La bhagavad-gita en toute simplicité

Pour qu’un corps, constitué de matière par définition, se meuve ou se reproduise et qu’il manifeste des qualités ou des attributs, il doit être habité par un esprit. Le soleil, l’arbre ou le lac sont, comme bêtes ou humains, hantés par un esprit. Les eaux des rivières ou des lacs, par exemple, ont chacune des propriétés différentes et curatives, parce qu’elles sont propres et vivantes avant tout. Elles ne peuvent pas l’être -propres et vivantes- sans qu’un esprit ne les anime.

La vie dans un corps quelconque implique la présence de la conscience, de l’esprit, de la personne ou de l’âme, toutes représentations dont purusha est le générique. À noter que celui-ci implique comme corolaire la mémoire et l’intelligence, aussi fragiles soient-elles.
 
Je terminerai ce onzième chapitre sur les paroles de Sanjaya*, le narrateur de la Bhagavad-gita, pour nous faire une meilleure idée de ce que signifiait le panthéisme à l’origine, fort différent faut-il encore préciser, de celui que l’on accorde à Spinoza ou de la religion cosmique d’un Einstein. Mais avant, je voudrais revenir sur un point concernant la transmission du savoir.

Je disais qu’Arjuna fut le seul à voir la forme universelle, à l’exception de rares individus dont Sanjaya faisait partie. Il y a donc là une capacité à voir ce que d’autres ne peuvent pas grâce à un pouvoir surnaturel, en l’occurrence Dieu. Il en va de même pour l’ouïe.

(Je n'ai pas terminé ce point, je reviens.)

* Photo : http://3.bp.blogspot.com/-uT4VPoEz-...k/fuS3-wJOBRI/s1600/Dhritarashtra_Sanjaya.jpg
 
De toute évidence, quand on parle de yoga il y a cinq mille ans, c’est beaucoup de cela qu’il s’agit, et non de gymnastique, comme on se l’imagine, les Grecs nous ayant laissé entendre cette piètre réduction de ce que fut une science immense. Puis les monothéismes ont ajoutèrent une autre couche, épaisse. Sans parler de notre inclinaison légendaire à n’entendre et à nous souvenir que de ce que nous voulons bien. Et d’oublier le reste, un phénomène bien identifié et intégré, sous forme de pardon par exemple, pour permettre la cohésion de nos sociétés lorsque la barbarie a fait des siennes, à toute bride.

Alors le mal côtoie le bien comme larrons en foire.

« Tout fœtus est moins humain qu’un cochon adulte », selon Richard Dawkins. Souvent, la mentalité démoniaque devient la référence civilisatrice. Pour ne citer que ce cas notoire, on gratifiera Fritz Haber du prix Nobel : en clair et pour faire court, celui qui inventa les gaz responsables de la mort atroce de centaines de milliers de soldats durant la première guerre mondiale, permit également l’invention des produits chimiques que l’on répand sur nos récoltes avec toutes les conséquences abominables que nous commençons à découvrir aujourd’hui.
 
Il a ceux qui aiment parler de Dieu mais Le noie dans un océan d'abstractions.

Ce faisant, ils n'expliquent jamais le sens, alors, de ses pouvoirs, notamment celui de parler, d'entendre ou de voir (pouvoirs assez insignifiants, en somme. ) Ce qu'Il fait souvent pourtant. Comme dans la Bhagavad-gita, plus particulièrement. Dieu y parle. Et très sérieusement.

Pourtant, étrangement, la plupart des gens ignorent l'existence de ce dialogue important entre krishna et Arjuna.

Puis ces philosophes et ces scientifiques trompettent, siècle après siècle, être à la recherche de Dieu. Évidemment, un Dieu sans forme et dénué de sens. Dogmatiques, ils ont érigé une culture spirituelle qui interdit toute tentative de s'extirper des eaux de cet océan d'abstraction.

"Incroyable misère des moralistes abstracteurs qui, des siècles durant, imposent par le glaive l'idole verbale biblique ou coranique à l'exclusion des autres et croient détenir l'esprit pur !"
E. Faure, L'Esprit des formes.
 
Alors le mal côtoie le bien comme larrons en foire.

« Tout fœtus est moins humain qu’un cochon adulte », selon Richard Dawkins. Souvent, la mentalité démoniaque devient la référence civilisatrice. Pour ne citer que ce cas notoire, on gratifiera Fritz Haber du prix Nobel : en clair et pour faire court, celui qui inventa les gaz responsables de la mort atroce de centaines de milliers de soldats durant la première guerre mondiale, permit également l’invention des produits chimiques que l’on répand sur nos récoltes avec toutes les conséquences abominables que nous commençons à découvrir aujourd’hui.


Tiré de la Bible:
Josué 6.16. A la septième fois, comme les sacrificateurs sonnaient des trompettes, Josué dit au peuple: Poussez des cris, car l'Éternel vous a livré la ville!
6.17 La ville sera dévouée à l'Éternel par interdit, elle et tout ce qui s'y trouve; mais on laissera la vie à Rahab la prostituée et à tous ceux qui seront avec elle dans la maison, parce qu'elle a caché les messagers que nous avions envoyés.
6.18 Gardez-vous seulement de ce qui sera dévoué par interdit; car si vous preniez de ce que vous aurez dévoué par interdit, vous mettriez le camp d'Israël en interdit et vous y jetteriez le trouble.
6.19 Tout l'argent et tout l'or, tous les objets d'airain et de fer, seront consacrés à l'Éternel, et entreront dans le trésor de l'Éternel.
6.20 Le peuple poussa des cris, et les sacrificateurs sonnèrent des trompettes. Lorsque le peuple entendit le son de la trompette, il poussa de grands cris, et la muraille [de Jéricho] s'écroula; le peuple monta dans la ville, chacun devant soi. Ils s'emparèrent de la ville,
6.21 et ils dévouèrent par interdit, au fil de l'épée, tout ce qui était dans la ville, hommes et femmes, enfants et vieillards, jusqu'aux boeufs, aux brebis et aux ânes.

