Projet sioniste de « grands Israël » et de « troisième temple »
Charles Enderlin, correspondant de France 2 en Israël, livre un documentaire nécessaire pour comprendre ce qui s'y passe aujourd'hui. A découvrir en avant-première sur Télérama.fr, avant sa diffusion sur France 2.
La diffusion du documentaire est désormais terminée.
Deux ans déjà que Charles Enderlin, chef du bureau de France 2 à Jérusalem, a écrits un livre magistral, Au nom du temple, dans lequel il analysait l'« irrésistible ascension du messianisme juif », qui a engendré la colonisation de la Judée et Samarie biblique. De ce livre, il a tiré un documentaire que la chaîne programme le 31 mars 2015, à 23h40 et que nous diffusons ici an avant-première jusqu'au 31 mars à 10h00. Une formidable occasion de comprendre, dix jours après les élections israéliennes, les raisons de la quatrième Victoire de Benyamin Netanyahou.
En une heure trente d’archives et de témoignages recueillis auprès des artisans du « Grand Israël », Charles Enderlin qui ne s'écarte jamais de son rôle d'observateur sans concessions de la société israélienne, raconte quatre décennies d’une dérive nationaliste et religieuse. Il commence par rappeler qu'en 1967, le général Moshe Dayan, héros de la guerre des Six Jours, avait senti le danger : pas plus qu'il n'était pour lui imaginable de coloniser la Cisjordanie, il n'était question de s’installer sur l’Esplanade des mosquées, où les musulmans prient depuis mille trois cents ans : les Juifs devraient se contenter du Mur des lamentations. Mais une vision messianique du sionisme a pris corps à Jérusalem, propagée par le grand rabbin HaCohen Kook et son fils Yéhuda, dont les élèves vont créer le Gush Emunim (Le Bloc de la foi), fer de lance de la colonisation en Cisjordanie (Judée Samarie de la Bible).
Le succès des colons religieux n’aurait pas été possible, montre Enderlin, sans le soutien des leaders successifs de la droite nationaliste, Menahem Begin, Ariel Sharon, puis Benyamin Netanyahou. Aux crimes des premiers (massacre à Hébron, meurtre de Yitzhak Rabin…) répondent les provocations des seconds (Sharon sur l’Esplanade des mosquées, Netanyahou et l’affaire du tunnel), le tout favorisant la montée du Hamas et du terrorisme palestinien.
L’historien Zeev Sternhell parle d’un « cancer que nous avons refusé de voir ». Aujourd’hui, comme le dit un responsable triomphant des « implantations », « la solution à deux États n’existe plus ». Reste a finir le travail : reconstruire le temple, donc détruire les mosquées. Des illuminés ont déjà les plans, ainsi qu’un musée des ustensiles du temple, et ils cherchent une vache rousse dont les cendres purifieront les prêtres. Ils sont, certes, minoritaires. Mais un sondage révèle que 51 % de la population israélienne croit que le Messie viendra. La politique parviendra-t-elle à reprendre le pas sur le religieux ? Charles Enderlin aimerait encore vouloir le croire.
Un ministre “feuille de vigne”
Où en est Benyamin Netanyahou dans la formation de son gouvernement ?
Les discussions viennent à peine de commencer. Untel veut ceci, l'autre cela. Traditionnellement, en Israël, il faut toujours compter plusieurs semaines pour la formation d'une coalition. Les commentateurs disent que Netanyahou va chercher un ministre « euille de vigne . Il sait en effet que son gouvernement, qui sera composé de députés de droite, d'extrême droite, et de religieux orthodoxes, sera assez mal vu à l'étranger. Donc il a besoin de quelqu'un qui puis,se parler aux Américains et aux Européens, et qui ne vienne pas d'une droite nationaliste ou du sionisme religieux, tous deux annexionnistes. ,Pour l'instant, il n'a pas trouvé. Durant son avant-dernier mandate en 2009, il avait fait entrer au gouvernement le travailliste Ehud Barak qui avait d'ailleurs ensuite quité le parti travailliste. Et lors de son dernier mandat, il avait fait entrer Tzipi Livni, modérée, qui avait lancé des négociations avec les Palestiniens.
Sa coalition sera-t-elle forcément tournée vers l'extrême droite et les religieux ?
Non, bien qu'il ne soit pour l'instant pas question d'une alliance avec le centre gauche de l'Union sioniste, cela reste une éventualité, s'il n'arrive pas à trouver une alliance sur sa droite au bout de plusieurs semaines. Naftali Bennet, de la Maison juive, le parti des colons, veut un grand ministère, comme celui des Affaires étrangères ou de l'éducation. Mais la perspective de Naftali Bennet à la tête d'un ministère de l'éducation constituerait un choc pour la gauche israélienne, sachant que le précédent ministre de l'éducation, du Likoud, organisait tout de même des excursions dans les colonies, notamment à Hébron…
Dans au nom du temple, vous montrez l'irrésistible ascension des religieux messianiques et de la droite nationaliste. Pourtant, dans sa victoire inattendue du 17 mars, Benyamin Netanyahou semble bien avoir mordu sur les partis d'extrême droite, la Maison juive de Naftali Bennett et Israël notre maison de Avigdor Liberman ?
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