Je pense qu'il faut relativiser ce genre de propos un peu moralisants… Croire est la base un choix purement personnel et subjectif, et doit être respecté comme tel, y compris pour ceux dont l’éducation ou le parcours de vie personnel ne les a pas amenés à croire. Quelle que soit notre foi, nous sommes croyants le plus souvent par nos parents et notre milieu d’éducation. Naître dans un autre milieu aurait probablement eu bien moins de chances, pour nous musulmans, de nous guider vers l’islam. Chaque religion prétend détenir la vérité, et ce genre de propos « j’espère qu’un jour tu puisses comprendre », on l’entend tout autant dans la bouche de chrétiens ou de juifs, et ils le pensent aussi sincèrement que nous… A partir du moment où la foi n’est pas le fruit d’une évidence mathématique, d’une démonstration tellement flagrante que ne pas croire relèverait de l’illogisme ou de la mauvaise volonté, la non-adhésion à une foi ne peut être considérée comme un refus de « bien penser ». Je comprends dès lors qu’il puisse paraître illogique, aux yeux de non-croyants, de penser que ce soit l’appartenance à une foi – laquelle relève souvent des hasards de la naissance ou de l’éducation, facteurs sur lesquels nous n’avons pas de contrôle en tant que sujet – qui conditionne le jugement qui nous sera réservé. Je vois celui-ci bien davantage comme relevant des actes posés, de nos intentions, de ce que nous avons fait de positif de notre vie pour nous-mêmes ou pour les autres. Dans cela, je ne conçois pas que le croyant ait nécessairement le monopole du bienfait ou du bien-agir, même si sa foi bien entendu peut l’y guider.
La subjectivité va plus loin encore… cette manière de devoir comprendre Dieu et ses œuvres à laquelle tu fais allusion, relève aussi d’une approche cognitive nourrie à la base par la foi que tu as, et qui peut très bien ne pas obligatoirement épouser celle d’un autre. C’est parce que tu es musulman que tu vois la perfection du monde comme un signe de Dieu, il n’y a pas lieu, je pense, de penser que quiconque se doit obligatoirement de percevoir le sens du réel à travers ce même filtre. Toute adhésion à une foi, y compris celle de ne pas croire, donne une certaine orientation au regard que l’on pose sur le monde ou la vie. Mais ce regard ne doit jamais oublier qu’il est et demeure éminemment lié à cette foi, et donc subjectif, et ce même si on a la conviction de détenir la vérité, ce que nous musulmans avons autant que les autres confessions ou que l’athéisme.