Tiré du Coran:
33:50 "Ô Prophète! Nous t'avions rendu licites tes épouses à qui tu avais apporté leur salaire d'honneur, celles aussi des esclaves en ta possession qu'Allah t'avait données en butin; de même les filles de tes tantes paternelles, et les filles de ton oncle maternel, et les filles de tes tantes maternelles, —celles qui avaient émigré en ta compagnie, —ainsi que toute femme croyante qui avait fait don de sa personne au Prophète, pourvu que le Prophète voulût se marier avec elle. Privilège pour toi à l'exclusion des autres croyants, Nous savons ce que nous avons fixé comme règle sur eux au sujet de leurs épouses et leurs captives qu'ils possèdent;- ce afin qu'il n'y eût aucun blâme contre toi. Et Allah est Grand Pardonneur, Très Miséricordieux"

Faut croire que la référence civilisatrice démoniaque est largement antérieure aux sieurs Dawkins & Co. :D:npq:
 
Il a ceux qui aiment parler de Dieu tout en le noyant dans un océan d'abstractions, comme s'il était simplement un concept énergétique sophistiqué et mystique, sans plus. Ce faisant, ils n'expliquent jamais la signification, alors, de ses pouvoirs, notamment ceux de parler, d'entendre ou de voir. Ce qu'Il fait souvent pourtant, comme dans la Bhagavad-gita, plus particulièrement. Dieu y parle. Et très sérieusement. (Pouvoirs assez insignifiants en ce qui le concerne, à vrai dire.)
 
Il a ceux qui aiment parler de Dieu tout en le noyant dans un océan d'abstractions, comme s'il était simplement un concept énergétique sophistiqué et mystique, sans plus. Ce faisant, ils n'expliquent jamais la signification, alors, de ses pouvoirs, notamment ceux de parler, d'entendre ou de voir. Ce qu'Il fait souvent pourtant, comme dans la Bhagavad-gita, plus particulièrement. Dieu y parle. Et très sérieusement. (Pouvoirs assez insignifiants en ce qui le concerne, à vrai dire.)

Dieu a créé l'homme avec ces facultés. Pas étonnant qu'il puisse les avoir et les pratiquer. Qui peut le plus peut le moins, non?
 
Une personne? Qu'est-ce que c'est exactement?
Je me suis déjà exprimé sur la signification du mot persona, quand je discutais avec Docours à propos de Spinoza.
Une personne, c'est un être avec qui tu peux échanger idealement grâce aux sens et avoir une relation personnelle. Cela signifie qu'elle peut comprendre tes intentions et réciproquer.
 
Étrangement, la plupart des gens ignorent volontairement l'existence de ce dialogue important entre krishna et Arjuna, si crucial pour la compréhension de l'âme et de la conscience.
 
Puis ces philosophes et ces scientifiques trompettent, siècle après siècle, être à la recherche de Dieu. Évidemment, un Dieu sans forme et dénué de sens. Un Dieu impersonnel. Dogmatiques, ils ont érigé une culture spirituelle interdisant toute tentative de s'extirper des eaux de cet océan d'abstraction.

"Incroyable misère des moralistes abstracteurs qui, des siècles durant, imposent par le glaive l'idole verbale biblique ou coranique à l'exclusion des autres et croient détenir l'esprit pur !"
E. Faure, L'Esprit des formes.
 
J'écrivais dans l'introduction à ce fil de discussion qu'il est rare de tomber sur quelqu'un qui ait lu la Bhagavad-gita. Encore plus rare de l'avoir lu sérieusement. Que dire d'en comprendre la signification. Comme ce que représente l'idée de personne et de relation personnelle avec Dieu.

Je pensais à cela hier, en attendant le bus. Je venais de visiter un temple bouddhiste (je suis au Laos) où Dieu est étrangement représenté sous la forme personnelle du Bouddha Gautama (sans que les dévots comprennent le sens de toutes ces iconographies, par exemple l'immense serpent aux têtes multiples qui se dresse derrière lui).

Bref, pour répondre à la question de l'intervenant précédent j'ai écrit ceci:

Qu’est-ce qu'une personne ? Au téléphone ou à travers l'internet, avec un interlocuteur que l'on ne connaît ni d'Adam ni d'Eve, la relation reste impersonnelle en grande partie. Seulement lorsqu'on se rencontre l'aspect personnel s'affirme. La vue, surtout, la vibration sonore et la gestuelle sont alors présents et témoignent indiscutablement de la personne. Les choses deviennent alors plus claires, plus précises. Plus l'individu est éveillée, plus la relation est riche et intime. C'est dans l'intimité que les mystères se dévoilent, non dans l'anonymat, l'impersonnalisme. On peut spéculer longuement sur la signification d'un poème ou d'un tableau sans obtenir un résultat probant mais si l'auteur en personne vous l'explique, alors le mystère se dévoile.
 
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