Toutes réserves faites, on peut estimer le nombre de chrétiens dorigine musulmane à un millier en Tunisie, à 8000 au Maroc où ils bénéficient de la tolérance du Roi et entre 30.000 et 100.000 en Algérie où il a pu être écrit (mais cela paraît très exagéré) quà Tizi-Ouzou 30% de la population fréquenterait une église. Je prvilégierais pour ma part l'hypothèse basse. Mais 30.000 convertis ce n'est pas rien tout de même, surtout quand l'on sait que durant tout le temps de la colonisation ce nombre n'a jamais été atteint ce qui, soit dit en passant, explique l'absence de métissage en Algérie que l'on a mise sur le compte du racisme des Pieds-Noirs, alors que la raison essentielle en fut l'interdiction faite aux musulmans d'épouser quelqu'un d'une autre confession que la leur. Le phénomène interpelle donc par son ampleur. Les adversaires des chrétiens l'on stigmatisé en faisant des convertis les successeurs des Harkis, des partisans du Hizb Fança, le soi disant parti de la France qui continuerait de tirer les ficelles en Algérie ou en les saccusant de vendre leur âme pour le prix d'un visa. Il suffit pourtant de se promener sur le web de la planète berbère pour se rendre compte que le mouvement est une véritable lame de fond qui obéit à des motivations profondes venues de l'histoire et se conjugue avec la nostalgie d'un âge dor de lAfrique du Nord qui a donné plusieurs empereurs à Rome et quatre papes, de nombreux saints et martyres, dillustres théologiens à lEglise. Cette volonté de retour aux sources explique que de nombreux Kabyles non croyants ou athées soutiennent le mouvement considérant que linvasion arabe na été quune forme de colonialisme qui les a coupés de leurs racines et qui les prive aujourdhui encore de leur langue et de leur culture. Il faut dire quavant de devenir la pointe occidentale avancée du monde arabo-musulman, lAfrique du Nord était parfaitement intégrée au monde chrétien. On lignore trop souvent mais le christianisme nord africain a constitué lune des communautés les mieux structurées et les plus puissantes du monde chrétien. Les premières communautés chrétiennes y sont recensées à partir du IIème siècle. Cest à la même période que naît le siège épiscopal dAlger, soit trois siècles avant la naissance de Mahomet. A la fin du deuxième siècle les Berbères exerçaient une influence considérable sur les affaires du monde, deux dentre eux, lempereur Septime Sévère et le pape Victor Ier régnant alors à Rome. On estime que vers 256 lAfrique du nord comptait plus dune centaine dévêques alors que la Gaulle navait que de rares sièges épiscopaux. Près dun siècle après le premier synode de Carthage qui, en 220, réunissait 70 évêques, le concile dArles,en 314, ne regroupait que 16 Eglises gauloises. Au IVème siècle, Saint Augustin, né à Thagaste (Souk Arras, dans lest de lAlgérie) deviendra lun des Pères de lEglise les plus fameux, celui, sans doute, qui, après Paul, fut la personne ayant le plus contribué au développement du christianisme. Il est devenu aujourdhui létendard des convertis Algériens. La conquête de lAlgérie par les Arabes commença en 647 et, malgré la farouche résistance des Berbères sous la conduite du prince chrétien Koceila et de la Kahéna, elle s'acheva en 702. En 770, la dynastie Idrisside qui contrôlait toute lAfrique du Nord entreprit la destruction de léglise catholique et les dernières communautés chrétiennes berbères séteignirent à la fin du 11ème siècle. Mais, dans certaines régions berbères, les femmes ont continué tout au long des siècles à se faire tatouer une croix sur le menton et la représentation dun poisson, signe distinctif des chrétiens des premiers temps, figure toujours sur le seuil des maisons dans certaines campagnes berbères comme le pays khroumir enTunisie.
Lexistence de ces communautés pacifiques et la relative tolérance dont elles font lobjet de la part des autorités sont un signe fort des progrès de la démocratie en Afrique du Nord. Mais les jeux ne sont pas faits pour autant. En Algérie notamment, des lois restrictives seraient en préparation. Les démocrates et les défenseurs des droits de lhomme doivent rester vigilants. En attendant je vous invite à mieux connaître ceux qui se considèrent comme les descendants des victimes de la colonisation arabo-musulmane en allant sur leurs sites