Témoignage: 'En Israël on ne loue pas aux arabes'
[ 23/03/2010 - 17:11 ]
Les familles Zakai et Tarabin pourraient être l’image même de la coexistence pacifique entre les peuples, un modèle à imiter en Israël.
Mais Natalie et Weisman Zakai racontent que ces trois dernières années - depuis que le couple juif proposa de louer sa maison à des amis bédouins, Ahmed et Khalas Tarabin - ont été un véritable enfer.
«J'ai toujours aimé Israël", déclare Mme Zakai, 43 ans. "Mais la découverte de l’intensité du racisme de nos voisins (juifs) m’a fait m’interroger sur la raison de notre présence dans ce pays».
Trois des six chiens du couple ont été mystérieusement empoisonnés, la voiture de Mme Zakai a été taguée avec les mots "amoureux des arabes" [arab lover] et ses fenêtres brisées; ses trois enfants à l'école sont régulièrement insultés et victimes d'intimidation par d'autres élèves, et une collection de voitures anciennes dans la cour de la maison a été détruite dans ce que la police à désigné comme un incendie volontaire.
En plus de ce harcèlement, les Zakaï ont dépensé des milliers de dollars dans un combat judiciaire de trois ans contre les élus de leur commune de Nevatim, dans le sud du Negev, qui ont juré d’empêcher les Tarabin d’emménager dans la maison.
La semaine dernière, la procédure judiciaire intentée par les Zakaï paraissait sans espoir. La Cour suprême a dit aux deux familles que les Tarabins devraient soumettre leur demande à l’approbation d’un comité de responsables locaux pour évaluer leur aptitude à vivre dans cette commune (une exigence unique dans l’histoire pour la location d’une maison).
"La décision de la commission est connue d'avance", a déclaré M.Tarabin.
Les chances pour que des Juifs et des Arabes vivent ensemble - en dehors d'une poignée de villes - sont à peu près nulles parce que la ségrégation est stricte dans les communes rurales, a déclaré Alaa Mahajneh, un avocat représentant la famille Zakai.
Israël a nationalisé 93% du territoire du pays, en confinant la plupart de ses 1,3 millions de citoyens arabes, un cinquième de la population, dans environ 120 communes qui existaient déjà au moment de la création de l'Etat en 1948.
Dans le même temps, plus de 700 communes rurales, y compris Nevatim, sont restées exclusivement réservées aux juifs, en exigeant que toute personne qui veut y acheter une maison se soumette aux procédures de filtrage des comités locaux, qui sont utilisées pour éliminer les candidats arabes.
Mais M. Mahajneh, du centre juridique Adalah pour la minorité arabe, a noté que la justification légale pour une telle ségrégation était censée avoir pris fin il y a une décennie, lorsque la Cour suprême a soutenu la cause d’un ménage arabe, les Kaadan, qui s’était vu interdire de résidence par un comité local de Katzir, dans le nord d'Israël.
Bien que les Kaadans aient finalement été autorisés à déménager à Katzir, l'affaire n’a eu que peu d’effet positif pour les autres familles arabes.
En fait, dit M. Mahajneh, la décision concernant les Zakaï démontre que nous avons régressé.
Les Kaadans ont gagné le droit d'acheter une maison dans une communauté juive, tandis que la famille Tarabin ne cherche qu’une location à court terme de la maison des Zakaï.
Les Zakaï ont déclaré avoir été informé par les fonctionnaires de Nevatim, une communauté de 650 Juifs à quelques kilomètres de la ville de Beersheva, que cela ne serait pas un problème de louer leur maison.
Mme Zakai a présenté les cartes d'identité de Tarabin aux bureaux de la collectivité pour les formalités administratives de routine. "Lorsque je lui ai remis les cartes, l’employé a examiné la carte et dit: « Mais ils sont musulmans ».
Plus tard, selon Mme Zakai, le chef du conseil, Avraham Orr, a téléphoné pour leur signifier que pour venir s’installer, les arabes « devraient passer sur son cadavre ».
Mme Zakaï raconte que plusieurs semaines plus tard, deux hommes menaçants sont venus à leur porte pour les avertir de ne pas louer à des arabes. Peu après, 36 voitures appartenant à la société de location de véhicules de Mr Zakaï ont été incendiées.
Puis, sans avertir les Zakaï, les autorités locales de Nevatim sont allées voir un tribunal local pour obtenir une ordonnance les empêchant de louer leur maison. Le couple se bat contre cette décision depuis ce jour.
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