Omar Saghi, sociologue, lors de son pèlerinage à la mecque en 2003 part d'un constat: le
pèlerinage nest pas, comme il le redoutait,un monde essentiellement associé au troisième âge.
Une dichotomie majeure émerge de son étude : les « vieux » et les « jeunes » pèlerins.
Deux catégories qui traduisent surtout deux usages du pèlerinage, deux « arithmétiques du salut », mais aussi deux « générations » qui divergent, ne se comprennent pas et ne se mélangent pas.
Les vieux pèlerins qui font le gros des rangs des quelques 3,5 millions de pèlerins qui se rendent chaque année à la Mecque sinscrivent dans un processus de fin de vie, dhorizon ultime.Traditionnellement, le Pèlerinage est pour eux un rite de passage. Vie active achevée, parfois même divorce, testament et adieu aux proches : il sagit dune destitution du sujet, de désir de mort. Un sentiment tacite gouverne cette logique générationnelle : voir la Mecque et mourir. Et pourquoi pas même : ...et mourir à la Mecque ( porte d'entrée directe au Paradis). En fait on se rend compte que sur place, ces pèlerins sont les plus émerveillés, les plus perdus, les plus illettrés et les plus naïfs, les plus sujets aux angoisses.
La force de l'ouvrage:
Selon lui les jeunes pèlerins d'origine maghrébine, vivant en France, considèrent le pèlerinage comme un bien de consommation qui est sujet à larbitrage économique du jeune pèlerin, au même titre que le « Club Med ou Tahiti », et qui est amené à être reproduit. Ils ne disent pas « Je suis pèlerin » mais « Jai fait x pèlerinages ». Le hajj nest plus un événement, il est intégré dans une périodicité. Il ne sagit plus dun rite de passage, de laccomplissement dune subjectivité, mais de la reproduction dun geste social basé
sur la « performance ».
Simultanément, ils développent, par voie de répétition, un « petit savoir », non érudit mais technique, du hajj. Chacun connaît les « trucs » et « astuces » pour réussir un bon pèlerinage ou séviter certaines souffrances inutiles (souffrance quils valorisent cependant quand elle est liée aux obligations dogmatiques). On peut simplifier lépreuve de la lapidation à Mina, par exemple, en prenant la stèle à revers, en utilisant les « angles morts », plutôt que de samasser avec les « vieux » et risquer de se prendre un jet de pierre sur la tête. Lhabitué du hajj développe et partage ses « combines », à ses yeux indispensables à la réussite du pèlerinage, au même titre que le ferait un ancien du Club Med.
Une étude qui permet de comprendre les motivations des jeunes en quête de pèlerinage.
pèlerinage nest pas, comme il le redoutait,un monde essentiellement associé au troisième âge.
Une dichotomie majeure émerge de son étude : les « vieux » et les « jeunes » pèlerins.
Deux catégories qui traduisent surtout deux usages du pèlerinage, deux « arithmétiques du salut », mais aussi deux « générations » qui divergent, ne se comprennent pas et ne se mélangent pas.
Les vieux pèlerins qui font le gros des rangs des quelques 3,5 millions de pèlerins qui se rendent chaque année à la Mecque sinscrivent dans un processus de fin de vie, dhorizon ultime.Traditionnellement, le Pèlerinage est pour eux un rite de passage. Vie active achevée, parfois même divorce, testament et adieu aux proches : il sagit dune destitution du sujet, de désir de mort. Un sentiment tacite gouverne cette logique générationnelle : voir la Mecque et mourir. Et pourquoi pas même : ...et mourir à la Mecque ( porte d'entrée directe au Paradis). En fait on se rend compte que sur place, ces pèlerins sont les plus émerveillés, les plus perdus, les plus illettrés et les plus naïfs, les plus sujets aux angoisses.
La force de l'ouvrage:
Selon lui les jeunes pèlerins d'origine maghrébine, vivant en France, considèrent le pèlerinage comme un bien de consommation qui est sujet à larbitrage économique du jeune pèlerin, au même titre que le « Club Med ou Tahiti », et qui est amené à être reproduit. Ils ne disent pas « Je suis pèlerin » mais « Jai fait x pèlerinages ». Le hajj nest plus un événement, il est intégré dans une périodicité. Il ne sagit plus dun rite de passage, de laccomplissement dune subjectivité, mais de la reproduction dun geste social basé
sur la « performance ».
Simultanément, ils développent, par voie de répétition, un « petit savoir », non érudit mais technique, du hajj. Chacun connaît les « trucs » et « astuces » pour réussir un bon pèlerinage ou séviter certaines souffrances inutiles (souffrance quils valorisent cependant quand elle est liée aux obligations dogmatiques). On peut simplifier lépreuve de la lapidation à Mina, par exemple, en prenant la stèle à revers, en utilisant les « angles morts », plutôt que de samasser avec les « vieux » et risquer de se prendre un jet de pierre sur la tête. Lhabitué du hajj développe et partage ses « combines », à ses yeux indispensables à la réussite du pèlerinage, au même titre que le ferait un ancien du Club Med.
Une étude qui permet de comprendre les motivations des jeunes en quête de pèlerinage.