@biiovibs , ben si, c’est bien ce que je pensais, l’expression « théorie du genre » est bien une mauvaise traduction de l’expression anglophone gender studies, au moins d’après le HuffingtonPost.
La théorie du genre, nouveau cheval de bataille de la Manif pour tous (huffingtonpost.fr). Juin 2013.
L'utilisation de l'expression « théorie du genre » est contestée par de nombreux chercheurs estimant que le genre n'est pas une théorie mais plutôt un outil ou une méthode qu'ils utilisent ponctuellement62,63,64.
Ainsi, le sociologue Éric Fassin insiste sur le fait que « le genre est un concept. Ce n'est ni une théorie ni une idéologie, mais un outil qui aide à penser »1. L'expression « théorie du genre » serait, selon Laure Bereni, une tentative de faire croire qu'il existe une stratégie politique unifiée derrière les études de genre62.
Pour Joan W. Scott, « Quoi qu’en disent les catholiques […] il n’y a pas de “théorie du genre” — la “théorie du genre” est une invention qui a remplacé le communisme dans la rhétorique du Vatican. » Pour elle, cette expression est utilisée par « les adversaires du “genre” » qui entendent faire valoir que les différences entre femmes et hommes établissent « une complémentarité qui justifierait selon eux une inégalité39. » Pour Bruno Perreau, « la “théorie du genre” n'existe que dans la tête des opposants à l'égalité des droits. Cette croyance repose sur le fantasme selon lequel le sexe et la sexualité pourraient être déterminés par un simple discours »65.
L'expression « théorie du 46 : alors que l'anglais « 66, le sens français de « théorie » est celui d'une « construction intellectuelle méthodique et organisée de caractère hypothétique »67. Pour François Cusset, cité par Éric Aeschimann dans un article du Nouvel Observateur, « aux États-Unis, le mot “theory” désigne un discours critique à contenu philosophique mais qui a dépassé le cercle des philosophes. » Et pour Aeschimann, « a contrario, en français, la “théorie” peut renvoyer à un système de pensée très cohérent, et alors en effet, le genre n’est [pas] une théorie. »68.
Le journaliste Éric Aeschimann, après avoir rappelé que, pour les « défenseurs du genre », la « théorie du genre » n'existe pas, le genre étant un « concept » ou un « champ d'étude », considère que le terme de théorie est approprié pour désigner non pas une « doctrine unifiée », mais « l’hypothèse que les identités sexuelles ne sont pas biologiquement déterminées, mais socialement construites »68.
Cependant, pour d'autres chercheurs, l'emploi de « théorie du genre » au singulier masquerait la pluralité de thèses aussi différentes que celles de Judith Butler ou Christine Delphy46. Ainsi, dans un contexte universitaire, lorsque l'expression « théories du genre » est employée, c'est presque toujours au pluriel : Anne-Emmanuelle Berger affirme ainsi que « la théorie du genre n'existe pas. Il en existe une multitude »69 et Judith Butler que « les théories du genre existent au pluriel70. »
L'expression « théorie du genre » employée par Vincent Peillon, ministre de l'Éducation nationale en mai 201371,72 suscite de nombreuses réactions dans le monde des sciences sociales73 et notamment la publication d'une tribune, signée par une centaine d'universitaires, qui indique qu'« il n’y a pas “une” théorie du genre, fantasme entretenu par ceux et celles que la perspective d’une égalité effective dérange ou effraie, mais “des” études de genre. »64,74. Après avoir employé l'expression en 201175, Najat Vallaud-Belkacem juge en 2013 l'expression impropre76.
Toutefois, pour le journaliste Éric Aeschimann, « théorie » a également le sens d'« hypothèse » : « En faisant l’hypothèse que les identités sexuelles ne sont pas biologiquement déterminées, mais socialement construites, le concept de “genre” a ouvert un espace de réflexion, de recherches et de pratiques très variées », ainsi, dans ce sens, il n'est « pas erroné de parler de “théorie”, même s’il n’existe pas une doctrine unifiée68. »
http://fr.wikipedia.org/wiki/Théorie_du_genre