Abou Hourayra (que Dieu l'agrée) a dit :
Quand Dieu le Tout-Puissant accorda à l'Envoyé de Dieu la victoire lors de la conquête de La Mecque, l'Envoyé de Dieu se leva parmi la foule, loua Dieu, proclama Sa gloire et dit : "Dieu a préservé La Mecque de l'Eléphant (Allusion à l'invasion d'Abraha); mais Il a rendu l'Envoyé de Dieu et les Croyants maîtres de cette ville. Elle a été rendue inviolable pour tous ceux qui m'ont devancé; elle n'a cessé d'être sacrée pour moi que durant un certain laps de temps, et elle ne cessera jamais de l'être après moi pour personne. Il est prohibé d'effaroucher son gibier, de couper ses épines, de ramasser les objets qu'on y trouve sinon pour annoncer leur trouvaille à leurs propriétaires. Les siens de celui qui y aura été victime d'un meurtre, auront le choix entre ces deux partis : ou bien l'acceptation du prix du sang ou bien l'exercice du talion contre le meurtrier".
- "Ô Envoyé de Dieu! Fais une exception pour l'Idhkhir, demanda Ibn 'Abbâs, car nous faisons usage de cette plante dans nos tombes et nos maisons". - "Exception est faite pour l'Idhkhir", répliqua l'Envoyé de Dieu (paix et bénédiction de Dieu sur lui). Alors un homme du Yémen, Abou Châh se leva et dit : "Ô Envoyé de Dieu! Qu'on me mette ceci par écrit". - "Mets ceci par écrit pour Abou Châh!", ordonna l'Envoyé de Dieu (paix et bénédiction de Dieu sur lui).
Sahih Muslim, Chapitre : Pèlerinage, Numéro 2414.
Ainsi, si le Prophète Muhammad(saws) a ordonné la loi du talion, cela veut dire que les familles ont souhaité son application. Le Prophète, sws, invitait en permanence à pardonner comme le compagnon, Anas Ibn Malîk le dit : "Chaque fois qu'un cas où le talion était applicable était présenté au Prophète, il recommandait (aux proches de choisir) le pardon" (rapporté par Abû Dâoûd, n° 4497).
Ceci parce que Dieu le dit dans le Coran :
[5:45]
Et Nous y avons prescrit pour eux vie pour vie, oeil pour oeil, nez pour nez, oreille pour oreille, dent pour dent. Les blessures tombent sous la loi du talion. Après, quiconque y renonce par charité, cela lui vaudra une expiation. Et ceux qui ne jugent pas d'après ce qu'Allah a fait descendre, ceux-là sont des injustes.
[24:22]
Et que les détenteurs de richesse et d'aisance parmi vous, ne jurent pas de ne plus faire des dons aux proches, aux pauvres, et à ceux qui émigrent dans le sentier d'Allah. Qu'ils pardonnent et absolvent. N'aimez vous pas qu'Allah vous pardonne ? Et Allah est Pardonneur et Miséricordieux !
[3:133]
Et concourez au pardon de votre Seigneur, et à un Jardin (paradis) large comme les cieux et la terre, préparé pour les pieux,
[3:134]
qui dépensent dans l'aisance et dans l'adversité, qui dominent leur rage et pardonnent à autrui - car Dieu aime les bienfaisants
Le Prophète(saws) ne peut pardonner que dans le cas où le mal lui est destiné, non pas dans le cas où l'on fait du mal à autrui. Imaginez qu'un homme assassine le fils de votre voisin, puis lors du jugement du meurtrier vous intervenez en disant : "Je pardonne au meurtrier". Et le voisin risquera de rétorquer avec colère: "Mais est-ce mon fils ou le tient que je ne reverrai plus jamais?".
Sinon, le Prophète(saws), d'ordinaire pardonnait. Aïsha rapporte, dans les recueils de Hadîths authentiques :
"… Le Prophète (paix et salut sur lui) ne répondait pas au mal par le mal, mais il pardonnait et ne tenait pas rigueur" (c'est-à-dire : n'était pas rancunier).
'Aïsha (que Dieu l'agrée) rapporte: "Chaque fois qu'on a laissé au Messager de Dieu (paix et salut sur lui) le choix entre deux solutions, il en prenait toujours la plus aisée tant qu'il ne s'agissait pas d'un péché. Quand c'était un péché il en était le plus éloigné. Le Messager de Dieu (paix et salut sur lui) ne s'est jamais vengé pour lui-même sauf quand l'une des limites sacrées de Dieu était transgressé et, dans ce cas, il se vengeait pour Dieu l'exalté"
Source :
http://www.doctrine-malikite.fr/index.php?action=article&numero=62
Nous disposons justement d'un cas d'école pour expliquer cette nuance: Une femme juive de Khaybar fit cadeau une fois au Prophète(saws), d'une brebis empoisonnée [ce qui est une preuve de la licité du fait d'accepter le cadeau d'un non-musulman]. Il en mangea ainsi qu'un de ses compagnons. Celui-ci décéda au contraire de Muhammad sws. Puis l'on demanda au Prophète si il fallait exécuter cette juive. Mais il répondit que "non", et lui pardonna, à titre individuel. Elle sera finalement tuée par la suite à la demande de la famille du compagnon du Prophète sws en vertu de la loi du Talion.