Anouar Malek, observateur démissionnaire de la Ligue arabe
Un observateur de la Ligue arabe témoigne
Par Boris Mabillard
Un des observateurs de la Ligue arabe en Syrie témoigne après avoir démissionné Après avoir démissionné, lAlgérien Anouar Malek raconte les dysfonctionnements de la mission et les pressions quil a subies sur le terrain. Un premier rapport des observateurs est attendu jeudi
Depuis le 27 décembre, les observateurs de la Ligue arabe arpentent les lieux de la contestation en Syrie. Ce jeudi, après un mois de travail, ils rendront leur premier rapport. Les membres de la Ligue se réuniront ensuite au Caire, samedi, pour discuter des suites à donner alors quenfle la polémique sur la pertinence de la mission. Faut-il renouveler le mandat? Devançant la publication du rapport, lémir du Qatar a parlé le 14 janvier déchec et a proposé une intervention armée. LAlgérien Anouar Malek faisait partie du premier contingent dobservateurs envoyés sur le terrain. Mais après avoir patrouillé dans Homs, où la révolte fait rage, il démissionne bruyamment. Il a accepté pour Le Temps de revenir sur les dysfonctionnements de cette mission.
Anouar Malek réside en France depuis 2006, où il bénéficie du statut de réfugié politique. Ecrivain et journaliste, il sintéresse aux droits de lhomme et à la politique en Algérie. Une ONG le contacte: la Commission arabe pour les droits humains, basée à Paris, est mandatée pour participer à la mission de la Ligue arabe. A la recherche de personnes prêtes à se rendre sans délai en Syrie, pour une durée dun mois, elle sollicite Anouar Malek qui accepte aussitôt. En deux semaines tout est réglé. Le voilà donc au Caire, au siège de la Ligue pour un briefing, puis à Damas, où il débarque le 26 décembre.
La mission fait partie dun plan de sortie de crise en cinq points agréé dans un premier temps par les autorités syriennes, mais jamais officiellement ratifié ni appliqué. Ce plan stipule la libération des prisonniers incarcérés depuis le début de la contestation, le retour de larmée dans ses casernes, la fin des violences et laccès du territoire aux médias. Enfin, pour apprécier lapplication des points précédents, lenvoi dobservateurs. Sur les 500 initialement prévus, environ 160 se sont à ce jour rendus en Syrie.
«Au Caire, Nabil al-Arabi, le secrétaire général de la Ligue nous donne les grandes lignes de notre travail. Une liste nous est distribuée. Jy découvre les noms des autres observateurs: il y a des Soudanais, des Tunisiens, des militaires algériens, presque tous sont envoyés par leur gouvernement respectif. Nous ne sommes que six de lONG française.» Il justifie son engagement: «Je ne suis pas parti pour largent, 140 dollars par jour, mais pour me rendre utile, aider les populations civiles et contribuer à une solution diplomatique.»
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