Nafissatou Diallo aux deux visages
| 01.07.11 | 11h49
Au cur de Harlem, surtout, au Café 2115, le restaurant africain du boulevard Frederick-Douglass. Mme Diallo y avait ses habitudes et le patron Blake Diallo, a aussitôt attiré l'attention autour de lui, à coups de conférences de presse, en se présentant comme le "frère" de la victime présumée. Il était apparu fatigué, éprouvé. Il disait : "Ma sur travaille dur, c'est une bonne musulmane et n'est pas du tout le genre à attaquer un homme. Elle ne se sent pas bien, elle est très fatiguée, elle a peur et envie de pleurer tout le temps."
Il assurait que sa sur l'avait appelé en milieu d'après-midi de l'hôpital où les policiers l'avaient amenée après avoir recueilli son premier témoignage. A ses dires, Nafissatou, encore sous le choc et pleurant abondamment, aurait commencé par ces termes : "Un homme a essayé de me faire quelque chose de très mal." Il récusait toute idée de machination dont sa sur aurait été l'instrument : au moment des faits, "elle ne savait pas qui était Dominique Strauss-Kahn ; c'est moi qui le lui ai expliqué".
Au gré de la gaffe d'un proche, dans le café, Le Monde apprend peu après que Blake Diallo n'est pas guinéen, comme sa supposée sur, mais sénégalais. Et qu'il n'est d'ailleurs, pas son frère, mais son ami, voire son petit ami. Interrogé par la suite, M. Diallo s'est expliqué laborieusement : "J'ai dit ma sur, parce qu'en Afrique, nous nous appelons tous frère et sur "
C'est le premier élément d'incohérence qui est apparu dans l'affaire. Les seuls autres éléments susceptibles de mettre en cause la victime avaient été des rumeurs relayées dans le tabloïd New York Post, très proche des milieux policiers mais peu réputé pour sa rigueur, selon lesquelles la femme de chambre aurait demandé expressément à ses supérieurs, à l'occasion de l'absence d'une consoeur, à nettoyer l'étage des VIP, dont la suite 2806 qu'occupait M. Strauss-Kahn. Elle n'était pas étrangère à toute information dans la mesure où elle était syndiquée et où des photos des personnalités importantes étaient parfois affichées dans le vestiaire des femmes de chambre, au sous-sol de l'hôtel. Dernier indice : le retrait non expliqué des avocats initialement choisis par la victime présumée, Jeffrey Shapiro et Norman Siegel, au profit du très médiatique Kenneth Thompson, qui a voulu faire de l'affaire celle de "toutes les femmes violées dans le monde", et des riches et des puissants contre les pauvres et les sans-voix.
Les employeurs de Mme Diallo et les personnes qui la fréquentaient répétaient, de leur côté, des phrases prudemment apprises : "Une fille très grande, très gentille, très respectable, bonne musulmane". Des voisins la disent discrète et effacée, modestement habillée, avec des chaussures sans talon et un foulard sur les cheveux. Le directeur du Sofitel, Jorge Tito, a fait savoir dans un communiqué qu'elle avait "donné entière satisfaction, tant en ce qui concerne la qualité de son travail que son comportement". C'est lui qui, après avoir écouté le récit de la femme de chambre après l'agression présumée, a alerté le New York Police Department.
| 01.07.11 | 11h49
Au cur de Harlem, surtout, au Café 2115, le restaurant africain du boulevard Frederick-Douglass. Mme Diallo y avait ses habitudes et le patron Blake Diallo, a aussitôt attiré l'attention autour de lui, à coups de conférences de presse, en se présentant comme le "frère" de la victime présumée. Il était apparu fatigué, éprouvé. Il disait : "Ma sur travaille dur, c'est une bonne musulmane et n'est pas du tout le genre à attaquer un homme. Elle ne se sent pas bien, elle est très fatiguée, elle a peur et envie de pleurer tout le temps."
Il assurait que sa sur l'avait appelé en milieu d'après-midi de l'hôpital où les policiers l'avaient amenée après avoir recueilli son premier témoignage. A ses dires, Nafissatou, encore sous le choc et pleurant abondamment, aurait commencé par ces termes : "Un homme a essayé de me faire quelque chose de très mal." Il récusait toute idée de machination dont sa sur aurait été l'instrument : au moment des faits, "elle ne savait pas qui était Dominique Strauss-Kahn ; c'est moi qui le lui ai expliqué".
Au gré de la gaffe d'un proche, dans le café, Le Monde apprend peu après que Blake Diallo n'est pas guinéen, comme sa supposée sur, mais sénégalais. Et qu'il n'est d'ailleurs, pas son frère, mais son ami, voire son petit ami. Interrogé par la suite, M. Diallo s'est expliqué laborieusement : "J'ai dit ma sur, parce qu'en Afrique, nous nous appelons tous frère et sur "
C'est le premier élément d'incohérence qui est apparu dans l'affaire. Les seuls autres éléments susceptibles de mettre en cause la victime avaient été des rumeurs relayées dans le tabloïd New York Post, très proche des milieux policiers mais peu réputé pour sa rigueur, selon lesquelles la femme de chambre aurait demandé expressément à ses supérieurs, à l'occasion de l'absence d'une consoeur, à nettoyer l'étage des VIP, dont la suite 2806 qu'occupait M. Strauss-Kahn. Elle n'était pas étrangère à toute information dans la mesure où elle était syndiquée et où des photos des personnalités importantes étaient parfois affichées dans le vestiaire des femmes de chambre, au sous-sol de l'hôtel. Dernier indice : le retrait non expliqué des avocats initialement choisis par la victime présumée, Jeffrey Shapiro et Norman Siegel, au profit du très médiatique Kenneth Thompson, qui a voulu faire de l'affaire celle de "toutes les femmes violées dans le monde", et des riches et des puissants contre les pauvres et les sans-voix.
Les employeurs de Mme Diallo et les personnes qui la fréquentaient répétaient, de leur côté, des phrases prudemment apprises : "Une fille très grande, très gentille, très respectable, bonne musulmane". Des voisins la disent discrète et effacée, modestement habillée, avec des chaussures sans talon et un foulard sur les cheveux. Le directeur du Sofitel, Jorge Tito, a fait savoir dans un communiqué qu'elle avait "donné entière satisfaction, tant en ce qui concerne la qualité de son travail que son comportement". C'est lui qui, après avoir écouté le récit de la femme de chambre après l'agression présumée, a alerté le New York Police Department.