La Palestine est le laboratoire de l’armée israélienne
vendredi 29 mai 2009 - 06h:57
Patricia R. Blanco - El Païs
Selon Jeff Halper, Directeur du Comité israélien contre les démolitions de maisons (ICAHD), « derrière une façade de mécanismes administratifs anodins, Israël a mis en place un régime répressif, visant à nier de façon permanente l’autodétermination, la citoyenneté et des droits humains et civils fondamentaux des Palestiniens . La construction de près de 250 colonies juives de peuplement, la démolition de quelques 24.000 maisons palestiniennes, le blocus économique et la construction d’un mur aussi haut que celui de Berlin et cinq fois plus long » a confiné la population palestinienne dans 70 enclaves ne pouvant communiquer entre elles. « Comment est possible un pays souverain dans ces conditions ? » se demande Halper.
La matrice de contrôle est un dédale de lois, d’ordres militaires, de plans, de limitations à la circulation des Palestiniens dans l’intérêt de la sécurité, de bureaucratie kafkaïenne, de colonies et d’infrastructures », dont l’unique fonction consiste à : dissimuler l’occupation et montrer les Palestiniens comme un peuple qui refuse la « bonne gestion » israélienne. « Quand ils s’insurgent contre l’occupation, comme cela s’est produit dans les deux Intifadas, les opérations militaires israéliennes sont présentées sous le prétexte de l ’autodéfense », a déclaré le militant et candidat pour le Prix Nobel de la paix.
La stratégie israélienne n’est pas seulement de protéger « la terre sacrée face à l’ennemi Arabe : Israël est devenu le pays pionnier dans le développement d’un modèle exportable pour emmagasiner et stocker les excédents humains. » Et la communauté internationale observe et apprend car il y a « beaucoup plus d’excédents humains » dans le monde. « Les Palestiniens ont été définis comme une population qui n’a pas besoin d’un Etat et qui peut rester contrôlée pour toujours », dit le directeur de l’ICAHD.
« La logique économique et militaire du capitalisme mondial » exige, en même temps, une solution pacifique au conflit du Moyen-Orient. Israël a des intérêts politiques et économiques dans ses incursions en Palestine, estime que Halper qui a obtenu la citoyenneté palestinienne après avoir rompu le blocus de la bande de Gaza en août dernier. D’un point de vue politique, l’attaque de Gaza pendant trois semaines a permis de « ressusciter l’image d’Israël comme un allié dans la guerre contre le terrorisme après l’humiliante défaite dans la guerre au Liban de l’été 2006 »
D’un point de vue économique, « la bande de Gaza a été un exercice de combat en zone urbaine, » l’occasion de tester sur le terrain de nouvelles armes et tactiques de défense dans des zones à forte densité de population.
« Testé dans la bande de Gaza, à Naplouse ou à Faluja », explique Jeff Halper, c’est l’une des marques les plus rentables d’Israël, pour « la vente de véhicules aériens sans équipage aux États-Unis, au Royaume-Uni, au Canada et aux autres pays dans la guerre Afghanistan ». La Chine, le Sierra Leone et la police mexicaine figurent aussi parmi ses clients. « 60% des exportations israéliennes sont du matériel ou articles en relation avec la sécurité » une nouvelle preuve, selon Halper, « que les territoires palestiniens sont devenus un laboratoire d’essais de l’armée d’Israël. »