Manifestations du 11 janvier : ceux qui n’étaient pas là…
L'absence du président, ou même du vice-président des États-Unis pose question.
Oui, les rassemblements de ce dimanche 11 Janvier 2015, en France et également dans certaines capitales étrangères, resteront comme un marqueur historique puissant et peut-être fécond s’il place la liberté et les cohésions nationales et européennes au-dessus (ou au-delà) de Charlie. Dans ce pays qui a le culte de la commémoration chômée, on balisera sans doute le calendrier (définitivement grégorien !) d’un nouveau jour férié dédié au refus des obscurantismes liberticides. « La journée sans menace » ?
Des cohortes pacifiques et calmes de citoyens, d’origines sociales et familiales diverses, se sont rassemblées dans toutes les villes de France sans incident, ce qui est notable. Des représentants d’États étrangers ont fait l’honneur à la France meurtrie d’une présence publique. Mais si l’on a pu voir des personnalités fortes, il y avait, me semble-t-il aussi, des absents que la frénésie médiatique a évidemment oubliés derrière les presque 4 millions de participants imaginatifs et patients.
Parmi les représentants éminents de pays « amis », l’absence du président, ou même du vice-président des États-Unis (puisqu’ils ont la chance de disposer d’un spare) pose question. Fâcherie, absence de motivation ou renseignements incomplets, ce qui serait un comble ! Malgré ou à cause de la participation de Benyamin Netanyahou ? Ou alors incompatibilité avec quelque personnage dont les images télévisées pourtant volubiles n’ont pas montré le visage ? Rappelons-nous que le président Chirac fut pourtant le premier chef d’État à survoler le site sinistré du World Trade Center à New York en 2001…
Un important pays de l’Est européen a fait aussi défaut, me semble-t-il. Sauf mauvaise information, je n’ai pas vu ni entendu parler d’un représentant de la Pologne. Le silence des médias me suggère que je me trompe mais des preuves de présence me rassureraient sur la cohésion de l’Union.
Lire aussi : Attentat contre Charlie Hebdo : le bal des hypocrites
Un pays ami du Maghreb était également absent, alors que les drapeaux chérifiens fêtaient naguère la victoire de François Hollande avec quelques autres fanions africains. Mais il paraît que les relations sont actuellement tendues avec le Maroc. Question de caricature, nous dit-on, alors que des Émirats plus orthodoxes avaient fait le voyage ainsi que le courageux roi Abdallah II de Jordanie et la reine, très visibles dans le front des sommités.
Pas de nation asiatique représentée, même la plus emblématique du Japon. Il est vrai que la collectivité nippone n’est pas confrontée au choc des communautés exogènes et que sa société est restée lisse, quand bien même elle aurait subi les fous sectaires du métro de Tokyo.
Pour rester dans la même tonalité, je n’ai pas constaté une présence marquée de Français d’origine asiatique, soit que cette population est peu nombreuse, soit qu’elle maintient, à son habitude, la manifestation communautaire en sourdine, contrairement à d’autres.
Enfin, le score de rassemblement des villes françaises est très intéressant, qui mériterait attention des hommes politiques sinon des sociologues. On constate, selon les chiffres publiés dans la presse, un taux de participation record de Grenoble, suivie par Lyon, Brest, Rennes et quelques autres, quand Marseille, cité symbolique du patchwork ethnique et culturel, a semblé bouder ce dimanche et clôt le classement vers le bas.
Comprenne qui peut !
Henri Gizardin
mam