Il est donc nécessaire de recourir à d'autres méthodes. D'essayer, autant que possible, d'étudier ce que les données réelles indiquent. Une première remarque, c'est que depuis les années 70, à partir desquelles la pornographie est devenue de plus en plus accessible, le nombre de viols a diminué de façon spectaculaire (85% de moins). Ce résultat est d'autant plus notable que le degré de sous-déclaration du viol a diminué au cours de cette même période. Néanmoins, une corrélation (plus de porno, moins de viol) ne signifie pas une causalité. Énormément d'autres facteurs ont pu aboutir à la diminution du nombre de viols au cours de cette période (changement des mentalités, augmentation des peines subies pour les crimes sexuels, libération sexuelle, baisse de la consommation d'alcool, etc). Peut-être qu'avec une pornographie moins accessible, la diminution aurait été encore plus grande. Comment savoir?
L'économiste Todd Kendall a essayé de répondre à cette question. Pour cela, il s'est intéressé au facteur qui a récemment grandement facilité l'accès à la pornographie : internet. Internet ne s'est pas diffusé à la même vitesse dans tous les Etats américains au cours de la période qu'il étudie (1998-2003). En comparant le degré de diffusion d'internet et la diminution des viols, il constate que la diminution des viols a été beaucoup plus rapide dans les états à forte diffusion d'internet. Dans son étude, une augmentation de 10% de l'accès à internet correspond à une diminution supplémentaire de 7.3% du nombre de viols. Cet effet reste valide, même en prenant en compte d'autres facteurs explicatifs habituels (alcool, densité urbaine, pauvreté, etc.).
Autre résultat notable : ce résultat est plus marqué pour les jeunes (15-19 ans) ceux qui à l'époque étaient les plus à même d'utiliser l'internet. Que cet effet vaut pour les viols, et pas pour les autres types de crimes. Évidemment, on ne peut pas savoir si cet effet est imputable seulement à la pornographie plus accessible sur internet (même si comme chacun sait, l'internet, c'est pour le porno); mais l'auteur montre que divers éléments vont dans ce sens et qu'en tout cas, cela confirme bien plus l'idée de la pornographie comme substitut à la violence sexuelle que celle de l'incitation. On peut noter que ce résultat correspond à une autre étude, de Dahl et Della Vigna, sur l'impact de la violence cinématographique sur la criminalité.
http://econoclaste.org.free.fr/dotc...sur-internet-augmente-t-il-le-nombre-de-viols