Voila des éléments pour dire la maîtrise militaire de l'état major Egyptien.
Stratégiquement, ils sont bien supérieur à l'EM israélien
http://reflexionstrategique.blogspot.com/2007/10/la-guerre-israelo-arabe-doctobre-1973.html
1. La surprise.
Ce qui frappe lorsquon prend connaissance des événements de ce conflit bref mais intense, cest en premier lemploi efficace de la surprise par les planificateurs égyptiens et, plus important encore, la rémanence de celle-ci. En effet, on croit généralement que la surprise dans la guerre est instantanée et, finalement, ne dure que linstant de laction. Or, la surprise tactique, pour être réellement efficace et déstabiliser durablement ladversaire, doit se poursuivre dans le temps et ne pas se limiter à un coup. Comme le note magistralement le colonel Yakovleff dans son ouvrage « Tactique Théorique » : « le plus important dans la surprise, ce nest pas le fait, cest la durée deffet, ce que lon peut appeler la rémanence de la surprise ». Jajouterai modestement, dans le cas de ce conflit, que la surprise a porté sur différents aspects du combat et non pas seulement sur la surprise tactique initiale du moment de lattaque. Il y eut, en fait, quatre (mauvaises) surprises pour les Israéliens :
- Première surprise : le moment de lattaque initiale. En ce domaine, les Egyptiens, largement instruits par le tuteur soviétique, ont parfaitement réussi leur coup. Employant magistralement la déception en multipliant les alertes et en maintenant le camp den face dans un état de tension permanente qui, avec le temps et les fausses alertes, a contribué à endormir quelque peu la vigilance israélienne, ils ont, en fait, appliqué à la guerre la fameuse histoire du petit berger qui crie au loup : à la fin, lorsque le loup vient vraiment, plus personne ne veut le croire. Cest ainsi que ce que les Israéliens ont pris pour une énième fausse alerte sest avérée être la bonne et le début de la guerre.
- Deuxième surprise : le franchissement rapide de la berne de sable. Après la conquête du Sinaï en 1956, les troupes des deux camps sétaient retranchées chacune dun côté du canal de Suez, les Israéliens construisant une ligne fortifiée (la ligne Bar Lev) et élevant une immense berne de sable servant à la fois à les protéger des coups directs des égyptiens et faisant office de barrière antichar supposée infranchissable. Les européens de louest ont pu, dans leur histoire, constater douloureusement lefficacité des lignes fortifiés et des obstacles supposés « infranchissables » face à un adversaire motivé et inventif. La berne na pas fait exception à la règle : le sable a été tout simplement lessivé par des bateaux pompe utilisant des lances à haute pression. Et cest ainsi quà la grande consternation des Israéliens, les égyptiens, dés le premier jour de la bataille, ont pu franchir le canal.
- Troisième surprise : le refus dexploiter la percée. En toute bonne logique, lEtat hébreu sattendait à ce que les troupes égyptiennes, une fois la ligne Bar Lev percée, poursuivent leur avantage et poussent vers lintérieur des terres ce qui les aurait placée en dehors de leur parapluie de missiles antiaériens. Au contraire, ils vont se retrancher aussitôt le canal franchit et leurs têtes de pont assurées et attendre de pied ferme les contre attaques israéliennes, attitude qui entraînera la surprise suivante.
- Quatrième surprise : les missiles mettent en échec les tactiques aéroblindées israéliennes. Les égyptiens ont appris à connaître leur ennemi et savent que ces derniers sappuient sur de fortes concentrations de blindés attaquant sous le couvert dune aviation omniprésente et assurant lappui feu rapproché. Mais les soviétiques ont fourni à leur allié quantité de roquettes et de missiles sol-sol (Sagger, RPG) et sol-air (SA-2, SA-3, SA-6, SA-7), en sus de laviation et des blindés de tous types. Fonçant sur des égyptiens bien retranchés et qui les attendent de pied ferme sous un parapluie antiaérien conséquent, la première tentative de contre offensive (le 8 octobre, 2 jours après le déclenchement de lattaque arabe) est un échec préoccupant pour Tsahal.
On le voit, dans les premiers jours de la bataille sur le front sud, larmée israélienne va de déconvenues en échecs. Pour autant, lissue finale de cette guerre leur sera favorable. Comment expliquer que cet effet de surprise initial réussi, facteur essentiel de la victoire sil en est, nait pas provoqué la victoire égyptienne ? Pour reprendre la terminologie employée par Yakovleff, ces derniers ont réussi la surprise tactique et, dans une moindre mesure, la surprise décisive (en obligeant les israéliens à modifier radicalement et dans lurgence les plans davant-guerre) mais ont échoué à imposer la surprise morale qui anéantie et tétanise toute volonté de riposte efficace chez ladversaire. On peut penser quIsraël, de par sa spécificité nationale (la lutte pour la survie érigée comme doctrine suprême), ne pouvait être atteinte sur ce point. La défaite signifiant rien de moins, dans lesprit de la nation israélienne, que la destruction totale de leur pays, cette option ne pouvait tout simplement pas être envisagée.