'une personne morte dans l'incroyance. Les proches de la défunte la pleuraient, et le Prophète dit alors que pendant que ses proches pleuraient sa mort, la défunte était en train d'être punie dans sa tombe pour son incroyance (rapporté par Muslim, n° 932).
La prise en compte de l'honnêteté de celui qui rapporte le Hadîth :
L'apparition de faux Hadîths amena les savants musulmans à faire preuve de plus grande prudence encore. Ainsi, Bushayr al-'Adawî se rendit un jour auprès de Ibn Abbâs et commença à citer devant lui de nombreux Hadîths : "Le Prophète a dit :
". Mais Ibn Abbâs ne prêta pas grande attention à cela. Bushayr le lui fit remarquer : "Je te cite des Hadîths du Prophète et tu ne m'écoutes même pas ?""Il fut un temps où, lorsque nous entendions quelqu'un dire : "Le Prophète a dit
", nous nous tournions vers lui avec nos yeux et nos oreilles. Mais depuis que les gens ne font plus attention, nous ne prenons plus que les Hadîths que nous connaissons" (rapporté par Muslim, al-Muqaddima). Ibn Abbâs fit :
Un événement amena également ces savants à être particulièrement prudents : l'apparition des tendances déviantes (kharijites, etc.). Ibn Sîrîn explique : "(Dans les premiers temps,) les savants ne questionnaient pas au sujet des chaînes de transmission. Mais depuis l'épreuve (fitna), ils se sont mis à dire : "Dites-nous quels hommes (ont rapporté ce Hadîth) !"
" (rapporté par Muslim, al-Muqaddima).
Dans le même ordre d'idées, voici ce que al-Mughîra affirmait : "Il n'y a que les élèves de Ibn Mas'ûd qui rapportent de façon véridique les paroles de Alî" (rapporté par Muslim, al-Muqaddima).