Les Ouïghours, un sujet qui divise à l’ONU
54 pays ont salué « positivement les résultats en contre-terrorisme et déradicalisation » de la Chine au Xinjiang quand 23 Etats réclament à Pékin « de respecter ses engagements internationaux » pour la liberté de religion dans cette région où vit la minorité ouïghoure.
Mardi, l’ONU s’est vivement déchirée sur la question des droits de cette population principalement musulmane, une division illustrée par deux communiqués concurrents et totalement opposés et par des conférences de presse improvisées des deux camps.
La confrontation, émaillée d’une vive tension, s’est déroulée au sein de la troisième commission de l’ONU chargée des droits humains, qui multiplie comme chaque année les sessions à ce sujet entre octobre et décembre.
En 2019, l’opposition récurrente entre les Occidentaux et la Chine sur la question du Xinjiang semble cependant avoir franchi un palier à l’ONU avec la volonté affirmée par Pékin de ne plus se laisser critiquer sans réagir.
Parmi les 54 pays ayant soutenu la déclaration du Belarus figurent le Pakistan, la Russie, l’Egypte, la Bolivie, la République démocratique du Congo et la Serbie.
« Nous saluons les remarquables réalisations de la Chine dans le domaine des droits humains avec sa philosophie du développement centré sur l’être humain et sa promotion des droits humains par le développement », souligne le texte du Belarus.
La déclaration britannique, soutenu par les Etats-Unis, l’Allemagne, la Belgique, la France et plusieurs autres pays européens, ainsi que par le Canada, le Japon et la Nouvelle-Zélande, dénonce au contraire les « informations crédibles » sur des « détentions massives, les efforts pour limiter les pratiques culturelles et religieuses, la surveillance massive et disproportionnée visant les Ouïghours ainsi que les violations et abus commis dans la région ouïghoure autonome du Xinjiang ».
– Attentats –
L’ambassadrice des Etats-Unis à l’ONU, Kelly Craft, a déclaré devant les médias que son pays condamnait « la détention arbitraire de plus d’un million de Ouïghours et de groupes minoritaires au Xinjiang ». « Il est absolument indispensable que la Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, puisse se rendre au Xinjiang, que les autorités chinoises lui ouvrent des accès sans restriction à tous les camps de détention, afin de vérifier les informations » qui circulent à ce sujet, selon elle.
En Chine, « nous combattons le terrorisme comme le font des pays en Europe et les Etats-Unis », a rétorqué l’ambassadeur chinois à l’ONU, Zhang Jun. « Cela n’a rien à voir avec une quelconque religion ou des groupes ethniques », a-t-il assuré, en soulignant son incompréhension devant les réactions de Londres et Washington.
Depuis un an, plus d’un millier de personnes, dont des diplomates et des journalistes, ont été invitées par Pékin à se rendre au Xinjiang, a ajouté le diplomate chinois. « La Chine a invité la Commission des droits de l’homme à se rendre en Chine, y compris au Xinjiang » et « nous sommes toujours en attente d’une réponse », a précisé Zhang Jun.
L’ethnie ouïghoure, majoritairement musulmane, constitue la principale population du Xinjiang. Cette vaste région du nord-ouest de la Chine a été frappée pendant des années par des attentats commis par des militants ouïghours et est désormais soumise à un contrôle policier drastique.
– « Loin d’être glorieux » –
Selon des organisations de défense des droits humains, un million de musulmans sont ou ont été détenus dans des camps de rééducation politique au Xinjiang. Pékin conteste ce chiffre et parle de « centres de formation professionnelle » destinés à éloigner la population locale de la tentation de l’extrémisme.
La Chine a fustigé mercredi la déclaration britannique, se félicitant que « ce triste spectacle anti-chinois offert par une poignée de pays occidentaux ait connu un cuisant échec ».
« Les mesures prises par la Chine au Xinjiang ont permis de protéger efficacement les droits fondamentaux des peuples de tous les groupes ethniques et de préserver la sécurité et la stabilité locales », a assuré Geng Shuang, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.
« Tout le monde sait que le bilan de pays comme le Royaume-Uni et les Etats-Unis en matière de droits humains est loin d’être glorieux. Ils ne sont pas qualifiés pour pointer les autres du doigt », a déclaré M. Geng lors d’une conférence de presse.
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